Opérateur Informatique : définition

Dans un article du 17 mai 2010, nous avions partagé les raisons de l'apparition probable d'un acteur d'un nouveau type, l'Opérateur Informatique, en lui donnant une vague description.
Je me propose aujourd'hui de vous donner une définition du rôle d'un Opérateur Informatique.

Tout d'abord, bien plus qu'une société de services, L'Opérateur Informatique (OI) fournit :

1. La connexion data partout dans le monde, à tout moment et au bon niveau de qualité attendu, tel que le fait aujourd'hui un Opérateur Télécom ;
2. L'infrastructure informatique, dédiée ou partagée,  « always on » c'est-à-dire de haute disponibilité pour supporter les applications stratégiques et critiques de l'entreprise ;
3. L'agrégation des services proposés, des applications et des API (Applications Programming Interface), quelques fois de nature et d'origine différentes, pour que le système d'informations fonctionne dans son intégralité et en toute cohérence ;
4. L'approvisionnement industriel en matériel, logiciel et services, en fonction de la demande client, qui peut être désirée progressive, immédiate ou tout simplement à l'usage ;
5. Un cadre commercial et technique établi et certifié avec les éditeurs des applications métiers choisies par le client, avec un SLA et une grille de responsabilité formalisés et clairs pour garantir des réponses rapides aux incidents qui ne manqueront pas d'arriver ;
6. Le guichet unique pour tout ce qui concerne le domaine des hautes technologies d'une entreprise : de la téléphonie, à la connexion data, au Wifi,  jusqu'à l'informatique. Plus le système d'information est élaboré, moins le client a le temps de se perdre dans les méandres d'une organisation complexe de son partenaire technologique : le guichet unique est le remède contre cela ;
7. Une tarification mensuelle à l'utilisateur et à l'usage sur budget de fonctionnement, sans budget d'investissement pour le client final ;
8. L'engagement global sur tous les continents comme est en droit d'attendre tout client à couverture  internationale.

Cette définition, partagée d'octobre 2007 à mars 2008 avec 6 analystes puis, dans une nouvelle version, en briefing particulier de mai à juillet 2010 avec les 10 principaux analystes européens en entretien « one to one », suscite un intérêt grandissant. Elle est en effet une des traductions possibles de la vague Cloud Computing pour un certain nombre d'acteurs, historiques ou nouveaux, de l'écosystème informatique. 

Si nous avons une meilleure compréhension de ce que fait un Opérateur Informatique, quel est son profil et quels sont les candidats potentiels ?

Compte tenu des investissements en équipement, R&D et marketing, de la couverture géographique et de la maîtrise des technologies et des processus industriels tous nécessaires à ce nouveau modèle, seules les sociétés mondiales de hautes technologies en bonne santé financière peuvent espérer accéder à ce nouveau statut.

Sont éligibles :

Naturellement, les opérateurs télécoms, ou « telcos », à la quête de nouveau vecteur de croissance au risque de mourir a petits feux avec les revenus décroissants de la téléphonie RTC. Deutsch Telecom, BT,  Telephonica et Orange peuvent se positionner en tant qu'Opérateur Informatique dans leurs pays d'origine mais également dans tous les pays où ils ont une présence suffisamment forte pour mobiliser l'écosystème informatique autour d'eux. La condition est qu'ils identifient rapidement ce nouveau positionnement et se réorganisent en business units suffisamment flexibles pour adresser les nouveaux besoins des clients sur un marché  informatique beaucoup plus dynamique que ne peut l'être celui des télécoms.

Les constructeurs informatiques tels qu'IBM, HP ou Dell, à la proposition de valeur IT complète, exception faite de la fourniture des liens télécoms. Il est intéressant de voir comment ces acteurs, pionniers de l'informatique, vont s'adapter soit en bâtissant des partenariats avec les opérateurs télécoms, soit en ignorant cette contrainte, soit en rachetant des acteurs télécoms globaux. Je ne pense pas que des constructeurs de stockage tels que EMC, HDS ou Netapp puissent devenir OI, à moins que leur leader, tel Scott Mc Nealy qui a voulu lancer Sun dans le soft face à MS, ou Steve Job qui a révolutionné la téléphonie l'Iphone d'Apple, n'en décide autrement... Reste CISCO, acteur mondial très puissant financièrement, dont l'activisme dans le Cloud Computing est tel qu'il est difficile de prédire jusqu'ou il ira.

Les éditeurs globaux tels que Microsoft, Sales Force, SAP ou Oracle ont plus ou moins décidé de se lancer dans l'aventure et de ne plus attendre que Google et Amazone ait pris trop d'avance sur le marché du Cloud Computing. Les éditeurs à dimension nationale, tels Sage ou Cegid grâce à leur proximité client sur l'application métier, peuvent être tentés de se lancer, sans toute fois  pouvoir prétende être l'unique partenaire stratégique du client final auquel il ne pourra pas répondre à 100% de ses besoins. Mais ce positionnement sera-t-il rentable pour ces derniers compte tenu de l'importance des investissements  nécessaires à ce modèle ?

Si l'Opérateur Informatique nait puis surfe sur cette vague Cloud Computing, c'est qu'il aura su s'organiser, développer des offres disruptives et bâtir les réseaux de distribution adaptés, challenges que je compte adresser dans un prochain article.

Nicolas Jacquey
Benoit Delanoé

In charge of Sales and Marketing for the SMB Outsourcing new business unit @ Orange Business, NEOCLES, a 190.000 employee (France Telecom) and 50 Billions $ company.