3 pistes pour une mobilité territoriale plus durable

Connecter l’ensemble des services de mobilité pour proposer aux usagers des itinéraires à la fois rapides et à empreinte carbone réduite ? Un défi technologique mais aussi politique, qui nécessite un réel rapprochement entre opérateurs du transport et collectivités.

Proposer des itinéraires en MaaS

De nombreuses solutions numériques sont apparues ces dernières années pour faciliter l’usage des transports en commun : paiement en ligne, ticket sur mobile, horaires en temps-réel… Ces solutions poursuivent le même objectif : renforcer l’attractivité des transports publics afin de favoriser le report modal tout en facilitant quotidien des voyageurs. Aujourd’hui, le défi consiste à combiner les services de mobilité entre eux pour proposer le meilleur itinéraire, selon ses préférences personnelles : nous entrons dans l’ère de la Mobility as a Service (MaaS).

« L’ambition du MaaS est d’offrir un accès unique à tous les services de mobilité d’une zone géographique à travers une application mobile et un compte personnel, explique Sébastien Capelle, Expert Smart Parking et Mobilité chez Orange Business. En fonction des préférences de l’usager (se garer rapidement, limiter son empreinte carbone…), l’application proposera un parcours sur mesure et les différentes mobilités possibles : voiture, tramway, vélo, trottinette, etc. »

Interconnecter les services de transport

Le MaaS repose sur l’analyse approfondie des données collectées par les transporteurs, comme les flux de passagers qui offrent une vision précise des usages et permettent d’établir des recommandations adaptées. Il faut pour cela pouvoir récupérer et croiser les données des différents opérateurs de transports : des plateformes informatiques permettent aujourd’hui de connecter tous les services de mobilité disponibles afin de calculer le meilleur itinéraire. Mais selon Sébastien Capelle, le principal défi se trouve au-delà des technologies.

« Le succès du MaaS va dépendre des négociations entre les opérateurs de mobilité. Qui finance ces plateformes de données, ces calculateurs d’itinéraires ? Quel modèle économique mettre en place ? Métropoles et régions y travaillent, car elles savent que les GAFA peuvent créer ces services à leur place. »

L’ouverture des données entre les acteurs de la mobilité et l’établissement d’un référentiel commun sont d’ailleurs encouragés par la loi d’orientation des mobilités (LOM) qui vise à favoriser les déplacements multimodaux.

Encourager les mobilités douces

Les solutions MaaS ont une autre vertu : encourager les mobilités douces. Ou plus exactement limiter l’autosolisme, pour décarboner les centres villes et éviter leur congestion. La ville de Nevers, dotée de l’application « Nevers Agglo dans Ma Poche », propose par exemple une cartographie de ses pistes cyclables, incitant les habitants à prendre davantage leur vélo.

« Un calculateur d’itinéraires peut être paramétré de plusieurs façons : le critère de choix ne sera pas forcément l’itinéraire le plus rapide, mais le moins polluant ou le plus agréable, ajoute Sébastien Capelle. La manière d’estimer un temps de trajet est elle aussi variable : doit-on intégrer la demie heure pour trouver une place dans l’itinéraire en voiture, qui est généralement le plus rapide ? Avec le MaaS, les collectivités peuvent montrer qu’il y a des alternatives à l’automobile, parfois plus efficaces et plus économique. »

Quid de la place du futur véhicule autonome dans les politiques de transports publics ? Comment éviter l’autosolisme ou les trajets à vide ? Là encore, tout dépendra de l’encadrement des usages : intégrée dans les calculateurs d’itinéraires au sein d’une proposition globale de mobilités, la voiture autonome pourrait par exemple encourager l’autopartage en centre-ville, ou être un nouveau maillon de la chaîne de désenclavement des territoires peu peuplés.