Transition digitale en Afrique : le numérique comme levier d'inclusion

Si L’Afrique du Sud donne l’exemple en matière d’innovation, notamment grâce à une forte pénétration mobile et d’infrastructure, en Afrique, les besoins en développement sont à l’échelle d’un continent immense. Dans ce contexte, dans quelle mesure le digital peut-il être un levier de développement ? Le point avec Yannick Decaux, Country Manager Afrique du sud d’Orange Business.

 

On parle souvent de révolution numérique pour évoquer la transition digitale que vit l'Afrique. Ce terme est-il galvaudé ou le continent connaît-il effectivement une vraie révolution ?

Il se passe effectivement quelque chose de majeur en terme de transition digitale. Le principal problème de l’Afrique reste celui des infrastructures (électricité, réseau routier, transport aérien, télécommunications…). Cependant, des progrès phénoménaux ont été faits sur le réseau mobile depuis 10 ans et le taux de pénétration du mobile y est de 79% contre 51% au niveau mondial. Or, c’est ce dernier qui est le premier outil d’accès à Internet, et donc à l’information et à de nouveaux services (financiers, sanitaires…), qui transforment la vie des populations.

Dans ce contexte, Orange joue un rôle important en tant qu’investisseur et d’innovateur. Orange vient par exemple de lancer Orange Klif, un smartphone d’environ 40 dollars qui permet d’offrir un accès à internet au plus grand nombre et à un prix compétitif. Ce produit a d’ailleurs été décoré à Africacom 2015 comme « Best Device for Africa ».

 

L'Afrique du Sud donne-t-elle l’exemple aux autres pays africains ? 

L’Afrique du Sud a une avance historique en terme de pénétration mobile et d’infrastructure. Le Cap est même devenu un hub digital et beaucoup d’innovations numériques et de nouvelles applications y sont nées. Le Gouvernement français a d’ailleurs décerné à cette ville le 29 janvier le label « FrenchTech hub » dont Orange est l’un des partenaires. Cependant, le reste de l’Afrique n’est pas en reste, notamment concernant l’innovation, avec certains pays en pointe comme le Kenya sur le « mobile money ».

 

Quelles sont les spécificités du marché africain et sud-africain ? (Notamment par rapport au marché européen ou US)

Le gros défi du continent reste l’inclusion. L’Afrique compte plus d’1,1 milliard d’habitants dont 40% d’urbain. Si dans les zones urbaines des progrès significatifs ont été faits, le continent est immense, et dans beaucoup de régions il n’existe pas de services de télécommunication, notamment en large bande. Aujourd’hui, le taux de pénétration de l’internet haut débit est de 26% en Afrique, contre 42% dans le reste du monde. Dans ce contexte, beaucoup d’innovations s’appuient donc sur des solutions mobiles en bas débit, avec des applications qui fonctionnent sur le réseau 2G.

 

Dans ce contexte, dans quelle mesure le digital peut-il être un levier de développement ?

Il existe une corrélation directe entre l’accès internet haut débit et la croissance du PIB. La Banque mondiale calcule qu’une pénétration de 10 points supplémentaires de l’internet haut débit améliore le taux de croissance des pays à bas revenus de 1,38 points. Par ailleurs, le développement de nouveaux services a des impacts notoires sur la qualité de vie et le niveau social des populations. Dans le domaine de l’agriculture par exemple, certaines applications donnent un accès en temps réel aux prix du marché et permettent d’augmenter les gains des producteurs.

 

Existe-t-il des aspects sur lesquels l'Afrique est en pointe dans le domaine du numérique et dont la France pourrait s'inspirer ?

Ce qui m’a le plus surpris, c’est l’avancée du continent dans le paiement mobile internet et d’accès aux comptes bancaires en ligne. Les Africains utilisent cela depuis longtemps et le succès de M-Pesa et de Orange Money sont des exemples de cette adoption forte.

 

Quel est le rôle d'Orange et sur quel type de projet intervenez-vous ?

Aujourd’hui, Orange Business est fournisseur de services de télécommunications et informatiques à 500 grandes multinationales européennes, américaines et asiatiques actives en Afrique, et ce dans les 54 pays africains. Au-delà de cette activité, notre relai de croissance s’appuie sur l’émergence de multinationales africaines, notamment basées en Afrique du Sud et au Nigéria. Chez Orange Business, nous travaillons ainsi avec AngloGold Ashanti, plus gros mineur d’or d’Afrique ou Ecobank, première banque d’Afrique de l’Ouest et nous prospectons les 100 plus grosses multinationales du continent. En grandissant, ces entreprises rencontrent des problématiques similaires à celles des multinationales européennes ou américaines. Nous travaillons avec elles pour les aider à communiquer de manière sûre et fiable avec leurs employés et clients et développons des solutions tels que le cloud computing et l’internet des objets. Avec Orange Business elles peuvent tirer pleinement profit de la transformation Digitale.

Nous avons aussi développé une activité de Responsabilité Sociale d’Entreprise en Afrique du Sud et donnons des bourses à des jeunes défavorisés pour soutenir leur formation dans le domaine informatique – un passeport pour le monde Digital.

 

Quels sont les défis à venir pour les multinationales africaines ? Quelles seraient vos recommandations, à titre personnel, pour relever ces défis ?

Le principal enjeu des jeunes multinationales africaines est de réussir leur internationalisation pour accélérer leur croissance et diversifier leurs risques. Ce processus est difficile car chaque pays dispose de son environnement réglementaire, de sa culture auxquels s’ajoutent des problématiques de transport et de grandes distance. Orange Business peut les aider en mettant à leur disposition des infrastructures de télécom efficaces, des outils pour échanger plus facilement et s’affranchir des distances ou encore en connectant les systèmes informatiques pour de meilleures synergies et une expérience client améliorée.

 

Boris

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Boris Vallano

J’ai travaillé dans le milieu de la finance/assurance au sein de la compagnie hollandaise Aegon, puis du comparateur LesFurets.com, avant de me consacrer pleinement à l’écriture. Passionné par la transformation digitale et les innovations qui nous amènent vers la ville de demain, j’apporte aujourd’hui mon éclairage aux entreprises et au grand public.