Retour sur la Matinée “Souveraineté et Confiance Numérique” organisée le 22 octobre 2025 au Cercle des Armées à Paris.

Pour la première fois, Orange Business et Orange Cyberdefense ont organisé une matinée dédiée aux enjeux stratégiques de souveraineté et de résilience numériques en Europe. L’événement, qui a rassemblé plus de 250 personnes au Cercle National des Armées à Paris, a convié grands industriels français et décideurs institutionnels à partager leurs visions, en présence de Thomas Courbe, Directeur général des entreprises. Un événement qui s’est conclu par l’intervention de Christel Heydemann, Directrice Générale du Groupe Orange.

Compétitivité et autonomie stratégique en phase de perma-crises

Tensions géopolitiques, changement climatique, crise énergétique, dépendances aux acteurs non européens… L’économie mondiale évolue désormais dans un état de “perma-crises” alors que l’Europe reste technologiquement très dépendante des acteurs extérieurs. Dans ce contexte, comment concilier compétitivité, souveraineté et innovation ?

Une carte des risques en perpétuel mouvement

Pour Vincent Champain, directeur exécutif digital et des systèmes d’information du Groupe Framatome, leader mondial de l’énergie nucléaire : « la carte des risques est nouvelle et bouge en permanence ». La continuité d’activité devient un enjeu stratégique, dans un contexte où même les alliances historiques ne garantissent plus la protection des flux numériques.

Pour bon nombre d'entreprises ou de collectivités territoriales, la menace cyber est une préoccupation majeure car elle touche leur propre écosystème : partenaires, fournisseurs, prestataires, tous les maillons de la chaîne industrielle sont la cible d’actes malveillants. D’après le rapport du ministère de l’Intérieur, 348 000 atteintes numériques ont été enregistrées en 2024, soit une hausse de 74 % sur 5 ans.

Orange Cyberdefense confirme de son côté une nette évolution des typologies de menaces : montée de l’hacktivisme, multiplication des attaques ciblant les PME, et émergence d’IA malveillantes capables d’automatiser les intrusions et le phishing, comme l’a rappelé Hugues Foulon, Directeur Général d'Orange Cyberdefense.

Chaîne de valeur industrielle : cible favorite des cyber attaquants

« Avec plus de 2 500 sites de toute taille dans le monde, nous avons le devoir de garantir un bon maillage des communications et d’assurer la sécurité des flux. C’est très important car nous suivons plus de 2 millions de patients chaque jour dans le monde. », précise François Abrial, directeur de la transformation et de l’intelligence artificielle chez Air Liquide, groupe mondial présent dans 70 pays et acteur d’importance vitale pour la France dans nombre de secteurs dont la santé.

Hyperconnectés, les systèmes d’information au sein d’écosystèmes industriels deviennent le maillon faible. Chez Naval Group, groupe de défense leader dans la construction de sous-marins nucléaires, la souveraineté industrielle est indissociable de la sécurité numérique. 
« La force d’une supply chain, c’est la force de son maillon le plus faible. Nous avons besoin d’une chaîne duale, résiliente, y compris dans le cyber », souligne Pierre-Éric Pommellet, PDG de Naval Group.

Sécurité numérique maximale également pour le groupe SAUR, opérateur distributeur d’eau potable pour 20 millions de personnes en France et dans le reste du monde : « L’eau est un sujet hautement sensible. Nous sommes très vigilants face aux menaces cyber mais aussi aux risques de sabotage ou de terrorisme sur nos infrastructures », précise Rony Bejjani, directeur des systèmes d’information du groupe.

Chez Framatome, la lutte contre la menace cyber est une responsabilité partagée par toute l’entreprise : « Il faut constamment identifier les maillons faibles, analyser les risques, et faire en sorte que les maillons vulnérables ne soient plus seulement la responsabilité de l’équipe IT, mais du côté de l’équipe protection ou de la compliance, comme c’est le cas chez nous », précise Vincent Champain.

Entre innovation et sécurité en Europe, la confiance numérique à l’épreuve de l’IA

Cette approche de la résilience industrielle pose le sujet des dépendances avec les partenaires technologiques. Pour nombre d’acteurs industriels, l’autonomie stratégique passe par une cartographie fine des solutions technologiques en identifiant leur degré de criticité.

« Pour nous, l’autonomie stratégique, c’est la capacité à développer, exploiter et maîtriser nos systèmes critiques sans dépendance excessive », confirme Olivier Biton, directeur de la transformation technologique du Crédit Agricole SA. 

Pour asseoir sa résilience, le groupe Air Liquide a choisi une approche pragmatique : une architecture duale, capable de basculer en cas de crise : « Nous avons développé nos propres systèmes ERP et CRM dans certaines zones pour assurer notre indépendance. », confie François Abrial, directeur de la transformation et de l’intelligence artificielle du Groupe.

Pour Naval Group, acteur souverain par excellence, l’autonomie n’est pas négociable, elle est prioritaire à tous les niveaux, y compris dans les systèmes numériques : « Nous mettons sur un même plan la sûreté de nos navires, la sécurité de nos hommes et la confidentialité des données », affirme Pierre-Éric Pommellet.

Aliette Mousnier-Lompré, Directrice Générale d’Orange Business, a rappelé la définition de la confiance numérique qui est la capacité à exploiter les technologies numériques avec la certitude qu’elles sont sécurisées, fiables, résilientes, et compatibles avec les exigences règlementaires. Le cœur de la mission d’Orange Business, c’est accompagner ses clients dans leur résilience, en garantissant à la fois la sécurité et la confiance numérique, pour contribuer à leur compétitivité.

“Pour nous, qui sommes un opérateur global et local, il est très important d’assurer notre indépendance technologique sans construire des barricades, sans nous couper du reste du monde”, précise Aliette Mousnier-Lompré.

La stratégie de résilience d’Orange Business repose sur plusieurs axes concrets : « le premier est d’investir dans les infrastructures numériques, pour avoir des points de contrôle clefs dans la chaîne de valeur et en assurer la sécurité. Nous investissons dans notre backbone mondial, terrestre et sous-marin, et dans un réseau quantique en Ile-de-France », souligne Aliette Mousnier-Lompré.

Des investissements qui servent autant la mission du Groupe que ses clients et partenaires.

Orange a aussi fléché ses investissements stratégiques vers les activités Cloud : c’est le cas de BLEU, une société 100% française co-détenue avec CapGemini. Elle offrira Microsoft 365 et une large gamme de services Microsoft Azure, dans un environnement de « Cloud de Confiance » qui vise la qualification SecNumCloud 3.2 délivrée par l'ANSSI, comme le rappelle Anne-Marie Thiollet, directrice adjointe Produits & Marketing d’Orange Business.

La solution Cloud Avenue SecNum, l’offre de cloud privé d’Orange Business hébergée dans ses datacenters à Grenoble, a quant à elle récemment obtenu la qualification SecNumCloud sur ses environnements IaaS mutualisés et dédiés.

Enfin, les clients peuvent compter sur l’offre Evolution Platform, une offre maîtrisée de services Cloud, de connectivité, de sécurité et d’intégration numérique.

Aliette Mousnier-Lompré insiste par ailleurs sur l’expertise et la transparence, pour accompagner les acteurs économiques, notamment dans la complexité des régulations européennes : “Nous aidons nos clients en fournissant nos grilles d'expertise et d’analyses sur des enjeux comme la localisation des données, la fiabilité, ou les modèles opérationnels”.

Enfin, le Groupe Orange a engagé de nombreux partenariats pour renforcer sa position de leader de l’écosystème d’innovation européen : Mistral AI, BlueMind, Lighton, CrossCall ou Ekinops.

Le défi de l’intelligence artificielle

Un autre défi attend l’Europe et les acteurs de l'innovation : la révolution de l’intelligence artificielle, avec ses énormes potentiels mais aussi des menaces qui pèsent en termes de sécurité. Hugues Foulon d’Orange Cyberdefense rappelle que 66 % des entreprises sont aujourd’hui confrontées à des cybermenaces impliquant l’IA. Mais cette technologie est aussi un allié de la cybersécurité : « 95 % de la détection d’incidents passe déjà par l’automatisation », ajoute-t-il, citant notamment les outils développés avec la startup française Qevlar AI.

Alors que l’intelligence artificielle s’impose dans tous les secteurs, les entreprises européennes cherchent encore à concilier innovation, souveraineté et sécurité. Comment créer de la valeur sur les outils IA, en misant sur la confiance numérique ? 

“L’IA s’inscrit dans un continuum : infrastructures de calcul, de cloud et données. La confiance doit reposer sur une quadruple maîtrise : la sécurité numérique, la maîtrise des dépendances à l’égard de son fournisseur, la maîtrise des données à l’égard de législations extraterritoriales, et la maîtrise de l’empreinte environnementale”, note Henri d’Agrain du Cigref.

Là encore, la nécessité de faire grandir les futurs champions de l’IA fait l’unanimité, car il est question d'accompagner cette révolution sur des fondamentaux souverains.

Résilience et confiance, au service d’un engagement pérenne

Mais comment gérer concrètement sa résilience dans ce contexte de multi crises, là où la connectivité et la cyber-sécurité sont essentielles dans l’économie numérique ? La mission d’Orange est d’aider ses clients et partenaires dans cette voie, une mission qui repose sur trois piliers fondamentaux : la diversité des technologies de connectivité, les process et l’engagement des collaborateurs d’Orange, et les compétences cyber en s'appuyant sur celles d’Orange Cyberdefense.

Pouvoir compter sur des solutions de connectivité diversifiées, c’est affronter des situations inattendues et parfois extrêmes. Anne-Marie Thiollet, directrice adjointe Produits & Marketing d’Orange Business le rappelle : « Il y a 5 ans, nous avons subi des inondations catastrophiques dans la Vallée de La Roya. Orange Business est parvenu à raccorder l’hôpital de la région privé de réseau grâce à une solution satellite. Cette solution, la Safety Case, permet de raccorder des sites isolés de façon autonome et avec des solutions embarquées satellite et mobile. Pour cette offre, nous avons renforcé notre partenariat avec Eutelsat et OneWeb, deux partenaires européens ».

Pour Orange Business, la mise en place de process spécifiques de continuité d’activité est une réalité qui fait ses preuves : « Pendant la crise du COVID, nous avons accompagné nos clients qui n'avaient pas prévu de solution de télétravail. Orange a multiplié par sept le nombre d'utilisateurs connectés à distance en l'espace de quelques jours. » indique Anne-Marie Thiollet. Pour les Jeux olympiques de Paris 2024 : « Orange a été le seul opérateur à fournir toute la connectivité pour les organisateurs et les services d’urgence grâce à un réseau mobile dédié. Nous l’avons fait avec trois partenaires européens : l’un pour l'infrastructure, l’autre pour les communications en temps réel (solution “push to talk”), et le dernier pour les terminaux », rappelle-t-elle.

Enfin, la sécurité est essentielle pour remplir sa mission d’opérateur résilient : tous les produits Orange Business sont secure-by-design, et les offres de connectivité embarquent par défaut de la protection DDOS.

L’innovation européenne comme clé

Comment faire de l’autonomie et de la souveraineté un enjeu de compétitivité ? Comment participer et contribuer à renforcer l’innovation en Europe ?

La réponse des industriels est unanime : il est urgent de faire naître et grandir les champions du numérique européens. Il s'agit même d’appeler à un réveil collectif européen par le soutien et l'investissement à l’innovation.

Ted Marx, directeur des affaires numériques à la Caisse des Dépôts, défend une approche réaliste par étapes : « L’Europe doit bâtir des interdépendances choisies et une Stack d’infrastructures partagée. L’enjeu est de créer nos champions européens et de leur donner la taille critique pour exister. »

« Nous concevons tous nos logiciels en France et en Belgique », explique Philippe Moulin, PDG par intérim d’Ekinops, partenaire d’Orange spécialisé dans les équipements réseaux.

Vincent Champain de Framatome partage cette vision d’une stratégie industrielle ouverte, fondée sur l’innovation et la coopération avec des partenaires européens : « Je crois à une stratégie qui conjugue souveraineté et interconnexion. »

Pour François Abrial d’Air Liquide, la réponse passe aussi par des choix forts et assumés : « Notre recherche avancée est essentiellement basée en France », précise-t-il.

Pierre-Éric Pommellet de Naval Group est confiant sur les capacités de l’Europe : « Nous fabriquons aujourd’hui en France des sous-marins nucléaires à un rythme quasi équivalent à celui des Américains. Cela montre bien que nous avons compensé leur avantage industriel par notre capacité d’innovation. Il faut croire en nous. Quand on innove, quand on met de l’intelligence humaine, on y arrive », assure-t-il.

« Optimistes et activistes de l’Europe »

En conclusion des échanges, Christel Heydemann, la Directrice Générale du Groupe Orange a insisté sur la confiance, qui est au cœur du métier d’Orange — essentielle dans les relations avec les clients, les entreprises et les États, surtout dans un contexte géopolitique instable où la technologie devient un enjeu de puissance. « La confiance n’a jamais été aussi importante dans notre métier. » La cybersécurité et la formation sont des enjeux essentiels pour le Groupe : protéger les infrastructures, développer les compétences internes, accompagner le développement des nouvelles technologies et notamment l’IA. « Nous avons le devoir de nous protéger, pour vous protéger » en s’adressant aux décideurs.

Christel Heydemann parle du rôle d’Orange comme un rôle d'activiste pour l'Europe, en consolidant ses opérations, en soutenant l’innovation européenne, en œuvrant à établir des rapports de force plus positifs pour l’Europe pour créer de véritables champions. « L’Europe ne pourra pas résister si elle ne crée pas ses propres champions ». 

La Directrice Générale résume sa définition de la souveraineté avec quatre mots : 

« Le Contrôle par la maîtrise de nos infrastructures : Orange est l’un des rares opérateurs propriétaires d’une grande partie de ses infrastructures. Le Choix dans nos propres fournisseurs, dans le sourcing de nos partenaires pour proposer des options fiables et solides à nos clients et aider à l’émergence de partenaires technologiques. C’est aussi celui des Compétences : quel que soit l’outil, il faut de l’humain pour comprendre, pour arbitrer, pour piloter. C’est important de développer les savoirs-faires et d’avoir les meilleurs experts. Et enfin, le dernier C, celui qui s’applique tout particulièrement à notre secteur : celui qui correspond à la taille Critique (critical size) grâce à laquelle on peut encore faire levier sur les roadmaps technologiques des grands acteurs américains – mais ça ne peut pas se faire sans l’Europe et sans les entreprises européennes. « Dans un monde quasi dominé par les acteurs américains ou chinois, il faut s’appuyer sur l’Europe, pousser l’Europe à se prendre en main, développer des filières pour peser dans le débat » conclut Christel Heydemann.

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