Fin des déserts médicaux : où se trouve la solution ?

Phénomène de société apparu depuis plusieurs années en zones rurales et même urbaines, les déserts médicaux ont fait les gros titres d’actualité dans le cadre de la présentation de la stratégie nationale de santé. L’évolution de la règlementation doit s’accompagner d’une couverture réseau performante et d’un déploiement de service de santé numérique pour constituer une solution crédible.

Désert médical : de quoi parle-t-on ?

Le ministère de la Santé considère qu’un territoire est un désert médical quand la densité de médecins par rapport à la population est de 30% inférieure à la moyenne nationale. Mais il semble que le zonage territorial effectué par les Agences Régionales de Santé (ARS) -et qui permet en particulier le versement des subventions pour aider aux installations des médecins- soit jugé trop statique par rapport à une situation qui évolue très rapidement.  

La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) a été saisie pour rationaliser le débat. Dans son rapport de mai 2017, elle évalue à 8,6% la population française (soit 5,5 millions d’habitants en 2015) n’ayant pas accès à un pharmacien, au service d’urgence d’un hôpital ou à un médecin généraliste : les trois accès au soin privilégiés de notre système de santé. Cette proportion était de 7,6% en 2012.  

Désert médical : quelle réalité ?

Alors que le nombre total de médecins n'a jamais été aussi élevé en France (le nombre de médecins actifs est attendu à 231 000 en 2020), nous assistons ces dernières années à l’apparition de zones sous médicalisées.

Dans ces dernières, les habitants éprouvent des difficultés à accéder aux soins dans des conditions de proximité et de délais satisfaisantes. Ce sont les « déserts médicaux » tels que les sénateurs l’ont dénoncé au travers de nombreux rapports de la Commission de l’aménagement du territoire ou de la mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale (Mecss), qui pointent du doigt la situation dramatique de certaines zones rurales.

Quels leviers d’actions ?

De nombreuses mesures ont été prises depuis une dizaine d’années pour renforcer l’offre de soins en favorisant l’installation de professionnels de santé dans les déserts médicaux. C’est par exemple le Pacte Territoire Santé  mis en place par le ministère de la Santé en 2012, prolongé en 2015 et en octobre 2017 avec le plan « Renforcer l’accès territorial aux soins » de la Ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Dans son dernier rapport du 26 juillet 2017, le Sénat propose une approche pragmatique de soutien aux initiatives locales, malheureusement sans cadre de réflexion globale : «  faire des territoires un « laboratoire » d’innovations pour répondre au mieux aux besoins des patients et accompagner les mutations nécessaires de l’offre de soins ». Bref, relancer les expérimentations ponctuelles dont on sait qu’elles n’ont pas d’avenir comme le soulignent les Livres Blancs du Syntec Numérique et de la FEHAP, relatifs à la transformation du parcours de vie.

Ces mesures incitatives, essentiellement fiscales et financières, ont un impact limité et n’ont pas enraillé le phénomène des déserts médicaux.

Transformation numérique de notre système de santé

Les toutes dernières annonces du 13 février 2018 du Premier Ministre Édouard Philippe et de la Ministre de la santé sur la stratégie de transformation du système de santé place le numérique en santé parmi les cinq chantiers structurants. Ainsi, une mission e-santé a été créée  pour piloter ce chantier.

Trois objectifs stratégiques sont fixés pour cette mission :

  • accessibilité en ligne pour chaque patient de l’ensemble de ses données médicales
  • dématérialisation de l’intégralité des prescriptions
  • simplification du partage d’information entre tous les professionnels de santé.

C’est une avancée majeure.

Suite aux travaux menés par Orange Healthcare sur la transformation numérique de notre système de santé, et aux nombreuses expérimentations dans le domaine de la télésurveillance, de la téléconsultation, il apparaît indispensable de  promouvoir de nouvelles pratiques médicales qui favorisent la coopération, la promotion de la délégation de tâche et qui s’appuient sur la technologie actuelle : la télémédecine

Désert médicaux, désertion rurale et désert numérique

La télémédecine est évoquée comme solution à ces déserts médicaux, mais le manque d’infrastructures numériques freine son déploiement. C’est donc dans une perspective d’aménagement du territoire que ces dispositifs sont proposés.
Dans ce cadre, Orange, comme les autres opérateurs de télécommunication, est interpelé. C’est ainsi qu’Orange répond aux appels d’offre des réseaux d’initiative publique et a entrepris le programme Orange Territoires Connectés pour accélérer l’aménagement numérique en zone rurale.

Investir dans la e-santé !

Le moyen le plus efficace de lutter contre les déserts médicaux et l’inégalité d’accès aux soins est le développement de la e-santé. Cela passe par la modernisation des pratiques médicales avec le soutien des technologies existantes, plus de coopération dans les missions des professionnels de santé, et, enfin, permettre au patient de devenir le 1er acteur de sa santé.

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Nadia Frontigny
Nadia Frontigny

Directrice des Affaires Publiques d’Orange Healthcare, je dirige une mission sur le maintien à domicile et la dépendance avec comme objectif de faire créer un espace économique dans lequel Orange, en tant qu’opérateur de télé suivi et de télémédecine pourra prendre toute sa place.