Mondialisons le diagnostic de nos images médicales !

En associant deux des paradigmes de la révolution industrielle actuelle, la digitalisation des informations et la montée en débit des réseaux de télécommunications, on peut pressentir comment pourrait évoluer à terme l’écosystème du traitement (diagnostic) de l’imagerie médicale.

dépasser l’archaïsme actuel


Alors qu’on est aujourd’hui capable de numériser en haute qualité les images médicales, quand on en vient à leur interprétation, les modes de fonctionnement actuels restent très locaux ou artisanaux….

Intéressons-nous par exemple à l’anatomo cytopathologie (spécialité médicale qui étudie les lésions de cellules, tissus ou organes prélevés chez le patient dans le cas de suspicion de cancer notamment). Alors que la confrontation de point de vue entre spécialistes est importante dans certains cas pour poser le diagnostic, dans de nombreux laboratoires, elle ne se fait soit que par utilisation d’un microscope multitête (les spécialistes étant donc tous dans la même pièce) ou bien par envoi de boîtes de lames par la poste, ce qui prend du temps...

D’autant plus que la démographie médicale n’allant pas en s’arrangeant, trouver et regrouper des médecins spécialistes dans certains domaines peut s’avérer de plus en plus ardu.

Distribuer les interprétations au niveau local… et même mondial !


Pourquoi donc ne pas mettre en place un système de distribution des interprétations pour rationaliser les expertises ?

Pour parodier des « mécanismes existants », on peut imaginer que les images soient «  mises aux enchères » (il s’agit bien entendu d’une image !) après anonymisation de l’identité du patient (ou autre mécanisme de nature suffisante pour préserver l’anonymat) sur une plateforme dématérialisée, de la même manière que celle dont procèdent les chauffeurs de taxi pour répondre à la demande de course d’un client…

Le chauffeur disponible (en d’autres termes le premier professionnel de santé habilité disponible possédant les compétences nécessaires dans la spécialité requise) répond et « prend la course ». Un système gestion et de localisation peut établir des priorités « géographiques » permettant une réponse dans un temps minimal et faisant intervenir les spécialistes pertinents situés dans un « cercle » de tant de km, puis à l’échelle régionale puis nationale, puis pourquoi pas sur une sorte d’espace européen (genre de Schengen médical !) puis finalement mondial.

C’est un peu l’idée qui a été mise en place à Madagascar pour le déploiement de la téléexpertise mais il faudrait la généraliser au niveau mondial.


Idéalement le système devrait être également compatible avec des rétributions à l’acte, gérées par paiements électroniques, compatibles avec les différents systèmes de gestion des dépenses de santé (sécurité sociale, entre autres).

On peut alors penser que dans une stratégie idéale, le temps d’attente deviendrait négligeable pour obtenir les compte rendus et résultats d’analyse de l’imagerie médicale d’un patient.

Au final, grâce à l’ensemble des disciplines mises en œuvre, aux progrès réalisés à la fois sur le plan scientifique et sur le plan des pratiques et usages dans le domaine de l’imagerie médicale, on devrait rapidement pouvoir rajouter un mot de 25 lettres « téléanatomocytopathologie » dans la langue française et ne plus être limité à « anticonstitutionnellement » dans le jeu du mot le plus long…

Jean-Marc

 

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Jean-Marc Temerson

Ingénieur de recherche au sein d’Orange Labs, j’ai piloté et participé à divers projets collaboratifs européens, et suis actuellement impliqué dans un projet collaboratif national de télémédecine ayant trait à l’imagerie médicale.