Blockchain : que peut –elle apporter au monde de la santé ?

Nous l’avons vu dans mon précédent article, la technologie blockchain fait des émules en ce moment et le Bitcoin est peut être l’exemple le plus simple pour en comprendre son fonctionnement. Si elle a de nombreuses utilisations dans le monde financier (pour prendre ne compte le paiement, les échanges financiers entre personnes/entités), cette technologie ne saurait s’y limiter et de nombreux domaines d’application peuvent tirer parti de ses avantages, en particulier dans le monde de la santé.

Les contextes d’utilisation de la blockchain


La blockchain est une technologie qui s’adapte à des contextes d’utilisation ayant les caractéristiques suivantes :

  • plusieurs acteurs aux intérêts divergents  
  • une base de données partagée en lecture et écriture et répartie entre l’ensemble des acteurs
  • un intérêt de ces acteurs pour les données inscrites dans la base (exigences d’intégrité, de traçabilité d’accès et modification sur la base, de non-répudiation d’une modification faite par un acteur)
  • une volonté de se passer de tiers de confiance
  • pas de confiance à priori entre les acteurs

Au-delà de l’exemple de Bitcoin décrit dans mon précédent article, il existe plusieurs types de solutions mettant en œuvre la Blockchain. Elles présentent des caractéristiques les rendant plus ou moins adaptées à certains types de contexte d’utilisation :

  • chaine publique (type Bitcoin ou Ethereum) : n’importe qui peut devenir validateur,
  • chaine privée (type Chain.com) : avec un seul validateur,  
  • chaine de consortium (type Hyperledger) : plusieurs validateurs habilités
  • mécanisme de validation des blocs basé sur différents types de preuves :
    - preuve de travail (type Bitcoin, Ethereum),
    - preuve d’enjeu
    - autres types de preuves.

D’une manière plus générale, ce type de technologie fait apparaître des enjeux dépassant largement le pur cadre technique :

  • remise en question du rôle d’acteurs au sein d’écosystèmes métier établis
  • plus largement l’apparition d’organisation décentralisées peut faire émerger des contraintes spécifiques qui peuvent aller jusqu’à des remises en question sociétales.

Et pour la santé ?


A partir de cette description, on voit que le monde de la santé est susceptible de fournir de nombreux cas où ce type de solution est d’un grand intérêt, notamment lorsque le cas d’utilisation nécessite confiance, transparence et/ou traçabilité.

Par exemple :

  • donner un meilleur contrôle au patient sur ses données médicales au travers de fonctions de gestion de consentement pour l’accès de tiers à celles-ci
  • suivre un plan de soins ou de prestations à domicile (trace d’activité et outil de facturation de prestations)
  • suivre l’observance de traitement
  • connaître les droits à remboursement des patients

Toutefois, certaines limitations ne doivent pas être perdues de vue : la Blockchain étant un registre dans lequel tout est inscrit séquentiellement, son contenu ne fait que croitre car on n’efface rien. De ce fait il n’est pas adapté pour y stocker directement un dossier médical, car le volume de la chaîne croitrait très rapidement. Par contre, elle peut servir à enregistrer des traces des actions sur un dossier.

La Blockchain n’en est qu’à l’aube de ses utilisations non financières.

Face au foisonnement d’idées et de pistes, il est impératif de prendre du recul et de juger de la réelle plus-value de cette solution par rapport à des solutions classiques dans les cas d’utilisation identifiés.

 

Philippe, article écrit en collaboration avec David Excoffier et Sajida Zouarhi

 

Philippe Genestier

Chef de projet dans l’équipe e-santé d’Orange Labs, j’ai participé à de nombreux projets d'e-santé ou de m-santé, en particulier dans le domaine de la collecte de données et du télésuivi de patients. Un point de vigilance particulier : la simplicité pour l’utilisateur !