L'Internet des Objets va libérer la logistique

Les objets connectés et l'arrivée de nouveaux réseaux adaptés vont faire exploser les barrières des usages en termes de logistique. L'ère de l'Internet des objets marque un tournant dans ce que l'on nomme l'Asset tracking.

IoT et localisation : une affaire qui marche

Si, pour le grand public, l'Internet des Objets évoque les assistants domestiques, les wearables et équipements électroménagers connectés des plus divers, la moitié des usages actuels de l'IoT est liée à la localisation des objets. L'Asset tracking est pratiqué par de nombreuses entreprises, l'exemple le plus connu étant la gestion de flottes de véhicules. Notre entité Ocean gère ainsi près de 100 000 véhicules d'entreprise ! De même, les puces RFID se sont imposées dans la chaîne logistique de nombreux industriels et acteurs de la distribution, afin d'assurer le suivi des colis et contenants. Cette technologie est aujourd'hui mature et fiable, mais ne permet de connaître la localisation d'un objet qu'au moment où sa puce RFID passe sous un portique d'entrepôt, ou lorsqu'un opérateur le manipule.

Des objets connectés maintenant matures

Ces usages ne sont aujourd'hui non pas remis en cause, mais complétés avec l'arrivée de nouveaux boîtiers autonomes. Ceux-ci vont permettre de localiser des biens à tout moment, sans qu'il soit nécessaire de disposer d'une alimentation électrique. Conteneurs d'une chaîne logistique, outillages sur les chantiers ou encore suivi de biens de grande valeur, l'arrivée d'objets communicants fiables permet d’élargir de façon considérable les cas d’usage de la géolocalisation des biens.

Le prix des trackers et la couverture réseau sont les deux éléments clés de l’équation économique de tels projets. Les coûts liés à l’électronique diminuent, et l'arrivée de réseaux IoT de nouvelle génération tels que LoRa apporte une baisse significative des coûts liés au réseau, et de la consommation énergétique des objets connectés. On peut désormais concevoir des trackers dont la durée de vie est de plusieurs années sans songer à remplacer la batterie. C'est une avancée technologique clé dans l'essor de nombreux nouveaux usages, à tel point que parmi les vingt applications IoT les plus importantes en termes d’objets connectés identifiées par Gartner, ces trackers "low power" sont ceux qui connaîtront la croissance la plus importante. Les analystes estiment qu’en 2020, 127 millions de trackers de ce type seront déployés dans le monde !

Des nouveaux usages amenés à se multiplier

Ces objets connectés intéressent tout particulièrement les industriels, notamment ceux qui doivent gérer des milliers de contenants et emballages spécifiques pour les pièces qu’ils reçoivent de leurs fournisseurs. Dans l’industrie automobile, 3 à 8% du parc de contenants doit être renouvelé chaque année, pour un coût non négligeable. On retrouve cette même problématique dans le secteur du Retail avec les rolls pliables et autres portants. Avoir une information fiable sur les flux de ces contenants est possible en équipant ne serait-ce qu'1% des contenants d’un objet connecté. Cela suffit à identifier les points de fuite où disparaissent les contenants, et commencer à agir.

Autre cas d’usage de ces trackers de nouvelle génération : l’aéronautique. Lorsqu’un avion est immobilisé à une porte d’embarquement, se déclenche la procédure AOG (Aircraft on Ground). Tout doit être fait pour acheminer la pièce manquante vers l’avion immobilisé. Bien souvent, celle-ci est embarquée dans le premier vol à destination de l’aéroport où est immobilisé l’appareil, et la pièce passe de main en main, empreinte éventuellement plusieurs vols pour arriver à sa destination le plus vite possible. C’est une procédure qui entraîne une cascade de coups de fil pour savoir si la pièce a bien été embarquée sur le bon vol et essayer de savoir où elle se trouve. Placer un tracker sur la pièce va permettre d’avoir un suivi en temps réel, et communiquer une information fiable au chef de bord et aux passagers en attente.

Nombreux sont les usages qui étaient économiquement ou techniquement impossible à mettre en place. Aujourd'hui, ils sont rendus possibles. Un large éventail de capteurs à très faible consommation est   disponible et un tracker peut être doté d'un accéléromètre pour détecter un mouvement, d'un thermomètre pour s'assurer du fonctionnement optimal d'un distributeur automatique ou d'un distributeur de boissons, etc. Il nous arrive d'intégrer dans des objets connectés des capteurs très spécifiques, comme par exemple des capteurs sismiques, en fonction des besoins de tel ou tel projet.

LoRa va créer une rupture dans les usages

Depuis le GSM, le cellulaire s’est engagé dans une course au débit avec la 3G et la 4G, qui sont des réseaux très performants mais qui consomment beaucoup de ressources au niveau du terminal. Il suffit de considérer l’autonomie des smartphones actuels pour le comprendre. Au sein de la LoRa Alliance, nous avons réfléchi à une démarche totalement inverse : concevoir un réseau qui ne permettra d’échanger que quelques octets à la fois, mais qui consomme très peu d’énergie. Résultat, il faut 18 fois moins d’énergie pour envoyer une donnée sur LoRa qu'en GSM. La limite en termes de volume des données n'est pas un handicap pour réaliser de l'Asset Tracking. Pour suivre un conteneur, une palette, quelques envois par jour suffisent largement à répondre aux attentes des entreprises. En outre, l’objet connecté peut être doté d’un accéléromètre pour se mettre en marche et communiquer sa position dès lors qu'on le déplace. Autre atout : nous sommes capables d’utiliser une localisation réseau. Le GPS est précis mais consomme énormément d’énergie. En localisant l’objet via l’antenne du réseau LoRa, on dispose d'une macro-géolocalisation à la fois peu coûteuse en ressources, mais utile pour une majorité d’application. Enfin, cette localisation fonctionne en indoor, ce qui n’est pas le cas du GPS.

Jusqu'à récemment, suivre des biens en mouvement dans toute l’Europe était un vrai problème. Avec la disponibilité de LoRa, mais aussi la fin des coûts de roaming sur les réseaux GSM, cette contrainte disparaît. Sur ce plan, il ne faut pas voir LoRa comme le successeur du GPRS ou de la 3G pour les objets connectés. C’est un réseau qui vient se placer en complément, en fonction des usages et des contraintes spécifiques à chaque projet. De même, LTE-M, la norme 4G adaptée aux objets connectés et la future 5G ne viendront pas remplacer LoRa. Ce seront autant de moyens à la disposition des intégrateurs IoT pour choisir les composants et réseaux les mieux adaptés à chacun de leurs projets.

 

Charles Beuzit (article co-signé avec Alain Clapaud)

 

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Charles Beuzit

Marketing Manager IoT chez Orange Applications for Business, je suis un humaniste passionné par les nouvelles technologies. J'aime partager mes connaissances sur les réseaux sociaux !