Cloud : entre moteur d’innovation et défi de souveraineté

Les événements géopolitiques récents ont profondément influencé la dynamique de souveraineté en Europe et renforcé la nécessité d’une plus grande indépendance stratégique dans le domaine du numérique. Si initialement les problématiques de souveraineté concernaient surtout les grandes entreprises, elles touchent désormais tous les acteurs, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité.

Pour les entreprises, la question de la souveraineté de leurs données ne doit pas être dogmatique. Les entreprises ont besoin de choisir la solution qui leur convient le mieux en évitant la dépendance à un seul acteur. La question n’est pas seulement de savoir s’il faut être sur du cloud souverain ou non, mais de savoir déjà quels types de données nécessitent un niveau de vigilance accru.

Le recours à une stratégie multi-cloud ou cloud hybride permet par exemple d’éliminer la dépendance à un seul fournisseur tout en maîtrisant son agilité et ses coûts. « 85% des entreprises ont recours au cloud hybrid » précise Francis Veil. Si recourir à ces stratégies n’est pas nouveau, les motivations ont évolué, passant d’un besoin d’optimisation des coûts à une logique de « souveraineté as a service » ajoute Julien Sicart, « c’est-à-dire accompagner les entreprises pour déplacer leurs applications et leurs données d’un cloud public à un cloud souverain par exemple », selon le niveau de criticité de ces données.

« Un chef d’entreprise doit d’abord se poser la question de sa stratégie et de la sensibilité de ses données » déclare Francis Veil. C’est en premier lieu sur l’identification et la gestion de leurs données critiques que les entreprises doivent travailler, en définissant leurs enjeux et leurs spécificités métiers car les questions de souveraineté vont se poser différemment selon le contexte de chaque entreprise. « Ce qui est important c’est de mettre ses données au bon endroit » confirme Julien Sicart.

Il est fondamental pour les DSI de se faire conseiller dès l’origine de leurs projets pour bien identifier leurs données sensibles et définir leurs architectures cibles. « Chez Orange Business, nous avons des centaines de consultants qui interviennent sur tous les secteurs d’activités. » poursuit Julien Sicart. Il est important de bien connaître le métier de son client mais également d’avoir été formé sur tous ces sujets de régulation. »

« Au-delà du conseil nous accompagnons les entreprises dans leur migration vers des cloud publics ou privés en fonction de la criticité de l’information, en allant jusqu’à l’infogérance de leurs données.»

Pour répondre à ces hauts niveaux d’exigence en matière de confiance numérique, le Visa de sécurité de l’ANSSI pour la qualification SecNumCloud garantit une infrastructure conforme aux standards européens les plus stricts, assurant une protection optimale des données sensibles, telles que celles liées à la propriété intellectuelle ou à l’intelligence artificielle.

« Nous avons réussi à qualifier un de nos environnements dans une offre qui s’appelle Cloud Avenue SecNum, hébergée dans notre Datacenter de Grenoble. » orécise Julien Sicart. « Elle répond aux enjeux de secteurs très régulés comme la finance et la santé mais aussi aux collectivités territoriales. Un de nos clients, le Département du Gers nous témoignait à quel point ça lui simplifiait la vie en termes d’homologation et de déploiement de services aux usagers ».

L’innovation est clé pour la compétitivité des entreprises. L’IA et l’IA générative sont des innovations que les entreprises ne peuvent plus ignorer. « Il y a encore quelques mois on trouvait encore des gens qui ne connaissaient pas l’IA Générative. Aujourd’hui c’est fini. » déclare Igor Caron.

Si selon une étude récente du MIT, 95% des projets IA ne vont pas en production, les experts s’accordent sur le fait que les projets aboutissent quand ils sont bien accompagnés par des sociétés spécialisées. Il y a donc un sujet de maturité et de maîtrise technologiques de ces innovations dans les entreprises. « Les entreprises qui sont accompagnées et qui prennent des solutions clés en main du marché ont 5 à 6 fois plus de chances de réussir leurs déploiements » ponctue Julien Sicart.

C’est le type de solution qu’apporte Orange Business, notamment en partenariat avec Lighton. « Nous avons lancé une offre d’IA Générative baptisée Live Intelligence permettant une prise en main rapide pour les DSI « ajoute Julien Sicart. « Nous accompagnons aussi les grandes entreprises qui souhaitent intégrer ces solutions d’IA Générative, directement dans leurs applications métiers. »

Côté infrastructure, pour les entreprises qui souhaitent construire et héberger elles-mêmes leurs solutions d’IA, il faudra plutôt se tourner vers des plateformes cloud dédiées basées sur des serveurs GPU puissants de toute dernière génération. « Souvent les entreprises se tournent vers des fournisseurs de cloud comme nous pour accéder à ce type de processeur et de méthode de calcul, et dans un environnement souverain. » précise Julien Sicart

Pour Igor Caron, « La question n’est plus de savoir si ces technologies vont marcher, mais comment on les déploie dans les entreprises de façon souveraine ».

Le numérique dans son ensemble nécessite beaucoup de ressources énergétiques. L’enjeu pour tout l’écosystème c’est de maîtriser et réduire cet impact en optimisant au maximum les infrastructures et les usages qui en sont fait. « Il est primordial d’avoir un bon pilotage et une bonne gouvernance de ses infrastructures au risque d’avoir des effets inverses de ceux escomptés, notamment sur la partie environnementale » alerte Emmanuelle Olivié-Paul.

« Chez Orange Business nous avons pris plusieurs engagements comme recourir à 100% d’énergie renouvelable, travailler avec des partenaires engagés, notamment autour de l’économie circulaire, et de rentrer dans une démarche d’éco-conception pour nos produits, en particulier sur le cloud. « précise Julien Sicart.

Mais dans un contexte où les usages numériques augmentent fortement, de bonnes pratiques existent pour un cloud plus éco-responsable. « DSI et fournisseurs de cloud doivent se poser des questions en matière de durée de vie des équipements, d’optimisation des serveurs ou encore de localisation des serveurs d’IA » ajoute Emmanuelle Olivié-Paul. « Il y a un ensemble de bonnes pratiques à activer mais il faut surtout pouvoir les piloter ensuite pour être efficaces »

Pour les entreprises, plusieurs leviers existent. Une approche de type GreenOps permet par exemple de monitorer les usages cloud afin d’optimiser la consommation d’énergie et de favoriser les pratiques durables. « Un de nos client a réussi à baisser ses usages cloud de 70% grâce à ce type d’approche » ajoute Julien Sicart.

Les Datacenters sont également clés pour limiter l’impact du numérique sur l’environnement. Les installations de dernières générations sont désormais dotées de technologies avancées d’efficacité énergétique, telles que le free cooling, le natural cooling ou la géothermie, notamment pour le refroidissement des machines. « En 2025, nous avons économisé 3500 tonnes de CO2 grâce à la rationalisation de nos datacenters » précise Julien Sicart. « Nous avons un Indice d’Efficacité Energétique (PUE) parmi les plus performant du marché ».

Si le numérique responsable est l’affaire de tous, tout le monde est-il prêt à jouer le jeu ? Pour Emmanuelle Olivié-Paul « Certains acteurs sont très moteurs et jouent le jeu, certains ont compris que c’était une condition à la résilience de leur business et certains autres manquent encore de transparence ».

En tout cas, sur le terrain, les choses avancent et donnent de bonnes raisons d’être optimistes, comme le souligne Julien Sicart « 35% des appels d’offres que nous recevons sont liés à des sujets environnementaux. Il y a une vraie prise de conscience et les choses bougent ».