Le voyage de la donnée, nouvel enjeu business

De la collecte des données brutes à leur analyse, c'est toute une chaîne d'information qui est mise en place par les organisations. L'optimisation de ce circuit de la donnée va permettre à l'entreprise d'en exploiter tout le potentiel.

Une donnée client issue des usages quotidiens

Durant de nombreuses années, les départements marketing ont collecté des informations sur les utilisateurs de leurs produits à partir d'enquêtes de terrain, de sondages… mais à l'ère du digital, tout s'accélère ! « Les consommateurs et les systèmes de production sont désormais connectés », souligne Olivier Ondet, spécialiste IoT & Analytics chez Orange. La dématérialisation de l'acte d'achat génère un flot de data en temps réel, qui va aider les entreprises à prendre les bonnes décisions.

Dans les usines de fabrication, l’analyse du volume des commandes va aider à comprendre les tendances dans la demande et à adapter son planning de production en conséquence. Les chaînes de production, connectées aux logiciels enregistrant les commandes, peuvent être pilotées en temps réel via des programmes qui configurent les machines en fonction du produit à préparer. Elles s’adaptent en direct à une variété de process d’assemblage et collent ainsi aux segments de produits souhaités. Un procédé utilisé par exemple par Bosch dans son usine de Hombourg, en Alsace.

Dans un tout autre domaine, le géant américain Netflix est passé de fournisseur de contenu en ligne à créateur, en s’appuyant sur plusieurs années d’analyse de données et d’observation du comportement des téléspectateurs.

Le développement des véhicules autonomes, qui verront le jour dans les années à venir, suit une logique similaire. « Les constructeurs automobiles sont en train de connecter de façon massive et native leurs véhicules », explique Olivier Ondet. « Avec cette télématique, on peut savoir où est le véhicule, combien de kilomètres il a parcourus, comment conduit la personne qui est au volant… Toutes ces informations peuvent être utilisées pour optimiser la consommation de carburant ou l’entretien du véhicule. Ces données, fournies bien sûr avec le consentement des clients, seront également importantes pour aménager les contrats d’assurance. »

 

Comment optimiser la collecte et le transport de la donnée ?

Pour disposer rapidement de données de qualité, l’enjeu pour les organisations est de créer un écosystème entre l’objet, les données produites, leur transport et leur traitement.

La collecte des données soulève des questions techniques, notamment le choix des capteurs : quel est le plus adapté à mon activité ? Comment fonctionne sa connectivité ? Quel est son mode d’alimentation ? Sa résistance aux contraintes thermiques ? Son déploiement est-il aisé ? Quel est son prix ? Des exigences juridiques sont à intégrer : dans la distribution, la banque ou chez les opérateurs télécom, des domaines dans lesquels la data est sensible, il faut depuis longtemps déjà élaborer des processus d’anonymisation et vérifier en amont le consentement des utilisateurs avant de procéder à la collecte. Ces procédés tendent à se généraliser avec le renforcement du cadre juridique européen sur la data (mise en place du GDPR).

La question du transport des données fait aussi émerger de nouveaux défis : « Dans le monde de l’IoT, se pose maintenant la question de l’autonomie, de la quantité d’énergie que va utiliser un objet pour envoyer ses informations en continu », observe Olivier Ondet. « C’est notamment pour améliorer cette autonomie qu’Orange déploie en France le réseau LoRa® bas-débit et longue portée, qui permet d’optimiser à peu près 15 fois la quantité d’énergie d’un objet. » Dans les projets d’envergure tels que la voiture connectée, la question de la couverture réseau est fortement liée à l’autonomie des objets : plus les antennes sont distantes, plus cette dernière sera faible. Opérateurs et constructeurs vont donc devoir travailler de concert pour optimiser cette couverture. Au-delà du nombre d’individus couverts, l’existence d’un réseau routier sans faille devient indispensable.

 

Prioriser la data à traiter

Comment utiliser efficacement les données à disposition ? Pour Olivier Ondet, « la donnée brute doit être transformée en information utile, qui va s’insérer dans un système de décision d’entreprise : CRM, ERP… Les savoir-faire logiciels d'un data officer ou d'un data scientist sont à ce stade déterminants ». Un circuit efficace de la donnée naîtra autant d'un écosystème de collecte et de transport que de la capacité à identifier la valeur de l'information en interne. L'entreprise va devoir organiser la circulation d’information pour qu’elle transite du producteur au collaborateur qui l'utilisera à sa pleine valeur, qu'il s'agisse d'un technicien d’intervention, d'un ouvrier sur une chaîne de montage ou d’un responsable produit. Un manager devra ainsi être en mesure d’évaluer le potentiel de certaines données et d’identifier les problématiques métiers liées.

C’est donc la prise en compte de paramètres autant techniques qu’organisationnels qui permettra à l’entreprise de comprendre et de saisir des opportunités d’amélioration, d’expérience client ou d’expérience salarié. « N’attendons pas une nouvelle révolution technique ou un produit parfait », conclut Olivier Odet. « C’est la capacité de l’entreprise à traiter au fil de l’eau les opportunités mises en lumière par la data qui la différenciera de ses concurrents ».

 

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