Le technicien augmenté en 4 questions

Usages, connectivité, performances, formation : le point sur les solutions alliées du technicien en milieu industriel.

Qu’entend-on exactement par « technicien augmenté » ?

« Le technicien qui opère sur des machines est augmenté lorsqu’il utilise des équipements technologiques lui apportant des capacités et des informations supplémentaires l’aidant à effectuer ses missions » résume Patrick Boullier, Industrie 4.0 Business Expert chez Orange Business.

Son smartphone ou sa tablette lui permettra par exemple d’être géolocalisé lorsque des raisons de sécurité le demandent : accès à certains sites avec accréditation, présence sur un lieu dangereux, etc. Il peut aussi s’équiper de lunettes ou d’un casque de réalité augmentée qui lui laissent les mains libres : des données en surimpression apparaîtront dans son champ de vision comme la température, la vibration et la consommation d’énergie de l’appareil à réparer ou à optimiser. Il aura également la possibilité de dialoguer à distance avec un expert qui pourra lui partager des documents techniques (notice, plan, images haute-définition, vidéo…).

Sur quelles technologies s’appuient ces nouveaux usages ?

Le technicien augmenté dispose d’un équipement connecté, qu’il s’agisse de son smartphone, de sa tablette, de lunettes ou d’un casque connecté avec vision immersive et surimpression 2D ou 3D. Ces équipements sont tous connectés en réseau : wifi, réseau mobile 4G et bientôt 5G, selon la localisation du technicien. Celui-ci accède aux informations sur les machines qui sont stockées soit dans les serveurs internes de l’entreprise, soit dans le cloud. Avec la 5G, la circulation de la donnée s’accélère et les informations pourront s’afficher en quasi temps réel sur les lunettes ou la tablette du technicien. L’edge computing pourra alors être utilisée pour gérer ces données en périphérie de réseau : à l’aide de micro data centers agrégeant et croisant les données, l’edge réduit ainsi les circuits de traitement et rend les objets connectés plus réactifs.

Quels sont les bénéfices concrets de ces outils ?

Un gain en sécurité d’abord, puisque l’on sait en permanence où se trouve le technicien. Des gains de productivité ensuite, car l’appel à un expert et l’accès immédiat à la documentation accélèrent l’intervention, renforcent son efficacité et évitent ainsi les réinterventions.

« Un technicien augmenté gagne jusqu’à 50 % de temps sur une intervention » estime Patrick Boullier. « Ce temps est précieux, car quelques minutes d’arrêt sur une chaîne de production peuvent engager des millions d’euros. » De plus, si l’intervention doit s’effectuer à l’étranger, l’expert n’a pas à se déplacer et travaille en distanciel avec un technicien sur place, ce qui limite à la fois les frais de l’entreprise et son empreinte carbone.

Ces solutions accélèrent également la montée en compétences des nouveaux arrivants qui se familiarisent plus rapidement aux machines et aux lignes de production grâce à des informations techniques facilement accessibles. Ils gagnent ainsi en autonomie et peuvent rapidement travailler sur des interventions sans mobiliser de second technicien pour les assister.

Le technicien a-t-il besoin d’une formation pour les utiliser ?

Les outils du technicien augmenté sont conçus pour être apprivoisés en quelques heures de manipulation. Mais cela ne veut pas dire qu’une formation soit inutile, bien au contraire. Elle guidera l’utilisateur dans sa prise en main (bien positionner l’écran de son casque pour ne pas être gêné, utiliser les commandes vocales et gestuelles…) afin d’éviter un rejet « à priori » lié à une mauvaise utilisation.

« Il est nécessaire d’accompagner ces changements », confirme Patrick Boullier. « Un casque de réalité augmentée peut être déconcertant au premier abord, c’est une nouvelle approche. Une courte formation permet à la fois d’en montrer le bon usage et le bénéfice final pour le technicien. »