Smart cities : les villes, ces territoires rêvés pour la Blockchain

Comment la Blockchain peut-elle se faire une place fondamentale dans le rayonnement des Smart Cities ? Une ville totalement basée sur la technologie Blockchain est-elle utopique ?

Dans un contexte où la croissance exponentielle des objets connectés et de la data collectée massivement deviennent le principal carburant de développement technologique des villes intelligentes, se dessine également l’importance grandissante de la confiance dans les échanges numériques. La Blockchain, technologie disruptive de cette décennie, promet de nombreuses opportunités pour les villes en quête de sécurisation et de transparence des échanges. Ce billet de blog est issu du prochain livre blanc Blockchain, proposé par Orange Consulting.

La Blockchain : un potentiel à exploiter

Les promesses de la Blockchain semblent être applicables au secteur des Smart Cities. Les villes peuvent tirer parti des données produites par l’usage des installations urbaines et des services proposés pour mesurer, maîtriser, compenser et même anticiper leurs impacts sociétaux et environnemental, tout en assurant la sécurité, la transparence et l’autonomie des échanges.

Chaque membre du réseau Blockchain possède une copie de la base de données, encryptée et infalsifiable. Au-delà de sécuriser les échanges, la Blockchain permet de faciliter la création de nouveaux services grâce à la génération des smarts contracts, en simplifiant les processus de transactions entre les citoyens et les parties prenantes de la Smart City. Les flux sont décentralisés, la technologie ne reposant sur aucun organe central de contrôle ni d’intermédiaire.

Des cas d’usages multiples de la Blockchain

La Blockchain s’installe dans tous les domaines de la ville intelligente, son concept de technologie distribuée ayant le potentiel de transformer les usages.

L’optimisation des ressources : dans une logique d’ouverture du marché et d’évolution des modes de consommation de plus en plus collaboratifs et responsables, les expériences les plus concrètes portent sur la gestion et l’optimisation des ressources.
Un projet pilote micro grid a été mis en place en 2017 par Bouygues Immobilier, Energisme et Stratumn, pour développer une Blockchain permettant d’élaborer des smart contrats, respectant les lois françaises, pour acheter et vendre de l’énergie à l’échelle du quartier de Lyon Confluence.

Mieux gérer la mobilité urbaine : Le domaine de la mobilité, du transport connecté et du stationnement est tout aussi impacté par la nouvelle économie du partage, autour des plateformes de paiement. La Blockchain a la capacité de contribuer à l’accélération de ces nouveaux modèles.

La start-up Parkgene met en relation les propriétaires de stationnements et les utilisateurs de la plateforme pour simplifier la location des places de parking à court terme. La réservation de place déclenche automatiquement un smart contract ParkGene, basé sur la Blockchain.
En Allemagne, l’application Share & Charge se base sur la technologie Blockchain pour offrir aux propriétaires de véhicules électriques une expérience de charge partagée, en connectant les voitures aux stations de charge résidentielles et commerciales disponibles.

Améliorer l’attractivité du Territoire : Les Smart Cities sont confrontées à des problématiques de sécurisation des données citoyennes, d’optimisation de l’espace public et des services administratifs, auxquelles la Blockchain a la capacité d’apporter des solutions concrètes. L’application Le Vote d’Orange permet de révolutionner la participation des citoyens lors des votes consultatifs. La solution garantit la non modification des bulletins de vote, puisqu’ils entrent dans un registre Blockchain où seuls les électeurs ont la main sur leurs données.

La Blockchain aurait même le potentiel d’ubériser l’ensemble des services de la ville en supprimant une couche d’intermédiaires, destinée aujourd’hui à apporter confiance, sécurité et traçabilité dans les échanges. Un projet utopique a été entrepris par Jeffrey Berns, qui a investi plus de 300 millions de dollars pour « créer une ville dont tous les aspects reposeraient sur la technologie de la Blockchain pour remettre le pouvoir directement entre les mains de ses habitants et montrer qu’on peut se passer des banques et autres institutions”. Les travaux ont débutés dès début 2019.

De belles perspectives grâce à la Blockchain… mais des freins à surmonter

Aujourd’hui, l’heure est aux expérimentations et aux projets plus ou moins concrets dans le domaine des Smart Cities. Dans un futur proche, couplée probablement à d’autres nouvelles technologies, la Blockchain pourrait devenir l’un des piliers technologiques de la ville intelligente, basée sur un écosystème toujours plus intégré et automatisé, et une économie plus collaborative.

Les applications de la technologie Blockchain n'en sont qu'à leurs balbutiements, plusieurs freins devant être surmontés pour assurer son développement à plus grande échelle. La technologie souffre d’un manque de maturité, et de failles de sécurité qui sont aujourd’hui un obstacle à son développement dans les Smart Cities. Une définition et une clarification de normes et de standards doit être faites en France, voire à l’échelle européenne. Les experts de la Blockchain s’accordent sur le fait que 10 à 20 ans seront nécessaires pour que la technologie atteigne une maturité suffisante et bouleverse l'économie. D’ici là, les pouvoirs publics sont attendus sur la création d’un cadre de régulation favorable, le développement de la recherche, la structuration d’un l’écosystème et la multiplication d’expérimentations.

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Nyoucha Azari

Consultante au sein de la communauté Smart Cities d’Orange Consulting, j’interviens sur des missions de conseils auprès de grands acteurs de la mobilité, des ressources et du territoire en les accompagnants sur la transformation numérique de la ville de demain, qui se construit en tirant partie des nouvelles possibilités technologiques qui s’offrent à elle.