Efficacité énergétique des bâtiments : l'apport clé du numérique pour des coûts maîtrisés

Pour répondre aux directives du gouvernement en matière de décarbonation, les acteurs du secteur public, comme leurs homologues du privé, doivent opérer leur transition énergétique dès maintenant. Dans cette optique, Cyril Hommel, directeur des activités Énergie et du développement durable au sein d'Orange Business, présente les enjeux clés ainsi que des solutions à envisager pour atteindre cet objectif.

Pourquoi la décarbonation des bâtiments publics constitue-t-elle l’une des priorités des acteurs publics ?

Il faut garder à l’esprit que 75% des émissions mondiales de carbone sont liées à l’énergie. Par conséquent, si l'on souhaite aborder la question de la performance environnementale et de la lutte contre le changement climatique, il est impératif de prendre en compte de manière prioritaire la question de l'efficacité énergétique. C'est dans cette optique que les autorités publiques mettent l'accent sur des initiatives telles que la rénovation du patrimoine immobilier et la transition énergétique des bâtiments publics. Et les dispositifs réglementaires récents permettent de préciser progressivement les méthodes et les moyens pour atteindre les objectifs tracés depuis la loi TEPCV de 2015 et la loi Elan de 2018. 

Quelles sont les principales obligations réglementaires qui guident les collectivités et les acteurs publics dans cette transition énergétique ?

Le cadre réglementaire s’est durci pour toutes les organisations, et donc également pour les territoires, les collectivités et les acteurs publics... 

Nous pouvons distinguer les dispositifs qui règlementent les territoires (BEGES, PCAET, etc.) et plus spécifiquement les infrastructures et les bâtiments en particulier.

Pour les bâtiments, je retiendrai par ordre chronologique 3 grandes réglementations.

Le Décret Tertiaire (2019) impose la réduction des consommations d’énergie finale de l’ensemble du parc tertiaire d’au moins -40 % en 2030, -50 % en 2040, -60 % en 2050 (par rapport à 2010) et un reporting annuel via la plateforme en ligne OPERAT, qui permet de mesurer les progrès accomplis en termes d’économie d’énergie. Vous vous rendez compte 40% de réduction d’ici 2030 : c’est important et c’est presque demain !

Il y a également le Décret BACS (2020) qui impose l’installation de système de Gestion Technique du Bâtiment (GTB) dans presque tous les bâtiments de manière progressive entre 2025 et 2027. L’automatisation de la régulation des installations de Chauffage, de climatisation et de ventilation est en effet un moyen important pour mieux maîtriser et réduire les consommations d’énergies. Un récent rapport de la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) précise que seuls 6% des bâtiments sont aujourd’hui équipés de ces solutions. Le défi est donc de taille ! 

Et enfin je voudrai retenir la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables (2023) qui vient renforcer des dispositions précédentes notamment sur l’obligation de solarisation des parkings et toitures de plus de 500m² qui doit être mise en œuvre au plus tard en juillet 2028. L’idée c’est effectivement de profiter de surfaces déjà artificialisées pour produire de l’énergie et éviter que trop de terres exploitables pour l’agriculture ne soient préemptées pour cela. Là aussi nous avons un beau défi à relever.

Ce ne sont là que quelques-unes des obligations portant sur les sujets de la transition énergétique et l’on pourrait se lamenter de toutes ces contraintes… Pour ma part, je crois fermement, et je constate chaque jour, que nous pouvons transformer ces contraintes en opportunités.

Toutes ces obligations engendrent d’importants investissements : comment les finances publiques peuvent-elles tenir la charge ?

En effet, cette transition énergétique et la rapidité à laquelle nous devons l’opérer nécessite des investissements très significatifs. Et cela pose évidemment la question du financement… Et nous trouvons ici aussi quelques réponses avec la mobilisation des primes des Certificats d’Economie d’Energie (C2E) qui peuvent parfois financer une part extrêmement importante de certains équipements, la GTB par exemple, et les travaux de rénovation thermique du bâtiment. Il y a également le Fond Chaleur de l’Ademe qui apporte des aides financières substantielles pour favoriser cette énergie très pertinente pour les collectivités et les territoires notamment grâce à la valorisation des déchets. Et puis il est encore possible de mobiliser d’autres types de subventions auprès de l’état, de l’Europe et des collectivités. 

Mais je reconnais qu’il faut parfois être un peu accompagné et conseillé pour suivre le meilleur chemin dans cette jungle de dispositifs…

Et le numérique, et notamment l’Internet des Objets (IoT), peut-il apporter une contribution significative à ces enjeux ?

Voilà plus de 16 ans que mon métier me permet de mettre les nouvelles technologies au service de la performance énergétique et environnementale. Et sans en faire l’alpha et l’omega sur ces sujets si vastes et complexe, je suis surpris chaque jour de voir à quel point le digital est un formidable accélérateur d’impact pour peu qu’il soit mobilisé à bon escient.

A commencer pour la capacité à automatiser la collecte et l’analyse des données de consommation comme nous le faisons avec la solution Analytics de Smart Eco-energy. C’est un formidable guide à une action efficace et rationalisée et l’analyse de la donnée permet réellement de réaliser des économies immédiates par l’optimisation de tout un tas de disfonctionnement ou de mauvaise option dans les contrats. Et en faisant des économies, on répond au Décret Tertiaire de manière indolore… C’est tellement simple à déployer !

Et Orange Business porte également des innovations majeures dans le domaine de l’IoT avec des capteurs qui embarquent des capacités d’actionneur ! Notre solution Smart Eco-energy Control répond à la question de la démocratisation de la GTB pour déployer ces systèmes avec des solutions légères qui peuvent être 2 à 10 fois moins chères que les solutions traditionnelles. C’est majeur et là aussi ça permet de faire des économies immédiates dans tous les bâtiments. Et les obligations du Décret BACS sont adressées rapidement avec des déploiements sans travaux couteux.

Orange propose également la solution Hexadone. Comment aide-t-elle les collectivités à réduire la consommation d’énergie de leurs bâtiments ?

Avec Hexadone, nous proposons des plateformes sécurisées et souveraines pour la gestion de données qui sont partagées et exploitées pour générer de l’intelligence. Ces données peuvent être utilisées pour améliorer de nombreux aspects des villes intelligentes ou des territoires. Par exemple, elles peuvent aider à améliorer la sécurité, à optimiser la gestion des flux de circulation, à planifier les infrastructures routières de demain, à favoriser les transports et la mobilité durables, à travailler sur la performance énergétique, à lutter contre la précarité, à identifier les quartiers nécessitant une attention particulière, à surveiller divers types de pollutions, etc.

La particularité d’une plateforme comme Hexadone réside dans sa capacité à permettre aux collectivités de partager ces données avec les acteurs de leur choix. En effet, ces plateformes intègrent un système de gouvernance des données, donnant aux collectivités le pouvoir de décider avec qui elles souhaitent partager ces informations. Elles peuvent choisir de partager tout ou partie de ces données avec des écoles, des centres de recherche, ou d'autres acteurs, tout en conservant le contrôle sur l'accès aux données, évitant ainsi de les céder à des tiers non désirés.

Comment les collectivités utilisent-elles concrètement ces innovations numériques pour optimiser leur consommation d’énergie ?

Nos solutions ouvrent de nombreux champs d’applications très concrets et je vais me limiter à 4 exemples au-delà de la question de l’optimisation des consommations d’énergie dans les bâtiments que nous avons déjà abordée. 

Je pense tout d’abord aux collectivités qui doivent assurer cette fastidieuse tâche de contrôle des factures que l’on appelle le « Service Fait ». J’ai vu des métropoles permettre à 3 employés, qui étaient mobilisés à temps plein pour ce travail, d’évoluer sur des missions à beaucoup plus forte valeur ajoutée grâce à l’automatisation de ce contrôle.

Je pense aussi à ce besoin de réduire la facture d’énergie en maîtrisant mieux l’éclairage public grâce à des analyses dédiées qui permettent de rapidement corriger des défauts et même d’anticiper des défauts liés au vieillissement des candélabres.

Et je pense encore à la maîtrise des consommations d’eau, cette ressource dont on prend un peu mieux conscience de son caractère précieux. Un suivi de consommation temps réel et des compteurs « disjoncteurs » connectés permettent d’éliminer les fuites dans le réseau qui représente encore aujourd’hui 20% des consommations en France. 

Et enfin je pense à ces applications sanitaires que l’IoT rend possible en surveillant les températures des ballons d’eau chaude pour maîtriser les risques légionnelles ou mesurer en temps réel la qualité de l’air dans les pièces pour mieux respirer dans les écoles et tous les bâtiments qui reçoivent du public.

Oui le digital c’est facile, ça peut être très sobre, ça fait des économies, ça améliore le confort et la santé. 

Cyril Hommel
Cyril Hommel

Cyril dirige les activités Energie et Développement Durable chez Orange Business. Investit depuis toujours dans le domaine des nouvelles technologies Cyril a une expérience très large en Start-up, PME et grands groupes pour mettre la data, l’IoT et l’IA au service de la performance énergétique et environnementale des acteurs publics et privés.