Migration de data centers : une décision d'entreprise 1/2

Pour une entreprise, les raisons de migrer ses data centers peuvent être multiples : réduction de coût, exigence règlementaire,  croissance du business, responsabilité sociétale, sécurité de l'information, recentrage sur le  core business, fusion, acquisition.  Avec la crise actuelle, la raison est principalement économique, que ce soit une migration vers un autre data center interne (cela s'appelle de la consolidation) ou vers un data center d'un opérateur tiers (cela s'appelle une externalisation) le but recherché est de faire des économies. Cela n'est pas surprenant quand on sait que le poste de  la production de l'IT pèse lourdement dans la répartition des budgets des DSI :
1.jpgComme tout le SI est reposé sur la production, prendre la décision de migrer un centre de données est  donc une décision d'entreprise.  Ce n'est pas une « simple » affaire du DSI ou du directeur de production. Car à chaque fois que l'on touche au système d'information de l'entreprise, qui sont l'infrastructure IT et les applications, il y a toujours une partie non négligeable de risque à gérer.
Trop souvent on a vu ces opérations qui se sont soldées  par un échec par ce que ni les métiers, ni les utilisateurs n'étaient correctement impliqués. Or c'est un changement important pour l'entreprise entière.  Je me souviens encore il y a quelques années lorsque Orange a décidé de migrer ses quatre vingtaine data centers  pour n'en faire qu'une vingtaine  à ce jour, toute l'entreprise a été informée régulièrement par l'avancement du projet de migration et de consolidation.

 

Pour une opération de migration, l'échec peut être interprété par plusieurs façons. Dépassement du coût du projet,  dérapage du planning, perte de données, indisponibilité du SI pendant une période plus longue que prévue, temps de réponse des applications non satisfaisant post opération, SLA difficilement tenables pendant et après l'opération vis-à-vis des clients, etc. N'ayons pas d'ambigüité, lorsque de telle décision a été prise, la migration va se faire d'une façon ou une autre ...  mais à quel prix ? C'est là que le bât blesse.  
Il ne s'agit pas ici de faire peur, mais de souligner sur l'importance de cette opération qui est à prendre avec beaucoup de rigueur, de précaution et, si possible, avec l'aide des intégrateurs ayant déjà une forte compétence reconnue dans ce domaine.

C'est donc un chantier qui a besoin d'être accompagné à tous les niveaux de l'entreprise, plus ou moins fort selon la complexité de son infrastructure IT & réseaux et l'implantation géographique de ses sites. Bien entendu, cet  accompagnement  a un coût (au passage, souvent, il est identifié dans le P&L du projet via la ligne « Transformation », qui intègre également le coût du pilotage de projet).

Stratégie de migration
En fonction de la taille de l'entreprise et du type du business, la stratégie de migration peut être différente. Certains business peuvent se permettre avoir d'quelques jours d'interruption du SI alors que d'autres n'en autorisent aucun.
Pa r rapport à notre propre expérience, il peut avoir quatre principales stratégies de migration de data center (DC):

  1. Migration avec arrêt et démarrage de DC, donc avec interruption de service. Pas de nouveau matériel puisqu'on transfère le matériel avec le nouveau DC.
  2. Migration de DC à l'identique mais sans interruption de service. C'est-à-dire avec une architecture cible qui a la même configuration que l'original. Puis on assure « juste » le switch au niveau du réseau.
  3. Migration des plusieurs DC vers un seul DC cible, stratégie de migration et consolidation en même temps.
  4. Migration Evolutive : c'est-à-dire profiter du projet de migration pour faire évoluer son  architecture historique vers une architecture cible plus évolutive et plus moderne technologiquement qui est hébergé dans un nouveau DC.

De toute évidence, la stratégie n°1 est la moins couteuse (à périmètre constant) mais a une période d'interruption de service. A contrario,  la stratégie n°4 qui peut être très intéressante pour une entreprise internationale, dont le système d'information évolue à grande vitesse mais, en contrepartie, comporte des risques techniques propres au projet de migration.

On voit bien ici que la stratégie de migration doit être sérieusement étudiée avec tous les acteurs de l'entreprise afin de choisir LA bonne stratégie. Pour un projet on peut également mixer plusieurs scénarii. Dans tous les cas, le coût de la migration doit être obligatoirement mesuré avec l'impact du business (calcul du ROI, pay back, ...).

Dinh Hoang Nguyen


crédit photo : Jérôme-Galland-Getty-Images
 

La partie 2 sera publiée le 29 juin.
Dinh Hoang Nguyen

Senior Business Developer au sein de la Direction de Grands Clients d’Orange Business, dans le domaine de l’infogérance IT et du Cloud, j'accompagne nos clients pour comprendre leurs besoins, leurs problématiques, les enjeux … afin de leur apporter les solutions les plus adéquates : c’est juste passionnant ! En contact permanent avec nos clients, nos partenaires, nos compétiteurs, dans les séminaires et les conférences,  je ressens comment ce monde de l’IT bouge. Et ce, à une sacré vitesse ! C’est de cela que je voudrais partager avec vous à travers ce blog.