Objets connectés : vers une totale transparence vis-à-vis des assurances ?

Impossible aujourd’hui de ne pas être au fait de l’avènement des objets connectés. En l’espace de quelques mois, ils sont devenus omniprésents tant dans les médias que dans nos vies et ont même volé la vedette aux Smartphones lors du Mobile World Congress de Barcelone. Et pour cause : Le marché de l’Internet of Things (IoT) est estimé à 7 100 milliards de dollars et 50 milliards d’objets connectés d’ici à 2020.

Le secteur des assurances est l’un des premiers concerné par cette évolution. En effet, les données générées par les objets connectés vont permettre de discerner de plus en plus précisément les profils des assurés : les assurances pourront ainsi adapter les contrats ! Mais avec quelles limites ces data seront-elles utilisées ? Deux profils de consommateurs se dessinent dès lors : les « enjoués » à l’idée de réduire leurs dépenses d’assurance en l’échange de l’utilisation des objets connectés, et ceux plus « méfiants » quant à cette pratique.

« Economiser de l’argent juste en portant une montre ? Où est-ce que je signe ?! »

Le contexte économique contraint les consommateurs à réduire leurs dépenses. Pour ne pas payer un risque qu’ils ne représentent pas, certains assurés choisiront de donner volontairement, via les objets connectés, toujours plus d’informations. Dans cette optique beaucoup ont déjà adopté des applications comme « AXA Drive » d’AXA, réduisant les primes de risque en échange d’une transparence totale sur leur comportement au volant. Nous ne sommes cependant qu’au début de ces pratiques.

Ce postulat implique un renouveau dans la relation assuré-assureur. En effet, dès demain, l’avènement des voitures, des montres, des maisons connectées permettra, via les données restituées, d’évaluer un score perpétuellement mis à jour. De fait, un dialogue régulier qui n’existe pas encore aujourd’hui va apparaître entre les deux parties. Les compagnies d’assurance vont adopter un nouveau rôle : celui de responsable du capital santé et sécurité de ses assurés. Quand l’analyse des données leur permettra d’identifier les assurés qui courent des risques, il sera plus facile de conseiller pour corriger les habitudes dangereuses… Mais c’est ici que l’utilisation des données atteint sa limite !

mutualisation vs individualisation 

Voici le point épineux auquel l’enthousiasme des assureurs se confronte : les contrats, de plus en plus précis, pourraient très rapidement devenir ad hoc. Gontran Peubez, Directeur de conseil chez Deloitte prévient : « l’un des pièges à éviter est de pousser à ses limites un système fondé sur la mutualisation. En effet, si à la fois les données plus nombreuses et les moyens d'analyse plus pertinents permettent par exemple une tarification extrêmement fine, quasiment individualisée, quelle place restera-t-il à la mutualisation ? »

Si l'on pousse cette idée à l’extrême, le business model même des assurances pourrait être remis en cause, ce dernier étant par définition basé sur la mutualisation. En effet, on pourrait craindre que les personnes jugées « à risque » refusent de souscrire des assurances non obligatoires car elles devraient les payer au prix fort ! De fait, les assurances n’auraient plus les fonds nécessaires pour assurer la prise en charge des dommages…

« Une surveillance sans limite ? Très peu pour moi. »

Bien entendu, la question de l’éthique est au cœur du débat. Jusqu’où les assurances peuvent elles aller dans l’utilisation des données ? Et qu’en est-il des données médicales ? Officiellement, elles ne seront jamais utilisées. Cependant, certaines datas issues des montres connectées sont déjà récoltées, comme dans la campagne « pulsez votre santé avec AXA ». Ici, l’assureur récolte le nombre de pas quotidien des assurés (avec l’accord explicite de ces-derniers) dans le cadre d’un concours.

Que se passera-t-il demain quand nous souhaiterons sauter une séance de sport ? Ou quand l’envie nous prendra de manger gras ? Quand tout sera mesurable, devrons-nous réfléchir à notre prime à l’assurance avant chaque écart ?

Robin Fanthou

crédit photo : © Warakorn

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Robin Fanthou

Etudiant en stage de marketing chez Orange Application for Business, j’ai littéralement grandi au fil des nouvelles technologies. Y apportant un intérêt certain, je n’y suis pas pour autant addict !  Je préfère y apporter un regard critique et évaluer les réels changements impliqués par chaque nouveauté.
Pour ce qui est de la vie, je suis plus rugby, voyages et cinéma