gestion des licences et virtualisation: levons les tabous (part 1)

Ca y est, votre projet de virtualisation prend le bon chemin. La direction a compris l'intérêt de la virtualisation après ce premier projet de consolidation. Vous avez fait des P2V des très vielles machines et vous avez mis tous vos « petits » serveurs sur quelques hyperviseurs bien taillés.

Depuis le début de ce workshop stratégique,  vous expliquez aux décideurs comment passer à la vitesse supérieure en virtualisant tout ce qui est possible et même les postes de travail. Alors même que vous montrez un ROI positif, le directeur adjoint vous pose alors cette question fatidique : « peut-on revenir sur la question des licences : je ne comprends pas très bien comment cela peut me couter moins cher tout en gardant le même nombre de serveurs même s'ils sont virtuels, et d'autre part, combien  dois-je déclarer de licences avec toutes ces machines qui vont et viennent parfois en mois de 24h ? ».

Voilà quelques pistes pour vous aider à répondre à cette question.

Tout d'abord, sachez le, cette question n'est pas simple du tout, au point que certains la nomme « la question tabou ». L'enjeu est tel qu'on commence à voir émerger des cellules d'optimisation de gestion des licences dans les sociétés. La vérité c'est qu'aujourd'hui, les technologies matérielles et logicielles vont plus vite que la mise au point des process et des modes de licences qui les gouvernes.

Après le serveur autonome, le serveur en réseau et le PC, l'architecture des infrastructures est devenue un millefeuille où les couches de virtualisation côtoient les couches métier, présentation, multimédia, communication (je vous recommande à ce propos les excellents articles de Patrice Boukobza et Olivier Domy sur les architectures en couche). Les licences qui les accompagnent sont autant de couches qui se superposent. Aujourd'hui, par exemple, pour éditer votre document Word vous pouvez avoir du acquérir les licences suivantes dans le cadre d'une infrastructure centralisée et virtualisée : licence VMware pour l'hyperviseur, licence Windows server, licence Citrix et licence Terminal Server pour la publication, licence App-V pour la virtualisation de l'application, licence office pour Word et bien sur, la licence de votre PC avec Seven. Si vous avez décidé de l'accéder en poste VDI Xendesktop, vous remplacez la licence Windows server par une licence Windows Seven et une licence VECD (licence Microsoft pour avoir le droit d'accéder un poste de travail virtuel Microsoft). Et voilà, vous venez de voir le coté sombre de la force !

Coté coût, les éditeurs ont bien compris qu'il ne fallait pas que la somme de ces licences dépasse le coût d'une infrastructure physique, ce qui aurait été le cas, à la licence VECD près. Apparaissent alors de nombreuses règles de licensing en environnement de virtualisation pour équilibrer les coûts entre les approches physiques et virtuelles. Et là vous allez voir qu'il y a vraiment des combinaisons gagnantes et d'autres perdantes, voir impossibles. De plus chaque éditeur a aussi une approche verticale où chaque volumétrie de licence amène son lot de règles. Enfin vous découvrirez dans cette série d'articles qu'il y a encore des « trous d'air» dans le Cloud, des usages tout à fait réels et pertinents, mais dont le licensing va à l'encontre ou bien dont le nombre de licences n'est pas quantifiable.

La licence par processeur


Lorsque que les premiers processeurs multi-cœurs sont  arrivés, les clients ont connu leur première zone de turbulence : lorsqu'on l'on paie une utilisation par processeur, entend-on par socket physique ou par cœur ? Les éditeurs se sont retrouvés sous la pression des clients qui ne pouvaient pas accepter de payer deux fois le prix, allant par là à l'encontre de la montée en puissance des processeurs. Cette situation a permis de clarifier un point : désormais, lorsqu'on parle de processeur pour une licence, on parle du socket physique dans la plupart des cas. Cette clarification fut une  nouvelle qui allait devenir une encore meilleure nouvelle chaque année. En effet,  depuis 2005, les serveurs n'ont pas besoin de plus de processeurs car c'est le nombre de cœurs qui augmentent : conclusion, la facture reste la même.
Afin de rétablir leur marge, Oracle utilise un coefficient multiplicateur de 0,5 par cœur Xeon et VMware, dans sa dernière version vSphere vient d'introduire un nombre maximal de cœur par processeur pour les licences intermédiaires.
Commençons notre parcours par la licence du système d'exploitation

La licence du système d'exploitation

Microsoft a plusieurs niveaux de licence de ses OS serveurs, tous autorisés et supportés dans une machine virtuelle. La version Enterprise permet pour chaque licence acquise d'avoir quatre machines virtuelles tournant avec cette même licence. Mais il ne faut pas oublier que ces quatre instances sont pour une machine donnée. Si vous avez plusieurs serveurs physiques, vous ne pouvez pas faire la somme globale du nombre de VM et diviser par quatre pour connaître le nombre de licences à acheter. Le vrai calcul consiste à connaitre, à chaque instant, pour chaque machine physique, le nombre de VM de la machine physique, diviser par quatre et faire la somme de toutes ces licences. Attention, le simple fait d'avoir une licence en volume (une clef active une certaine quantité d'OS), ne suffit pas pour la virtualisation. Il y a un délai minimum de 90 jours pendant lesquels vous ne pouvez pas changer d'hôte physique. Vous l'aurez bien compris en lisant ces lignes : impossible, contre productif, inadapté, plus cher. Seule la licence Datacenter est une vraie licence adaptée à la virtualisation puisqu'elle offre un nombre illimité de VM par machine physique, et ce quelque soit l'OS dans chacune de ces VMs. Cette licence se paye par processeur physique et devient rentable à partir de 16 VMs par serveur bi-processeur. Cerise sur le gateau : peu importe l'hyperviseur (Hyper-V, VMware, XenServer).
Vous trouverez ici les dernières règles concernant Window 2008 R2 et le licensing

RedHat a lui une politique de licence différente pour ... Vmware seulement. Elle permet de réduire par un facteur dix la facture suivant les cas.
La distribution Suse (Novell) va quant à elle encore plus loin puisqu'elle a une stratégie d'encouragement en autorisant, pour l'achat d'une licence, un nombre illimité d'instances de Suse quelque soit le nombre de CPU ou l'hyperviseur.

Voyons dans le prochain article ce qu'il en est des licences pour le poste de travail (VDI)

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