M2M et santé : un mariage prometteur avec un modèle économique à trouver

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La santé était l’un des thèmes clés de la 8e édition de la conférence Connected Devices qui se tenait à Bruxelles cette année. L’une des sessions se concentrait sur le potentiel du M2M (machine to machine) dans le secteur de la santé, l’évolution des modèles économiques et le devenir de l’industrie dans 10 ans. 500 visiteurs de l’écosystème M2M étaient présents.

C’est Benjamin Sarda, directeur du marketing produit chez Orange Healthcare, qui a animé, avec un groupe de professionnels du secteur, la séance consacrée au domaine de la santé.

En introduction, il a souligné que les industriels de la santé oublient trop souvent de mettre le patient au centre de chaque stratégie de santé. Il a ensuite rappelé les principaux bénéfices du M2M :

  • réduction du nombre de lits d’hospitalisation grâce au traitement des patients à domicile ;
  • amélioration de l’observance des traitements prescrits ;
  • minimisation des admissions en urgence dans les hôpitaux grâce à une gestion proactive des maladies chroniques.

Sur ce dernier point, l’exemple des États-Unis est intéressant : là-bas, les prestataires Medicare sont soumis à des pénalités de réadmission si des patients sont ré-hospitalisés pour les mêmes troubles dans les 30 jours qui suivent. C’est un élément incitatif majeur pour renforcer l’efficacité des soins et le M2M peut y contribuer en permettant l’administration du traitement en cours directement au domicile du patient.

sauver des vies, pas seulement de l’argent

Pour Christophe Hentze, directeur général de Weinmann (fabricant d’appareils médicaux destinés, entre autres, aux personnes souffrant d’apnée du sommeil), le M2M peut sauver des vies en signalant les complications qui surviennent en cas de maladies chroniques lorsque des patients sont à domicile.

« Si un patient atteint d’une grave pathologie respiratoire chronique attrape un rhume, son état peut se dégrader très rapidement et nécessiter une hospitalisation », explique-t-il. « La surveillance à domicile nous permet de détecter les problèmes très tôt et d’intervenir avant d’arriver à un stade critique, ce qui peut sauver des vies ».

Dominique Grégoire, responsable des opérations chez Sorin Group, fabricant d’appareils cardiaques équipés du M2M, fait le même constat : ses appareils ont pour objectif de sauver des vies et leurs fonctions de communication y contribuent en signalant les urgences cardiaques ou toute modification nécessaire dans le traitement.

modèle économique : qui paye ?

Dans le secteur de la santé, des économies peuvent être réalisées à plusieurs niveaux en raison de la complexité de la chaîne de valeur.

Christophe Hentze rappelle qu’auparavant, les prestataires de soins à domicile se rendaient chez les patients pour télécharger des données à partir de leur appareil ou pour identifier des problèmes. Avec le M2M, ces frais de déplacement sont virtuellement éliminés par la transmission de données sur le réseau, avec à la clé, un retour sur investissement aisé.

Par ailleurs, l’utilisation du M2M se justifie amplement du point de vue commercial pour les fabricants d’appareils médicaux qui peuvent l’exploiter pour se démarquer de la concurrence. « La technologie M2M est essentielle pour nous », déclare Dominique Grégoire. « Elle nous a permis de préserver nos parts de marché. Les médecins apprécient notre appareil car grâce à lui, ils obtiennent des données cardiaques très rapidement, ce qui minimise les risques. »

Christophe Hentze signale cependant que l’équipement M2M constitue une réelle barrière d’entrée pour les fabricants d’appareils médicaux qui n’ont pas de compétences informatiques en interne, d’où l’importance des partenariats.

un financement par les utilisateurs finaux ?

La grande question est de savoir si les patients sont prêts à payer pour disposer d’un traitement doté de la technologie M2M. Les participants de la table ronde ont convenu que cette éventualité est plus probable dans des pays non-européens, par exemple les États-Unis, où les patients sont plus habitués à payer leurs soins.

Selon Christophe Bureau, président du cabinet de conseil Beeyond, la popularité croissante des équipements médicaux de suivi d’activité (ou quantified-self) pourrait rendre à long terme les consommateurs plus favorables au paiement.

Pour illustrer ce point, Orange a présenté le mHealth Grand Tour. Cette course cycliste destinée à faire connaître le diabète comptait de nombreux concurrents souffrant de cette pathologie. Ceux-ci étaient équipés d’un smartphone et d’un appareil de contrôle de la glycémie qui envoyaient régulièrement des données vers le cloud (Connected Health Center) afin de permettre aux professionnels de santé de surveiller leur état durant la course. Les données incluaient également des statistiques spécifiques au cyclisme telles que la cadence de pédalage, la position du coureur ainsi que sa vitesse. En l’occurrence, les diabétiques qui apprécient le sport auraient de bonnes raisons de payer pour bénéficier d’un tel équipement.

quelles perspectives d’avenir

Pour les professionnels interrogés, le futur du M2M dans le secteur de la santé dépendra beaucoup des instances de réglementation. « Que peuvent accepter les législateurs ? Ils ont du retard par rapport aux évolutions technologiques », déclare Dominique Grégoire, déplorant qu’un changement mineur des fonctions de communication de ses appareils nécessite au minimum un an d’attente pour obtenir une approbation. Un délai qui constitue un réel frein à l’innovation.

Cependant, Christophe Hentze estime qu’avec la crise des finances publiques, les législateurs sont incités à revoir leur cadre réglementaire afin de tirer parti des économies de coûts associées à la mise en œuvre de cette technologie. Sans doute une opportunité de développement pour le M2M dans le secteur de la santé.

Et vous ? Comment envisagez-vous l’avenir du M2M dans le secteur de la santé ? Seriez-vous prêt(e) à acheter de tels équipements ?

Anthony

Cet article a été initialement publié en anglais ici.

Anthony Plewes

After a Masters in Computer Science, I decided that I preferred writing about IT rather than programming. My 20-year writing career has taken me to Hong Kong and London where I've edited and written for IT, business and electronics publications. In 2002 I co-founded Futurity Media with Stewart Baines where I continue to write about a range of topics such as unified communications, cloud computing and enterprise applications.