A quoi ressemblera le monde du travail en 2020 ?

Le réveil des machines intelligentes promet sans nuance la fin du travail tel que nous le connaissons. L’entreprise traditionnelle passe à l’heure numérique et tremble sur ses bases, bousculée par le fonctionnement des startups et la vague du freelance. Les oracles sont formels, le travail ne sera plus jamais le même. A partir de ce constat, nous avons imaginé la journée laborieuse telle qu’elle pourrait être en 2020. Nous avons suivi Camille, employée d’une grande société industrielle quatre jours sur cinq et freelance le reste du temps.

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Mise à plat des méthodes, ouverture des espaces

L’aspect le plus tangible dans la transformation du travail tient à la métamorphose des lieux et des espaces. Alors que l’on parle beaucoup d’expérience client, les entreprises devront se focaliser de plus en plus sur celle de l’employé pour retenir des talents volages et précieux. Au-delà de la bataille de bureaux extravagants que se livrent les entreprises de la Silicon Valley, l’heure est à la flexibilité dans les espaces comme dans le management. Ainsi, Deloitte indique que 64% des employés seraient prêts à accepter un salaire plus faible s’ils pouvaient travailler à distance du bureau. Dans l’organisation, les mêmes principes de souplesse s’appliquent. Dans son étude Vision technologique 2016, Accenture parle de travail “liquide” et prédit l’effacement progressif du métier face à l’avènement des profils kaléidoscopiques et polyvalents.

Pour Camille, notre salariée du futur, cette agilité nouvelle se traduit par une organisation en projets, autour de petites équipes. Pour faciliter la concentration sur une seule mission, elle retrouve ses collègues dans un tiers-lieu spécialisé dans le design industriel. L’hybridation entre bureau traditionnel et bureau “digital” s’est affinée : la collaboration en temps réel via des outils numériques s’accompagne de présentiel sur les moments cruciaux. Cette nouvelle souplesse touche jusqu’à la position du corps et Camille change régulièrement de posture grâce à son standing desk pour éviter les scléroses dues au travail assis prolongé.

Les outils sont numériques, les ressources restent humaines

Pour répondre à l’accélération des rythmes d'innovation, l’entreprise du futur doit revoir son rapport aux ressources humaines et s'appuyer sur trois piliers : la formation continue, la digitalisation des RH et l’évolution vers une culture interne de l'entrepreneuriat.

Le premier n’est pas nouveau mais peut s’appuyer sur la prolifération des MOOCs et autres outils numériques. Dans son étude Vision technologique 2016, Accenture note que les entreprises qui investissent 1500$ par employé dans la formation chaque année affichent une marge de profit moyenne 24% supérieure à ceux qui ne le font pas… Par ailleurs, l’introduction des logiques entrepreneuriales au cœur de l’entreprise va bouleverser les structures archaïques en silos et transformer le management. Chez Adobe, le programme Kickbox, permet déjà à des volontaires de proposer leurs micro-projets. Préfinancés à hauteur de 1000 dollars, les idées lancées par les « intrapreneurs » sont financées entièrement, ou abandonnées rapidement. Fail fast fail often comme dit l’adage…

Dans son futur proche, Camille suit plusieurs MOOCs sur son temps de travail pour rester au niveau. Freelance à côté de son emploi salarié, elle garde par ailleurs du temps pour ses projets personnels et espère faire financer son dernier prototype par son entreprise, via un fond dédié aux employés. Comme la plupart des membres de sa génération, elle met l’accent sur la quête de sens plus que sur le salaire.

Hommes / machines : nouveaux collaborateurs et nouvelles collaborations

La transformation la plus radicale du travail dans les années qui viennent tient sans doute aux progrès rapides de l’automatisation. L’idée d’une destruction de l’emploi par la technologie n’est pas nouvelle (cf. Keynes, 1931) mais elle prend aujourd’hui une forme nouvelle. Carl Benedikt Frey and Michael A. Osborne prévoyaient en 2013 que la moitié des emplois aux Etats-Unis allaient être remplacés par des algorithmes dans les 10 à 20 ans à venir. Plus optimiste, l’OCDE indique que 9% des emplois actuels présentent un haut risque d’automatisation. D’autres voix mettent en avant les nouvelles collaborations permises par la robotisation du travail et préfèrent parler de reconfiguration. C’est le cas de David Author, économiste au MIT qui déclarait en 2015 que “les journalistes, experts et commentateurs surestiment l’ampleur de la substitution des hommes par les machines et ignorent les fortes complémentarités qui permettent l’augmentation de la productivité, des gains ou de la demande pour une main d’œuvre qualifiée.”

Camille, elle, travaille dans une usine dite lights-out. Cela signifie qu’aucun humain n’y entre jamais, à tel point qu’il n’est pas utile de l’éclairer. Pour autant, une main d’œuvre importante et qualifiée est nécessaire à son fonctionnement. Camille et son équipe travaillent à distance, sur des fonctions de programmation, de contrôle ou de maintenance. Elle participe à l’un des plus grands bouleversements qui attendent notre économie dans les années à venir : l’internet industriel, un marché estimé à 10,6 trillions de dollars d’ici quinze ans.

S’il est complexe de prévoir exactement quel visage aura le travail en 2020, certaines lignes se dessinent clairement. Plus flexible, plus automatisé, il laisse entrevoir une reconfiguration profonde du management, de la formation ou des RH. Cependant, et à contre-pied d’un pessimisme ambiant, cette transformation profonde laisse percevoir un futur optimiste pour le travail et ceux qui le font.

« Quel rôle pour la Fonction Ressources Humaines en 2020 – 2025 », le Livre Blanc d’Orange présente de façon détaillée la nouvelle donne, en téléchargement ici.

Guillaume

 

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Guillaume LADVIE

Ancien chef de projet spécialisé dans la stratégie de contenus, le design d’expérience et la prospective, j’ai fait mes armes chez Fabernovel avant de créer mon entreprise de digital storytelling. Transformations médiatiques, culture numérique, prospective, et économie du Web forment le cœur de mon expertise.