La ruée chinoise des producteurs d'écrans plats

note : article écrit en collaboration avec Le potentiel de croissance du marché chinois attire les acteurs japonais, coréens et taiwanais du secteur. Les vieilles lignes de production peuvent y trouver une seconde vie mais les investissements directs vont être importants.

Les  producteurs coréens et japonais d'écrans plats vont progressivement augmenter leur production d'écrans dit à rétro-éclairage LED, plus efficaces, plus économes en énergie et plus jolis que les écrans à LCD traditionnels. Si Samsung a pris l'initiative de ce mouvement, il va avoir de nombreux imitateurs. D'ici à la fin de l'année, Sharp va inaugurer son usine du port de Sakaï, près d'Osaka. Le groupe a passé un accord de partenariat et d'échange technologique avec Sony. Il est maintenant certain de pouvoir compter sur des livraisons en masse. D'autres acteurs vont aussi foncer sur le segment de marché des LED. Ces écrans coûtent pour l'instant plus cher à construire que les écrans LCD traditionnels mais ils devraient régulièrement devenir moins onéreux (loi d'Haitz). Les producteurs ont maintenant une question à régler : que faire des usines LCD qui vont devenir obsolètes, notamment les lignes de production de petits écrans ?

Les transférer en Chine semble la réponse évidente. En dépit de la crise économique, le marché progresse toujours. Selon le cabinet d'étude DisplayResearch, les ventes d'écrans plats LCD devrait atteindre 23,6 millions d'unité cette année, soit 76% de plus qu'en 2008. Le gouvernement chinois a tenté de mettre sur pied un mécanisme de subvention pour permettre aux ménages modestes de s'offrir une télévision moderne mais cela n'a pas vraiment fonctionné. Dans les petits villages, on semble préférer les écrans cathodiques car ils peuvent, le cas échéant, être plus facilement réparés. Cette situation pourrait évoluer avec les transferts de technologie japonaise, coréenne, voire taiwanaise.

Toshiba a tiré le premier en établissant un joint venture avec une société chinoise pour produire des petits et moyens écrans. Toshiba Mobile Display, une filiale du groupe japonais, s'est allié au chinois Greentech group et à une société d'investissement de Hong Kong. Toshiba Mobile Display possédera 20% de la nouvelle société, le niveau final étant déterminé par la valeur des actifs transférés. Sharp, qui vient de fermer son usine N°1 de Kameyama, cherche également un partenaire chinois.

En Corée du Sud, LG Display a pris les devants en annonçant la signature d'un accord cadre avec le gouvernement de Guanhgzhou pour construire une usine dite de huitième génération destinée à la production d'écrans de 50 pouces. Cela sera sa troisième usine en Chine. Il est en négociation active avec le chinois TPV Technology. Samsung ne sera pas en reste. Le groupe a indiqué dans un de ses rapports annuels qu'il avait l'intention de construire une nouvelle usine en Chine. On parle d'un investissement de plus de 2 milliards d'euros pour une usine fort moderne de onzième génération. Enfin, le taiwanais Chi Mei a prévu lui aussi un investissement conséquent pour une usine de huitième génération.

Ces unités devraient rentrer en production pendant le deuxième semestre 2011 avec, pour conséquences, une possible contraction des marges en 2012.

 

LED vs LCD, le match

Un écran LCD (« liquid crystal display ») est loin d'être efficace pour gérer la source lumineuse car la« cellule » d'un écran LCD ne produit pas de la lumière : elle filtre une source lumineuse arrière pour la transformer en image. Dans ce processus, seulement 5% de la lumière sont transformés, les autres 95% sont dissipés. Or, la source lumineuse arrière représente environ 40% du coût de production d'un écran LCD.

Le principal défi pour les producteurs d'écrans est d'obtenir un bon contraste entre les noirs et les blancs. Le meilleur moyen d'y parvenir ? Avoir de très bons noirs, mais c'est plutôt difficile avec les vieux écrans LCD. La source lumineuse, fourni par une lampe fluorescente, (cold cathode fluorescent lamp, CCFL) , n'est pas modulable du tout : elle est soit allumée, soit éteinte.

Avec l'emploi des diodes électroluminescentes (LED), l'efficacité et le contraste sont meilleurs. La LED est placée soit directement derrière la cellule LCD, soit sur le bord de l'écran. Dans ces cas, la source lumineuse est transférée par une sorte de tunnel. De plus, l'intensité lumineuse est modulée en fonction de l'image inscrite sur l'écran. Une vidéo sombre consomme moins de lumière, donc moins d'énergie.
Nicolas Jacquey
Pascal Boulard

nsp