les vêtements connectés vont révolutionner le quantified self

Pour la première fois depuis sa création en 1967, le Consumer Electronics Show de Las Vegas, salon mondial consacré aux high-tech qui a lieu chaque année en janvier, a présenté un espace entièrement consacré à la mode. En fait, un espace dédié aux textiles connectés ! Avec l’avènement des objets connectés, le quantified self ou « l’auto mesure de soi » se fait de plus en plus présent dans notre quotidien et un nouveau type de « wearable » apparaît.
Un T-shirt capable de mesurer notre rythme cardiaque, un short mesurant la distance parcourue ou GPS intégré à notre t-shirt, de la fiction ? Non, une réalité qui vient encore bouleverser le monde de la santé.

Un vêtement connecté oui, mais comment ça fonctionne ?


Composés de tissus technologiques formés grâce à des fibres classiques entremêlées avec des capteurs miniatures, ces textiles connectés permettent de suivre, mesurer et analyser toutes les activités quotidiennes d’une personne. Il faut dire qu’on n’a pas trouvé mieux question proximité avec le corps car une fois qu’on les a enfilés, nous gardons nos vêtements toute la journée à même notre peau : ils sont donc très bien placés pour parler de nous !

Le principe est quasiment le même que pour les bracelets connectés, les capteurs mesurent le rythme cardiaque, l’intensité des mouvements ou la sudation puis transmettent directement les informations vers une application mobile ou un site en ligne. Toutes ces données sont envoyées dans le cloud pour ensuite être visualisées sur un smartphone, une tablette ou un ordinateur.

 

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Est-ce gênant à porter ? Il est légitime de le penser au vu du nombre de capteurs et de fibres composant ces vêtements mais Joanne Berzowskan, chef du département Electronic Textile chez OMSignal, l’affirme : « Nous arrivons à tisser littéralement de l’informatique ». La société assure que le vêtement se comporte comme une deuxième peau. Pas de risques de court-circuit, ces textiles sont conçus pour résister à l’eau. Ils sont même lavables en machine !

le vêtement intelligent : un marché encore en développement


Si plusieurs sociétés s’engagent dans ce marché des vêtements connectés, et même si de grands groupes comme Apple ou Intel planchent sur la question, il reste encore naissant. En France, la société lyonnaise Cityzen Sciences s’est spécialisée dans ce secteur depuis 2008 à travers son projet Smart Sensing.

Mais pourquoi un tel engouement autour des vêtements intelligents quand on sait que les objets connectés font les gros titres ? D’après Shawn Dubravac : " C'est un secteur en croissance d'abord parce que la technologie est plus facile à intégrer, il est désormais possible de connecter le smartphone directement à son t-shirt par exemple ".  Une étude récente de Forrester montre même que 12% de la population adulte américaine s’imagine très bien porter des vêtements intelligents.

Par ailleurs, cette technologie a l’avantage d’être placée au plus près de l’endroit mesuré. Si vous marchez ou courez, il est préférable de mettre des capteurs sur une chaussette, par exemple, que sur un bracelet. En effet, le textile permet une meilleure précision et une meilleure fiabilité.

du textile connecté à la santé connecté


L'Europe aura été l'une des premières à parier sur le textile intelligent, lorsqu'en 2005 Bruxelles finance Biotex, un programme de recherche visant à élaborer des textiles connectés pour un suivi de personnes à la santé fragile.

On a donc bien d’abord pensé aux applications santé de ce genre de technologies avant de dériver vers d’autres usages. Depuis, d'autres acteurs sont apparus proposant des vêtements de plus en plus intelligents dans une multitude de domaines :

  • pour le bien-être et le divertissement : certains vêtements changent désormais de couleurs selon votre humeur ou calculent votre temps de sommeil idéal.
  • pour le fitness : maillots, chaussettes, semelles deviennent des outils d'auto-mesure et de coaching qui calculent et communiquent nombre de foulées, degré de sudation, fréquence cardiaque, état de fatigue…
  • pour les athlètes de haut niveau : différents équipements permettent d'améliorer les performances des athlètes tout en réduisant les risques de blessures.
  • pour la télésurveillance des personnes à risque : des vêtements spécifiques pour femmes enceintes, bébés, personnes âgées, ou même pompiers, détectent les phénomènes corporels inhabituels pour mieux donner l'alerte.
  • pour le traitement des maladies chroniques : certains vêtements pourraient veiller sur l'hypertension, appeler un numéro d'urgence, ou même injecter une dose d'insuline à un diabétique.

À Grenoble, l’université Joseph Fourier a développé une chaussette pour diabétiques dont l’objectif est de mettre en place un système de prévention afin de diagnostiquer rapidement les pathologies du pied grâce à un capteur de pression 100% textile.

Autre invention, le Mimo Baby Body qui est, comme son nom l’indique, un body connecté permettant de surveiller la température, la respiration ou la position (dos/ ventre) du nourrisson et alerte les parents en cas de danger directement sur leur smartphone.

Le potentiel de développement de ce marché est donc énorme, mais pour le moment, le catalogue proposé et l’attractivité des produits restent assez faibles notamment à cause d’un prix fort. D’après l’Observatoire des Textiles Techniques, le marché des vêtements connectés pourrait atteindre 1,8 milliard de dollars en 2015. À l'avenir, les champs d'utilisation des textiles intelligents pourraient être infinis si bien que François Hollande et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg ont intégré ce secteur parmi l’un des 34 domaines du Programme d’Investissements d’Avenir.

Affaire à suivre.

Lahiru.

 

crédit photo : © Spectral-Design

 

Lahiru Weladawe

Stagiaire en tant qu’assistant community manager chez Orange Healthcare, je prépare un master en communication numérique. Un goût assumé pour le lifestyle et les innovations technologiques, je me tiens informé de l’actu en général.