A bâtons rompus avec Sang Jin Park (Samsung Digital Imaging)

note : article écrit en collaboration avec La Tribune par Pascal Boulard, auteur du blog initié de la Tribune, dont Orange Business est le sponsor officiel


Jusqu'à un passé récent, l'activité caméra et caméscope de Samsung était placé dans une société sœur, Samsung Techwin, spécialisée dans les activités de défense. En juin 2008, San Jin Park, ancien responsable de la zone d'Asie du Sud-Est et ancien président de Samsung France il y a 15 ans, a pris la tête de l'activité. Il l'a rapatrié au sein de Samsung Electronics en février 2009 et a lancé de nombreux nouveaux produits, 13 au premier semestre et 8 au second : la caméra WPR 5000 (zoom de 5X et Grand Angle), la caméra ST 550 à double écran et la caméra ST 1000 (wifi, bluetooth et DLNA) et  un caméscope extra-plat et HD.



Quelle est votre stratégie sur l'activité Digital Imaging de Samsung ?

Pour les caméscopes, je me focalise sur les mémoires flash. Nous avons abandonné les caméscopes à bandes et nous ne commercialiserons plus ceux à DVD à la fin de l'année. Nous avons commercialisé le C10, qui a un joli design et qui facilite le chargement les vidéos sur les réseaux sociaux ou les sites spécialisés comme Youtube et Picassa. L'activité caméscope a perdu de l'argent pendant 6 à 7 ans. Elle en gagne depuis avril 2009.

L'activité caméscopes se déclin sur trois axes : l'image en qualité HD, le design et le partage des vidéos. Les jeunes ne conservent plus leurs vidéos pour eux-mêmes ou pour un cercle familial limité. Ils veulent les partager avec le plus grand nombre. J'ai demandé à mes ingénieurs de la recherche de travailler sur ces trois axes.

Que préparez-vous  pour les caméras ?
Une excellente qualité d'image et un beau design sont deux éléments fondamentaux. Cependant, je pense que le partage et la connectivité avec d'autres objets numériques sont très importants. Si vous posez notre caméra ST 1000 près d'un de nos écrans LCD ou LED, les images ou les vidéos seront automatiquement visibles sur la télévision. Avec la technologie bluetooth, vous pouvez transmettre les images prises par la caméra à un téléphone portable. Avec le wifi, vous pouvez les charger sur le site d'un réseau social à partir d'un hot spot. Bientôt, avec votre caméra, vous pourrez utilisez notre appstore  pour choisir les applications qui vous conviendront. Nous voulons être le pionnier de cette nouvelle tendance à la connectivité entre les objets numériques.

D'autres concurrents peuvent s'essayer à cette stratégie comme Sony ou Panasonic mais nous avons une position unique puisque nous sommes numéro un mondial des télévisions, des moniteurs et numéro 2 des téléphones. Les entreprises traditionnelles ne peuvent pas  tenir compte de l'ensemble de l'écosystème car elles ne sont pas présentes sur tous nos segments de marchés.

Que peut-il arriver aux acteurs traditionnels de la photographie?

Ils ont sans doute une vision différente de la notre. Je pense que la vidéo va devenir la principale composante du trafic Internet. Une entreprise comme Cisco, qui est le leader mondial du routage Internet, a acheté Pure Digital (constructeur de la caméra Flip). Cisco est très rentable. Je ne pense pas qu'ils aient acheté  Pure Digital pour gagner plus d'argent mais plutôt pour comprendre les technologies vidéo. Cisco doit se préparer pour la prochaine évolution de l'internet.

 Avec toutes ces vidéos qui vont être téléchargées sur les réseaux sociaux, ne pensez-vous pas que les opérateurs télécoms vont devoir investir pour maintenir à niveau la qualité de service de leur réseau ?
Il y a une grande concurrence entre les opérateurs et même entre opérateurs et certaines entreprises électroniques. Une chose est sûre, le consommateur n'a pas envie de payer plus pour ce type de service. C'est pour cela que nous parlons des hot spots. On verra ce qui va arriver. Nokia n'est plus un seul fabricant de téléphones portables.

Une caméra est composée de différents capteurs, de mémoires, de processeurs, de batteries et de lentilles. Vous en fournissez une bonne partie. Qu'allez-vous faire pour les objectifs ?
Nous préparons notre propre production de lentilles. Si nous avons besoin de plus de variétés de lentille, nous pouvons passer un accord avec un fabricant.

Qu'en est-il de votre agrément avec Pentax ?
Il est toujours en cours. Nous discutons avec eux.

Préparez-vous un reflex avec plus de technologie Samsung à l'intérieur ?
Notre stratégie est de sécuriser les composants clefs pour notre activité. Aujourd'hui, le capteur vient de notre branche semi-conducteur ; le processeur aussi. Nous fabriquons l'écran LCD tandis que la batterie provient d'une société sœur de Samsung.

Pas mal de foyers ont acheté une caméra compacte. Avec la baisse des prix, le mouvement s'est amplifié. Pensez-vous que les fonctionnalités de connectivité vont changer la perception des consommateurs et leur donner envie d'acheter un nouvel appareil ?

J'en suis profondément persuadé. Autrefois, il n'y avait qu'un appareil par foyer. Aujourd'hui, c'est devenu un objet personnel. Notre but est que chaque personne possède une caméra, à l'image de ce qui se passe dans les téléphones portables. Et qu'elle en change régulièrement. Je ne pense pas que les photophones remplaceront les caméras.

Quelles sont vos parts de marché ?

10,7% en 2008 soit la troisième place mondiale et à la fin du premier semestre mondial, nous sommes arrivés à 11%.  Nous préférons augmenter doucement nos parts de marché en augmentant nos prix moyens de vente. D'ici à la fin de l'année, nous allons commercialiser le ST550 et ST500, une caméra avec un zoom de 24x. Nous allons définitivement gagner de l'argent sur ce marché.

Combien voulez-vous commercialiser de références ?
Nous avons présenté 13 modèles au début de l'année puis 8 au cours du second semestre. Cela nous en fait 21 et c'est un bon nombre. Le cycle de vie d'un téléphone portable est d'environ 8 mois. Pour une caméra, c'est l'ordre de 2,5 ans mais il a tendance à diminuer.
Nicolas Jacquey
Pascal Boulard

nsp