La mort du P2P

Bon, je fais faire un article sur le P2P...
Un silence pesant s'installe alors à la conférence de rédaction. Le temps semble arrêté. Certains font un léger signe de croix, d'autres se vident une salière par-dessus l'épaule pour les préserver du mauvais sort, et d'autres encore parlent d'un trekking trop longtemps ajourné en papousie orientale.
Eh oui, certains veulent la mort de la technologie P2P. J'entends déjà la large majorité des lecteurs (parmi mes 3 lecteurs habituels) me dirent, c'est du réchauffé votre histoire, on la connait. Oui, peut être, mais pour une fois on en veut à cette technologie pas pour la partage de fichiers illégaux (ce qui, je le rappelle est mal), mais parce que l'on peut trouver des informations confidentielles sur ces réseaux. Ce n'est pas moi qui le dit, mais un certain Edolphus Towns (un nom comme cela ne s'invente pas) président de la House Oversight and Government Reform Committee, bref un lobby. Je pense que ce monsieur veut être absolument nominé pour nos Securitor 2009. Et, il va plus loin pour remporter le précieux trophée, il souhaite, puisque l'on a trouvé des données personnelles de membres du FBI, et de la famille Obama sur ces réseaux, interdire les réseaux P2P sur toutes les machines et réseaux du gouvernement, puis du pays. Là, il assure vraiment son trophée en confondant la technologie utilisée, et la façon de gérer les données confidentielles. Si je suis son raisonnement, Internet (c'est fou ce que l'on peut trouver comme informations confidentielles via un moteur de recherche ou un réseau social) est condamné avec bien sûr toute la technologie du traitement d'information. Allons même plus loin, imaginons que quelqu'un oublie un document papier top secret dans un restaurant ou un taxi (c'est de la pure fiction, bien entendu !), il faut donc supprimer l'imprimerie, trop dangereuse. Allons au bout du raisonnement, imaginons un lieu public et deux personnes parlant de sujets divers dont pourquoi pas presque top secret, une oreille trainant au bon endroit peut... Ou bien, dans un train quelqu'un en train de consulter certains documents sur papier ou ordinateur, et un œil trainant par là.... Eh oui, il faut aussi que tout le monde deviennent sourds et aveugles. Voilà, enfin tranquille... La morale de cette histoire est de ne pas confondre le traitement que l'on peut faire de l'information avec la façon de gérer le confidentiel. Si on ne sait pas gérer ces données ou si on les gère mal, le risque de fuite d'information sera très fort (ou presque certain), et ce quelque soit la technologie utilisée (l'œil et l'oreille sont des technologies de pointe).

Et pourtant la technologie P2P peut être très utile pour les entreprises. En effet, chaque nœud ou ordinateur servant lui-même de serveur peut largement accélérer la mise à jour de certains logiciels, par exemple des fichiers de signature anti virus ou des patchs, sans modifier l'ingénierie du réseau, et sans créer des goulots d'étranglement propre au démarrage de 9 :00 où tous les ordinateurs vont chercher leur mise à jour sur le même serveur. N'en déplaise à ce cher Edolphus, nous utilisons aussi cette technologie pour certains de nos produits afin d'optimiser les ressources du réseau, nous ne sommes pas les seuls, toutes les distributions open source sont envoyées par ce biais ce qui diminue d'autant la charge des serveurs (par rapport au FTP classique). La technologie P2P peut révolutionner considérablement les réseaux d'entreprise, et nous n'en sommes qu'au début. Peut être aussi la fin si Edolphus fait passer ses idées.
Nicolas Jacquey
Philippe Maltere

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