La tête dans le nuage

Qui se souvient, l'industrie informatique invente assez souvent la technologie qui c'est juré croix de bois croix de fer sera LA technologie du futur. Souvenez vous à l'époque ATM était présenté comme le sauveur de tous les réseaux. Aujourd'hui c'est à la technologie en nuage de prendre le relais (ou cloud computing).
Et c'est là que l'on touche à un problème inhérent à notre industrie, certains analystes croient dur comme fer que des décisions impactant toutes l'organisation du SI vont se faire sur une simple présentation Powerpoint. Et pourquoi pas ? (non, je plaisante enfin j'espère). La folie marketing est à son comble, certains analystes prévoient même un marché de 100 milliards de dollars pour 2012 axé sur le cloud computing. Ce n'est pas rien ! Bon, on pourra toujours objecter qu'un prévision d'analyste vaut ce qu'elle vaut, c'est-à-dire presque rien, et que les différents cabinets sont rarement d'accord sur les chiffres pourtant résultat d'études sérieuses ! Ah non, dans ma carrière, j'ai connu une exception (qui confirme la règle dit on) de taille, en 1991. Tous les cabinets étaient d'accord pour dire qu'OS2 équiperait entre 85% et 95% des PCs et ce dès 1992. Quelle vision du marché !

Pour une simple question de sécurité, il est donc impératif d'être circonspect ou il est urgent d'attendre. Les arguments donnés pour passer à cette technologie sont pour l'instant assez simplistes du genre « tout le monde y va, vous devriez y être » ou encore plus simple « le nuage résout tout vos problèmes » (comme Madame Irma). Lorsque l'on analyse un peu plus les projections de chiffre d'affaire, on s'aperçoit que plus de la moitié de celui-ci est dû à la publicité Internet, ce qui bien sûr a une grande importance pour la plupart des organisations SI (enfin, non, je plaisante). En ce moment, rien que le fait de dire ou écrire cloud computing vous rend irrésistible.

Au vu de ce que j'ai écrit au dessus, vous allez dire que je suis plutôt contre... Mais en fait pas du tout. Il faut simplement prendre en compte au moins deux faits, vous ne contrôlez plus votre sécurité physique, et vous devez avoir des projets de gestion d'identité très mûrs pour passer dans le nuage. En ce qui concerne le premier point, comme un de mes alter ego l'énonçait dans un précédent article, il faut bien prendre en compte la sécurité physique à un moment ou un autre. Et parfois les responsabilités sont tellement diluées que même votre sous traitant de nuage ne contrôle pas lui-même le data center dans lequel ses appliances sont hébergées. Il serait bête qu'une partie d'un datacenter soit arrêté par un simple orage, non ? Oups, c'est justement ce qui est arrivé à un grand d'Internet pour qui le cloud computing est un fer de lance. Et je ne parle même pas de la problématique de la réglementation et de la conformité, du genre où sont mes données ? cela devient vite inextricable.

Par contre, l'entreprise devenant de plus en plus mobile, la technologie de nuage pourrait résoudre beaucoup plus simplement que d'autres certains problèmes. Par exemple, passer par le nuage pour accéder à Internet où que l'on soit pourrait simplifier la problématique de sécuriser l'accès au monde extérieur pour une entreprise.
Nicolas Jacquey
Philippe Maltere

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