TIC : bon ou mauvais élève du développement durable ?

green-3.gif

Chacun connait les statistiques publiées par Gartner en 2007 : l'industrie des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) représente 2% des émissions mondiales de CO2, soit autant que l'ensemble du secteur aérien. Sous de nombreux aspects, les TIC peuvent être considérées comme mauvais élèves du développement durable (DD) : les grands centres de données consomment autant d'énergie que les petites villes, le secteur des TIC produit des millions d'appareils chaque année, comprenant ordinateurs portables, routeurs, PDA et téléphones portables dont la durée de vie se situe entre deux et cinq ans, et très peu d'initiatives sont entreprises pour collecter et recycler les appareils usagés. Pour couronner le tout, les incertitudes entourant l'effet des micro-ondes sur le cerveau a

mènent les individus à penser qu'il est dangereux d'utiliser la téléphonie mobile de façon trop intensive. Faut-il alors envisager la possibilité qu'un monde durable soit un monde sans TIC ?

Bien sûr personne n'est parfait, et certaines des critiques à l'égard des TIC ont une part de vérité. La question de l'énergie consommée par les centres de données est tout à fait valable, le nombre d'appareils augmente plus rapidement que le taux de croissance économique mondiale, et le problème des micro-ondes est toujours d'actualité, même si rien n'a encore été prouvé à ce sujet.

Mais le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ?

Examinons les statistiques sous un autre angle. Si les TIC comptent pour 2 % des émissions totales de CO2, cela signifie que les autres secteurs d'activité sont à l'origine des 98 % restants. La bonne nouvelle est que les TIC peuvent contribuer à la réduction de ces 98 % en permettant l'adoption de pratiques professionnelles respectueuses de l'environnement et en étant dopant l'innovation au sein des entreprises. En juillet 2008, le Climate Group a estimé que les TIC pouvaient permettre de diviser par plus de cinq fois leur propre valeur les émissions de CO2 totales calculées à l'époque, soit un résultat conséquent de 15 % !

Comment est-ce possible ? Les TIC étant des technologies virtuelles, c'est-à-dire dématérialisées, elles peuvent facilement concurrencer les technologies matérielles, dont la mise en œuvre nécessite le déplacement de milliers de tonnes d'acier et d'autres matériaux. Les voitures, les camions et les avions se composent de tonnes de métaux et de plastiques, consomment des tonnes de pétrole et produisent des tonnes de CO2.

La ligne de conduite la plus communément adoptée consiste à réduire les déplacements effectués, grâce à la visioconférence et à d'autres outils de collaboration à distance. La messagerie instantanée, les communications unifiées, le partage de documents, la vidéo et la conférence sur le Web présentent trois avantages : ils permettent de diminuer les coûts supportés, de réduire les émissions de CO2 et d'améliorer l'équilibre travail-vie personnelle et l'esprit d'équipe. Cette constatation nous permet de rédiger une loi universelle des produits « verts » à succès : un service écologique doit procurer au moins trois avantages : une économie de coûts (délais de RSI réduits ou réduction du TCO), un avantage environnemental ou social et un troisième atout, tel que l'équilibre travail-vie privée, une meilleure productivité des employés ou une diminution du stress et de la fatigue ressentis par la direction.

Bien d'autres idées peuvent contribuer à la réduction des déplacements : les solutions de télétravail pour les employés à domicile, la gestion d'une flotte de véhicules pour optimiser les itinéraires et réduire au minimum la consommation de carburant, le télémonitorage, la télémaintenance, le réapprovisionnement spontané des distributeurs automatiques, etc.

Mais il ne s'agit pas de la seule voie possible : la virtualisation et les grilles informatiques rendront peut-être obsolètes les grands centres de données gourmands en énergie et si difficiles à refroidir. La virtualisation possède également un autre aspect positif : elle permet aux individus de travailler à distance avec n'importe quel terminal. Nul besoin de racheter un ordinateur neuf tous les deux ans, et vous pouvez travailler depuis n'importe quel endroit. Ce système procure quatre avantages : la réduction du TCO, la diminution des émissions de CO2, un meilleur équilibre travail-vie personnelle et la réduction des déchets électroniques.

D'autres solutions tiennent également compte de la dimension sociale du développement durable. La technologie de surveillance à distance permet de surveiller et de traiter les personnes âgées à domicile, sans les contraindre à quitter leur environnement familier pour un hôpital dépourvu de chaleur humaine. Une fois encore, cette solution apporte trois avantages : des soins moins coûteux, des patients plus heureux et une meilleure préservation de la planète.

Les exemples ne manquent pas : la RFID dans les chaînes d'approvisionnement, la NFC pour les micropaiements, la vidéo pour un accès distant aux services publics dans les zones rurales, etc. Le potentiel les TIC vis-à-vis du développement durable est sans limite, et j'ai tendance à approuver la déclaration du Climate Group concernant la capacité de ces technologies à réduire de 15 % les émissions de CO2 totales !

Mais cette théorie ne doit pas empêcher les sociétés d'informatique et de télécommunications de se pencher sur leur propre cas et de résoudre leurs problèmes. Nous avons la possibilité de réduire considérablement notre bilan de CO2, de mieux traiter nos déchets électroniques et de continuer à résoudre la question de l'impact des micro-ondes sur la santé humaine. En agissant de la sorte, nous pourrons faire des TIC de « bons élèves » en matière de développement durable, et construire un monde meilleur où le virtuel remplacera le matériel aussi souvent que possible.

Axel Haentjens

Directeur des Partenariats Cloud et Services Digitaux d’Orange Business, ma mission est d’animer une communauté de partenaires pour développer des propositions de valeur commune à l’intention de nos grands clients français et internationaux. Entré en 1995 dans le Groupe Orange, j’ai été successivement Directeur Stratégie et Marketing de Transpac, Directeur du Marketing de Global One, Senior Vice President Strategy d’Equant, Directeur du Marketing et de la Communication Externe d’Orange Business, et plus récemment Directeur Marketing et International d’Orange Cloud for Business. En parallèle à mes différentes fonctions, je gère la Communication sur la Responsabilité Sociale d’Entreprise d’Orange Business depuis 2006.