Le port du futur : la data au cœur des enjeux des villes portuaires

Les grands ports mondiaux se livrent une concurrence rude pour attirer le trafic maritime dans leurs terminaux. Pour accélérer les flux et gagner en compétitivité, ils cherchent à optimiser leur fonctionnement en connectant l’ensemble des parties prenantes et en mobilisant les dernières technologies de l’information. Le point sur le port du futur !

Les enjeux de l’efficacité portuaire

Dans le cadre de l’économie globalisée, le développement des ports et leur adaptation à l’évolution du trafic maritime sont des enjeux fondamentaux pour le dynamisme des territoires qu’ils desservent. Drainant dans leur sillage de nombreux capitaux et des entreprises de tout secteur, les ports sont des vecteurs essentiels de densité du tissu économique et du bassin d’emploi. Une illustration : pas moins de 160 000 postes dépendent directement ou indirectement d’Haropa, l’ensemble réunissant les ports du Havre, de Rouen et de Paris. En outre, à elle seule, la zone industrialo-portuaire de Rouen génère 2 milliards d’euros de valeur ajoutée.
C’est donc bien la compétitivité des territoires qui est en jeu derrière celle des ports, véritables nœuds d’échanges de marchandises et de données. La gestion optimisée de ces flux est désormais l’un des facteurs clés de leur attractivité, qui repose sur l’exploitation intelligente de la data et l’efficacité de l’interface entre les parties prenantes.

La data, nerf de l’interconnexion des acteurs

Pour se démarquer et transformer en profondeur leur chaîne logistique, les smart ports misent sur le développement d’outils de gestion intelligente des données. L’idée : faire reposer le fonctionnement opérationnel sur une vision globale de l‘activité, alimentée par le Big Data et l’Internet of Things (IoT).
Autorités portuaires, compagnies maritimes, opérateurs de terminaux, douanes, transitaires, transporteurs… La multiplicité des intervenants rend la chaîne maritime, portuaire et logistique particulièrement complexe. Chaque partie prenante doit cependant être en mesure de recevoir et partager des informations pertinentes, ce que permet une communication basée sur l’IoT, afin d’optimiser les flux de marchandises.
La Hamburg Port Authority (HPA) a ainsi déployé de nombreux dispositifs (caméras, feux, capteurs…) pour contrôler l’environnement du port hanséatique (trafic, accident, pollution…), tout en mettant en place une solution Cloud pour connecter tous les acteurs, de manière centralisée. En permettant aux autorités portuaires de gérer les opérations de manière entièrement coordonnée, efficace et prévisible, l’IoT est facteur d’efficacité logistique. Le fonctionnement du smart port passe inévitablement par l’interconnexion des systèmes d’information et de communication, aussi variées les technologies soient-elles (radio, LAN, WAN, WLAN, RFID, localisation…).

Accélérer le passage des marchandises

Garante de la compétitivité des zones portuaires, la fluidité de la chaîne de service est un autre enjeu prioritaire pour les terminaux. L’innovation digitale est source d’opportunités significatives pour accélérer le traitement quantitatif et qualitatif des marchandises. Des solutions de type M2M (machine to machine) sont notamment déployées pour fluidifier le déchargement des containers sur les docks.
Technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée et décentralisée, s’appuyant sur des mécanismes cryptographiques, la blockchain pourrait également représenter une solution d’optimisation des flux pour l’industrie portuaire. Réduction des coûts, rapidité accrue, traçabilité et authenticité garanties… Ses atouts sont nombreux, mais les aspects juridiques liés à son utilisation restent aujourd’hui en suspens.

La technologie au service de la sécurité portuaire

Aspect fondamental du smart port, la sécurité bénéficie largement de l’essor du Big Data et de l’IoT. Grâce à l’analyse prédictive des données de circulation maritime à l’approche des ports, il est possible de mieux calibrer les systèmes de gestion de navigation, de reconstituer des historiques et d’anticiper plus précisément les situations dangereuses.
Site pilote en Afrique du Sud, le port de Durban a par exemple déployé un arsenal de drones (aériens et sous-marins) et de capteurs, non seulement pour surveiller le trafic, mais aussi pour inspecter les infrastructures, examiner les fonds marins, etc., le tout sans jamais interrompre les opérations.

Le smart port, centre d’une économie circulaire

Les enjeux du port intelligent ne se limitent pas à ceux de sa performance logistique, de son attractivité économique ou de sa sécurité. Il doit intégrer une approche globale responsable.
Haropa , l’alliance du grand port maritime du Havre, du grand port maritime de Rouen et du port autonome de Paris a été labellisé Best Green Port pour la 3e année consécutive en 2017. Il cherche à concrétiser le concept d’écologie industrielle en favorisant la symbiose entre les entreprises. Exemple caractéristique : les déchets des unes deviennent la source d’énergie des autres. Un échange de matières et d’informations rendu possible par la diversité des activités que concentre une zone portuaire, vecteur de complémentarités, voire de synergies.
Dans cet ordre d’idée, Amsterdam reçoit et exploite depuis plusieurs années les déchets du grand Londres, générant à la fois de nombreux projets de recherche et développement et d’importantes retombées économiques.
En favorisant l’émergence de réseaux d’interactions positives qui forment une toile industrielle intelligente, le smart port s’inscrit dans une véritable dynamique d’économie circulaire, source de croissance, d’innovation, de mobilisation et de partage des connaissances.