Paiement mobile : à deux pas d'une révolution

Il est attendu comme une grande révolution de l’Internet des Objets. Le paiement mobile, en dématérialisant complètement nos transactions, promet de métamorphoser le quotidien des consommateurs. D’ici 2020, on estime que près de 90% des mobinautes auront un jour essayé m-paiement. Alors comment faire pour booster son adoption au quotidien ? En cherchant ce qui peut empêcher les utilisateurs de vouloir sauter le pas et en s’y adaptant, bien sûr !

Payer avec son smartphone, un geste si simple…

Nul besoin de rappeler les caractéristiques du paiement mobile. Avec la dématérialisation de l’information relative aux transactions bancaires, les consommateurs peuvent désormais régler leurs achats directement avec leur smartphone. Plus besoin de chercher sa carte ou de compter son cash : le « m-paiement » permet de régler un achat par simple contact.

Gain de temps, facilité d’usage, utilisation n’importe où et centralisation des factures, la liste des avantages est longue et promet un bel avenir au paiement mobile. C’est déjà le cas dans plusieurs pays émergents, comme le Paraguay, le Pakistan ou le Kenya, où le paiement mobile est quasiment monnaie courante. Aux États-Unis, la mode s’est faite plus tardive mais commence à décoller, notamment via le système Apple Pay. On estime que d’ici 2017, le paiement mobile représentera près de 60 milliards de dollars de transactions.

Et la France, dans tout ça ? Pour le moment, peu d’enseignes ont déjà sauté le pas du m-commerce, même si son adoption prochaine ne fait pas beaucoup de doutes. Surtout s’il sait s’adapter aux exigences des consommateurs. A ce sujet, beaucoup d’yeux sont tournés vers le projet Orange Bank, un accord signé entre Orange et Groupama Banque qui vise à lancer une offre bancaire 100% mobile début 2017. Parmi les services proposés, on y retrouvera non seulement le paiement, mais aussi le compte courant, l’épargne, le crédit et l’assurance.

Sécurité des données, compatibilité et changement d’habitudes

Si le paiement mobile ne s’est pas encore généralisé, c’est pour trois raisons majeures :

- La sécurité des données : ce n’est pas vraiment une surprise. Comme souvent pour ce qui tourne autour de l’utilisation des données personnelles, la confidentialité des données est un facteur important sur lequel les utilisateurs sont assez exigeants. En 2015, une étude eMarketer révélait que 60% des Américains déclaraient se méfier du paiement mobile pour des raisons de sécurité. Pourtant, la CNIL est loin de déconseiller la technologie NFC, utilisée dans la plupart des transactions mobiles, d’autant que les méthodes de paiement sans contact deviennent de plus en plus sûres (avec des codes d’identification à usage unique par exemple).

- Manque de standards : l’un des grands défis de l’Internet des Objets, c’est de rendre tout compatible avec tout. Pas facile quand chaque OS mobile présente des fonctionnalités différentes, que tous les services n’utilisent pas la même technologie, ou que les pays adoptent des normes pas toujours compatibles. Ainsi, l’absence de technologie et/ou de protocole adoptés par une majorité d’acteurs rend difficile leur adoption par le grand public.

- L’habitude : peut-être l’un des freins majeurs et, paradoxalement, une bonne nouvelle pour le paiement mobile. Cela prend du temps de changer les mentalités, quels que soient les avantages proposés. A titre de comparaison, les consommateurs n’ont pas abandonné leurs billets le jour où les cartes bancaires sont apparues ; la tendance s’est installée, lentement mais sûrement, jusqu’à devenir profondément ancrée dans les habitudes.

Les clés pour une vraie révolution du m-paiement

Partant de ces observations, nous pouvons dégager quelques pistes de réflexions sur les évolutions que devra suivre le paiement mobile :

  • Premièrement, il s’agira d’améliorer la collaboration entre les différents acteurs du secteur, afin de proposer des standards (hardware et software) et permettre plus de facilité aux utilisateurs.
  • Deuxièmement, il faudra déployer de plus grands efforts en matière de communication autour de la sécurité, afin de rassurer les consommateurs sur les dispositifs mis en place pour protéger la confidentialité de leurs données (authentification de l’utilisateur, génération de codes à usage unique...).

Quand le paiement mobile aura dépassé ce challenge, les changements d’habitudes ne seront plus qu’une question de mois. Son adoption massive devrait assez rapidement aboutir au développement des transactions numériques directes, de mobile à mobile ou, pourquoi pas, de smartwatch à smartwatch.

La technologie pour de telles méthodes de transaction existe déjà. En 2014 par exemple, le studio américain Artefact a travaillé sur Token, un concept de bracelet connecté intégralement dédié aux transferts d’argent d’un utilisateur à l’autre. Une transaction qui peut s’effectuer simplement en tendant le poing vers la personne que l’on souhaite payer, après avoir sélectionné les comptes débiteurs et créditeurs via l’écran mobile et s’être authentifié via un système de code PIN ou d’empreintes digitales. Pour autant, Artefact n’a jamais véritablement vendu son concept. L’objectif était plutôt de proposer des idées afin que les acteurs déjà présents sur le marché s’en inspirent pour développer le m-paiement.

Dans le même temps, on peut parier sur une disparition progressive de toutes nos cartes en plastique (de banque, de fidélité...), au profit de versions numériques rassemblées dans une interface unique, plus sûre et plus facile d’utilisation. Bref, pour peu qu’on observe les tendances et qu’on s’y adapte, le paiement mobile n’est plus qu’à deux pas de sa grande révolution.

Jérémy

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Jérémy Pirotte

 Mes prédispositions pour la technologie m’ont rapidement fait quitter mes bouquins de science ­fiction pour une carrière de journaliste high tech. Après avoir écrit et dirigé la rédaction de magazines spécialisés comme  Objetconnecté.net, j’ai participé à la rédaction du livre « Objets connectés. La nouvelle révolution numérique. ». Aujourd’hui, j’offre mon expertise et ma plume numérique au service de l’IoT et de la transformation digitale.