L’Internet des objets : une opportunité pour la sécurité individuelle en usine

Une bonne partie des accidents au travail pourraient être évités chaque année, avec à la clé une répercussion positive sur le bien-être des collaborateurs et la productivité de l’entreprise. Comment ? En s’appuyant notamment sur les avancées du digital et sur la démocratisation des smartphones et des objets connectés, qui rendent plus accessibles des solutions permettant d’améliorer la sécurité au travail.

La sécurité au travail, un enjeu permanent

Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), on compte chaque année dans le monde environ 374 millions d’accidents et de blessures au travail, dont beaucoup pourraient être évités. D’ailleurs, il incombe généralement à l’employeur de veiller à ce que ses équipes bénéficient d’un environnement de travail sûr.

Outre l’impact humain direct de la sécurité au travail, il y a également un impact sur la performance de l’entreprise. Les accidents et les blessures au travail ont un impact majeur sur le moral et la productivité des équipes : les entreprises peuvent donc en souffrir financièrement. Rien qu’aux États-Unis, 27 millions de journées de travail sont perdues chaque année en raison de blessures et de maladies professionnelles, ce qui représente un manque à gagner de plus de 220 milliards de dollars pour les employeurs. En plus de ce coût, l’effet sur les primes d’assurance est également négatif.

Alors, que faire ? La digitalisation apporte aujourd’hui des réponses efficaces. Historiquement, les technologies offrent des solutions de sécurité individuelle au travail depuis un certain temps déjà, mais de façon très spécifique et limitée. Certains sites industriels se sont munis de dispositifs d’alarme pour travailleurs isolés (DATI) : des boîtiers à porter à la ceinture qui déclenchent une alarme si le travailleur tombe ou cesse de bouger, par exemple à la suite d’un accident ou d’une inhalation de gaz. Ces solutions sont efficaces, mais elles restent limitées à des applications dédiées et s’appuient sur des serveurs et des réseaux spécialisés. Elles sont également assez onéreuses et, en raison de leur ancienneté, ne sont guère convergentes avec d’autres solutions.

Tirer parti des capacités des smartphones

Chez Orange, nous étudions le potentiel de solutions plus intelligentes et personnalisables pour la sécurité des collaborateurs. Si l’on considère qu’aujourd’hui chacun porte sur lui un smartphone, nous pouvons mettre à profit les technologies de géolocalisation de l’Internet des Objets (IoT) pour transformer ce smartphone en outil de sécurité au travail.

Nos clients adoptent désormais nos applications de sécurité dans les smartphones. Celles-ci utilisent les possibilités de cet appareil pour configurer et enrichir les touches ou les boutons qui déclenchent les alertes. En outre, ces applications permettent de personnaliser les signalements en configurant des alertes contextuelles et en définissant qui sera alerté en cas d’incident.

Les smartphones sont également capables de communiquer de façon autonome : si un travailleur est immobile, l’appareil peut effectuer un appel d’urgence automatiquement. À l’autre bout de la ligne, le responsable des services d’urgence peut alors rappeler le collaborateur immobile sur sa ligne téléphonique pour l’interroger, en augmentant le volume si nécessaire.

Bénéfice supplémentaire : choisir un smartphone, réceptacle d’applications métiers et d’outils de sécurité est une façon de diminuer la kyrielle d’appareils divers portés à la ceinture par les collaborateurs.

Davantage d’accessoires à porter disponibles

En plus des possibilités offertes par le smartphone, des objets connectés arrivent sur le marché. Des capteurs peuvent détecter toutes sortes d’événements et identifier l’orientation, la chute, l’inclinaison, le mouvement, le positionnement, les chocs ou les vibrations. Ils peuvent également localiser les événements, détecter les gaz dangereux ou surveiller les conditions de travail en termes d’humidité, de température ou de niveau sonore. La combinaison de ces informations peut s’avérer extrêmement utile dans les environnements de travail dangereux ou difficiles, pour suivre en temps réel ce qui se passe et prévenir ou détecter les accidents.

Beaucoup d’accidents du travail pourraient être mieux gérés voire évités si le statut des travailleurs était connu en permanence. L’IoT semble donc porter une partie de cette promesse : suivre et transmettre en temps réel des informations sur l’environnement et les conditions de travail. À tel point que certains outils et applications font le pari de surveiller les données biométriques des collaborateurs pour établir des bilans sur leur santé et leur bien-être et mesurer la pénibilité de leur activité… Attention toutefois à respecter les réglementations du travail et sur les données de santé, conformément au RGDP – Règlement Européen sur les Données Personnelles.

Les Équipements de Protection Individuels sont obligatoires

Un autre domaine où les applications et les outils de l’IoT ont un impact positif sur le lieu de travail est celui des équipements de protection individuels. Il existe par exemple des situations où la réglementation exige qu’une personne qui pénètre sur une zone porte, par exemple, une veste jaune haute visibilité et des lunettes de sécurité, ainsi qu’un casque. Au-delà d’une saine formation et d’une communication préventive, l’entreprise hôte n’est pas toujours en mesure de vérifier, à tout moment et sur chaque zone du site, que les collaborateurs et les visiteurs se conforment effectivement aux bons usages. Ces EPI- Équipements de Protection Individuelle- ont par conséquent vocation à devenir connectés. Les responsables de la sécurité pourront dès lors compter et localiser les collaborateurs… et contrôler plus aisément la conformité « vestimentaire » des intervenants. Combiner les solutions de géolocalisation et de contextualisation avec les technologies de contrôle d’accès, voilà un autre défi pour l’IoT au service de la sécurité au travail.

Les réseaux, un des maillons de la sécurité des personnes

L’une des clefs de la réussite de ces dispositifs est qu’ils soient autonomes et capables de communiquer des alertes sur les réseaux les plus standards possibles, tels que LoRa ou le réseau cellulaire 3G/4G et bientôt le LTE-M. Ces dispositifs peuvent également fonctionner en utilisant les connectivités de courte portée en local comme Bluetooth ou le Wi-Fi... Ils peuvent aussi utiliser le smartphone comme passerelle. Orange travaille actuellement sur des essais et concepts d’accessoires de sécurité connectés qui transmettent les événements et la géolocalisation à l’aide de l’infrastructure réseau la plus appropriée. Car en matière de géolocalisation, le réseau radio utilisé et sa densité sont des éléments essentiels à la précision : de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres, en 2D, en 3D, de manière continue ou non. On comprend que la géolocalisation la plus juste est primordiale lorsqu’il s’agit de prévenir des collisions, compter sur zone ou assister le travailleur isolé.

Trouver le bon compromis

Chaque chef de projet doit ainsi travailler à trouver le bon compromis entre la performance de localisation qu’un processus exige, le choix du réseau qui va assurer cette localisation et celui de l’objet connecté. Il doit aussi se poser des questions telles que : l’employé est-il couvert partout où cela est nécessaire ? Le réseau qui transporte les alertes est-il suffisamment fiable ? La connexion au réseau du dispositif de sécurité est-elle simple à réaliser par la personne qui l’utilise au quotidien ?

Pour aller plus loin

Quel casting pour les objets connectés chez Orange ?

Isabelle Finkler

Isabelle Finkler dirige le programme Campus Industriel Numérique d’Orange Business. Elle développe des opportunités business liées au digital, dans le cadre de l’Industrie 4.0 : l’utilisation des technologies de réseaux radio actuelles et futures, telles que LPWA, 4G et 5G, les technologies liées à l’Internet des Objets et les environnements de travail adaptés aux équipes sur le terrain.