La fibre optique à l'école, pour quoi faire ?

Dans son rapport « Développer le numérique à l’école : guide à l’usage des collectivités », le réseau Canopé, éditeur des ressources pédagogiques sous tutelle du Ministère de l’Education Nationale, présente les avancées réalisées et les initiatives locales ou nationales en matière de développement du numérique dans le domaine scolaire. Ces progrès, tant au niveau des contenus que des pratiques et des infrastructures, ouvrent également des pistes d’évolution pour l’école de demain.

Ce guide à l'usage des collectivités confirme que le niveau de pénétration du numérique à l’école reste très variable selon les établissements. Certes, le Ministère met à disposition un ensemble de ressources pédagogiques en ligne, des outils d’accompagnement des élèves (aide à l’orientation, préparation des examens, soutien scolaire) et le premier service public rendu exclusivement en ligne (Admission Post Bac). Néanmoins, l’utilisation effective de ces moyens reste soumise à l’appétence au numérique des enseignants et à leur maîtrise des différents moyens mis à leur disposition dans un contexte contraint par les programmes nationaux. Le rapport note à ce sujet que « l’introduction du numérique, c’est surtout un problème de personnes. Dans telle ou telle école, certaines sont porteuses, d’autres moins ». 

De nouvelles pratiques pédagogiques possibles

Certaines initiatives telles que eTwinning, plate-forme de collaboration entre établissements scolaires européens, exploitent les possibilités du digital notamment en matière d’échanges et de partage. Après 10 ans d’existence, plus de 58 000 projets ont été mis en place dans des domaines aussi divers que les langues étrangères, l’art, la restauration ou le monde de l’entreprise, en utilisant les différents outils digitaux : chat, espaces collaboratifs, visioconférence.

De nouvelles approches pédagogiques peuvent également bénéficier des évolutions du numérique, notamment par rapport à la présence physique des intervenants. Comme le note Claudy Lebreton, « on peut, par exemple, maintenant imaginer une présence à mi-temps en classe, complétée par du e-learning ». Le développement et l’utilisation plus large de MOOC ou de podcasts de cours simplifieraient la continuité de l’enseignement, notamment en cas d’absence de l’enseignant ou de l’élève. Ces outils permettent également de revenir sur le contenu oral et visuel du cours, en complément des livres et notes de l’élève. Le WebConferencing permet également d’ouvrir des matières parfois pointues de manière permanente (notamment pour les langues vivantes « rares » ou mortes) ou plus transitoire (telle que l’intervention d’un expert sur un module spécifique), y compris dans des établissements éloignés, en s’affranchissant de la distance entre élève et enseignant.

Ces nouvelles pratiques pédagogiques se mettent en place avec l’assentiment et la bonne volonté des enseignants, sous réserve qu’ils en bénéficient aussi dans leur formation initiale et continue.

Pour une bonne utilisation des outils digitaux, réseaux et cybersécurité sont nécessaires

Usages, tablettes et autres TBI (Tableau Blanc Interactif) nécessitent d’accéder à des ressources locales ou distantes. La question du socle d’infrastructures, de sa performance et de sa fiabilité se pose dans un contexte d’obsolescence rapide. Or, la fourniture et la maintenance des équipements relève de la compétence des collectivités et peut se limiter à une simple vision budgétaire. Le niveau et la « qualité » de l’équipement varie d’une collectivité à l’autre, en fonction de l’intérêt de l’équipe municipale en place au sujet du digital mais aussi des arbitrages financiers dans un environnement de plus en plus contraint.

Certaines communautés de communes ou municipalités ont une vision du digital plus élargie notamment par une amélioration et un enrichissement de l’organisation et de la gestion  des établissements scolaires : inscriptions, relations parents-enseignants, gestion de la cantine, gestion et formation du personnel relevant de la collectivité (animateurs, assistantes, etc…), mise à jour des dossiers des élèves, à l’instar de Somme Numérique.

Pour pouvoir proposer cette large offre de services tant pédagogiques que d’organisation,  l’accès au réseau et sa bonne performance restent indispensables. Le Très Haut Débit vient en 4° position des services associés à l’éducation dans le rapport Canope et dans les 12 services les plus fréquemment proposés par les villes Internet. Le rapport d´information sur la couverture numérique des territoires, des sénateurs Hervé Maurey et Patrick Chaize, confirme que « l’acquisition de matériel moderne suppose au préalable l’accès aux établissements scolaires à un débit de qualité ». La disparité de la performance des accès entre les établissements s’explique certes par la couverture des offres haut débit fixes ou mobiles mais également par les priorités des collectivités. Même si l’Etat propose des subventions pour des écoles très isolées, il reste des établissements mal desservis y compris dans les zones urbaines.

Tout comme les réseaux doivent cesser d’être considérés comme une contrainte au développement de l’entreprise, mais bien comme un soutien à ce développement, les réseaux des établissements scolaires devraient être considérés comme des investissements d’avenir, avec des objectifs modulaires de disponibilité, de qualité et de sécurité.

Pour définir sa cible, la collectivité doit s’interroger sur les besoins des différents flux en termes de qualité de service :

  • l’accès aux serveurs d’Admission Post Bac en période préparatoire doit-il disposer de bande passante garantie à certaines périodes ?
  • La possibilité de payer la cantine à distance doit-elle être ouverte et sécurisée ?
  • Comment prioriser la visioconférence pour des échanges inter-établissements versus le surf pour rechercher des documents ?
  • Comment sauvegarder les données administratives ou pédagogiques d’un collège ?

En bref, les mêmes questions que se poserait une entreprise pour ces différents sites.

Et tout comme une entreprise souscrit des niveaux de services réseaux en fonction des besoins de ses sites, la collectivité pourrait composer un mixte d’accès. Notamment, elle peut choisir des accès sur fibre dédiée pour des établissements ou des besoins nécessitant disponibilité et performance garantie et en complément des accès sur fibre mutualisée pour des services de surf, de VOD  ou de messagerie. De même, le niveau de disponibilité, voire le débit des accès réseau est probablement à tempérer en fonction de l’âge des élèves.

Les mairies, conseils généraux ou régionaux sont les interlocuteurs des opérateurs publics ou privés pour déployer la fibre optique et le haut débit sur leur territoire. Avec ces éléments de décision, la collectivité peut négocier avec ces opérateurs pour  prioriser les établissements scolaires dans les déploiements et proposer des accès réseaux adaptés. Certains départements (Vaucluse, Essonne, Val de Marne) ont déjà compris l’intérêt de mettre en avant le raccordement en fibre optique des collèges.

Enfin, l’ouverture Internet des établissements scolaires s’accompagne de risques accrus en matière de cybersécurité, notamment par rapport à leur population spécifique d’utilisateurs. Les collectivités peuvent se faire accompagner de spécialistes et d’experts en la matière pour concilier collaboration accrue et sécurisation des données.

Carole Angelelli

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Carole Angelelli

La fibre et moi, c’est une longue aventure. Démarrée il y a dix ans au marketing entreprises. Poursuivie depuis avec le FTTH, le projet Palaiseau et les Villes 100% Fibre. La fibre est un booster de productivité dans les entreprises mais elle remet aussi en question nos habitudes. Mon objectif : démystifier le sujet au quotidien, mettre en avant les opportunités et promouvoir ce support de transformation pour nos clients.