Rapprochement bien-être et santé : l’IoT comme trait d’union - Partie 1

Dès 1946, l’OMS définissait la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » : au-delà d’une définition strictement médicale et scientifique, l’OMS faisait donc déjà du bien-être une composante de la santé.

Malgré cela, notre société occidentale a longtemps porté une définition plus étroite de la santé, centrée sur ses aspects médicaux et scientifiques, sans forcément considérer les pratiques associées au bien-être (nutrition, activité physique, sommeil, mental mais aussi vie de famille, environnement…) comme déterminantes d’une bonne santé.

Une contribution active des autorités de santé dans le rapprochement du bien-être avec le monde médical

« 5 fruits et légumes par jour », « 10 000 pas par jour »… Qui n’a jamais entendu ces recommandations portées par les autorités de santé ? Elles témoignent d’une volonté de rapprochement entre bien-être et santé à destination du grand public, en promouvant l’idée qu’un comportement vertueux (par exemple faire attention à sa nutrition) dans une logique de prévention primaire quotidienne contribue à un meilleur état de santé (réduction des risques de maladies cardiovasculaires, d’hypertension ou de diabète entre autres).

De plus, depuis la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016, en vertu de l’article L.1142‑30, une activité physique adaptée peut être prescrite par les médecins « dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une maladie de longue durée ». Les moyens mobilisés ainsi que la validation d’un remboursement par l’assurance maladie démontrent que le sujet est pris au sérieux par les autorités de santé.

De plus en plus d’initiatives concrètes portées par les acteurs du monde médical

De récentes études médicales démontrent l’intérêt de suivre les données environnementales, composantes du bien-être, dans le diagnostic et le suivi du traitement de certaines pathologies, notamment chroniques. D’autres études évoquent également les bénéfices de l’activité physique en prévention tertiaire, pour les patients atteints de cancers. Ses effets portent sur de nombreux aspects : prévention d’un déconditionnement physique, amélioration globale de la qualité de vie et de la tolérance aux traitements ou encore allongement de l’espérance de vie et une réduction du risque de récidive.

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De même, l’amélioration de l’estime de soi ou la pratique du yoga participent de manière avérée à une amélioration globale de la qualité de vie des patients sous traitement. Ces pratiques sont activement promues, notamment dans le cadre des soins de support ou de programmes complémentaires développés par les établissements (ex : programme « Mieux vivre le cancer » à l’Institut Gustave Roussy).

Pour le diabète, le suivi de données non médicales d’un patient, facilité par le e-coaching (nutrition et dépenses caloriques, activité physique réalisée…) a un effet sur les habitudes alimentaires, le poids et l'obésité abdominale mais aussi sur la régulation de l'HbA1c (hémoglobine glyquée, indicateur médical clé dans le suivi du diabète), comme le montre la récente étude Anode DT2 conduite par l’AP-HP et l’INSERM.

Enfin, dans le cadre du traitement de la polyarthrite rhumatoïde et spondylarthrite, l’étude ActConnect (Sanoia/AP-HP/Orange) menée cette année tend à montrer que les poussées dans les rhumatismes inflammatoires peuvent être détectées en amont grâce à un tracker d’activité (bracelet standard du marché avec mesure des mouvements) couplé à des technologies de Machine Learning.

Rapprochement bien-être et santé : l’IoT comme trait d’union

Les exemples concrets cités ci-dessus témoignent d’une évolution progressive culturelle et sociétale rendue possible par les progrès de la technologie qui joue un rôle prépondérant dans le rapprochement des univers du médical et du bien-être.

Côté santé, les appareils médicaux connectés commencent à se diffuser auprès des patients atteints de maladies chroniques telles que le diabète ou l’asthme (auto-tensiomètre, glucomètre, pompe à insuline connectés). En France, 10% des malades chroniques possèdent déjà un objet connecté de santé, un taux qui monte à 20% parmi les personnes diabétiques (Lab e-Santé, juin 2015).

Côté bien-être, l’Internet des Objets (IoT) pour le grand public est en plein essor depuis quelques années et participe fortement au rapprochement entre bien-être et santé. Le marché des bracelets connectés grand public et des smartwatchs pour le sport est en croissance, avec une offre de plus en plus diversifiée (balances connectées, ou encore bandeaux connectés pour l’amélioration du sommeil…)

En France, selon les chiffres de l’Institut GFK, 1,22 million de bracelets connectés et montres intelligentes ont été vendus en 2015. Bien que leur vocation initiale concerne le bien-être, ces objets pourraient à terme être utilisés comme moyens de prévention et de personnalisation des prises en charge médicales avec l’intégration de leurs données dans le suivi thérapeutique et leur inclusion dans le dossier médical des patients.

Ce phénomène impacte même la sphère professionnelle. De nombreuses entreprises engagent des réflexions sur les moyens d’optimiser le bien-être de leurs salariés au travail, gage d’une meilleure productivité et d’une réduction des coûts liés à l’absentéisme, en réfléchissant à l’utilisation de l’IoT (capteurs d’environnement, mesure de l’activité physique des employés au bureau au travers de challenges..).

Un rapprochement qui soulève de nombreuses questions

Le rapprochement des mondes du bien-être et du médical semble s’accélérer. Dans ce contexte, comment les industriels et fournisseurs d’objets connectés se positionnent-ils, face aux enjeux stratégiques et technologiques de cette convergence ? A très bientôt sur le blog Orange Business pour lire la suite.

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Pierre- Etienne Chazal

Technophile avéré, ma passion pour l’innovation et le numérique m’a amené à rejoindre l’équipe Orange Consulting sur des sujets d’innovation liés à la e-santé. Formé par les sciences du vivant, le marketing puis le digital, mes missions me permettent d’aborder des problématiques de stratégie et d’organisation passionnantes pour des clients du secteur privé, tout en satisfaisant ma passion pour les sujets digitaux innovants, comme l’IA ou l’IoT, et leurs apport dans le domaine de la Santé.