évaluation environnementale : de l'expérience Coca Cola à une norme internationale

Notre premier article, «green IT : des chiffres… à interpréter avec précaution !», de la série consacrée à l’Analyse du Cycle de Vie illustrait par quelques exemples les impacts environnementaux des TIC abondamment relayés et posait la question de la méthode de calcul utilisée.

L’idée de l’évaluation environnementale d’un bien ou d’un service ne date pas d’aujourd’hui puisque qu’elle apparaît dès la fin des années 60. A cette époque, en 1968, se fonde le Club de Rome. Précurseur en matière de développement durable et d’empreinte écologique, il en rassemble scientifiques, économistes, politiques, et industriels autour de la problématique environnementale. C’est de cette pluridisciplinarité dont témoignent les exemples de méthodes décrits ci-dessous.

les pionniers

Une des premières démarches d’étude d’impact environnemental connue est attribuée à Coca-Cola qui, en 1969, décide de comparer les impacts environnementaux de ses bouteilles de plastique et de verre. A l’époque, et dans l’état des méthodes et connaissances du moment, c’est la bouteille de plastique, plus robuste, légère et transportable, qui emporte la mise.

Comment l’étude a-t-elle été réalisée et suivant quelle méthode ? L’histoire ne le dit pas, mais Coca Cola portait là sa première pierre à l’édifice de l’évaluation environnementale.

les « économistes »

C’est Wassily Leontief, prix Nobel de l’économie en 1973 pour ses travaux sur l’analyse économique intrants-sortants, qui est à l’origine d’une approche relativement répandue du même nom (Economic Input OutputLife Cycle Assessment ou EIOLCA). Appliquée dans les années 1990 à l’évaluation environnementale, elle permet la conversion de flux monétaires, en émissions de gaz à effet de serre associées, se basant donc sur  une estimation de l’intensité énergétique ou environnementale des différents secteurs de notre économie.

Ces données, lorsqu’elles sont disponibles et à jour, sont souvent utilisées comme complément à d’autres méthodes. Basée sur des indicateurs économiques répandus, cette méthode d’évaluation est, par ailleurs, relativement simple à mettre en œuvre.

les « voyageurs »

En 1994, M. Schmidt-Bleek de l’Institut Wuppertal, propose un autre type d’approche connue sous le nom de « sac à dos écologique » (ou Intensité matérielle par unité de service, MIPS en anglais).

L’esprit est de comparer le poids d’un produit à celui des matériaux utilisés pour sa production, à contre-courant de l’idée du « small is green ».

Intéressé par cette méthode au début des années 2000, Nokia interrompt ses travaux : les données disponibles ne couvraient que 20 % des matériaux utilisés dans le produit. Complétées sans doute depuis, d’autres s’y sont intéressés et un article publié en 2013, évalue le sac à dos écologique d’un téléphone « standard » de 80g serait de 44,4kg, soit plus de 550 fois son poids.

les « terriens »

Développée également dans les années 1990 par William Rees & Mathis Wackernagel, l’empreinte écologique se base sur la capacité biologique de la terre à nous rendre ses services, soit par les ressources qu’elle nous fournit, soit par nos déchets qu’elle absorbe.

Chaque terrien disposait ainsi en 2008, compte tenu de la population mondiale de l’époque, d’une bio capacité équivalente à 1,8 hectare de planète, soit 2 terrains de football pour subvenir à des besoins.

Appliquée à un téléphone mobile par exemple, elle évalue, entre autres, la surface productive nécessaire à sa fabrication et à l’absorption des émissions générées par sa production et son utilisation. Selon l’organisation WEEEman, 566 téléphones mobiles suffiraient à consommer les 1,8 hectares disponibles par terrien.

la méthode normalisée

Des « économistes » aux « terriens », chaque approche présente ses avantages et inconvénients, et permet d’apporter un éclairage spécifique de la problématique environnementale. Mais au vu de l’hétérogénéité des résultats, des bases de données et des méthodes de calcul notamment, elles mettent en évidence la nécessité d’une démarche fédératrice sur le sujet.

Soutenue par les instances internationales, c’est l’Analyse de Cycle de vie, normalisée dès 1997 dans la famille ISO 14 040, qui s’impose comme méthode de référence pour l’évaluation environnementale. Presque 20 plus tard, c’est la plus répandue. Le Groupe Orange s’investit également très largement dans ces travaux. Notre prochain article vous présentera la méthode plus en détail.

Marion
Orange Consulting

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Marion Michot

Je m’intéresse à l’environnement de façon générale, la façon dont il évolue, les moyens de l’étudier, les solutions pour le préserver. Les TIC façonnent chaque jour un peu plus notre monde et nos modes de vie. Une large partie de mes activités est consacrée à leurs effets sur notre environnement. Il s’agit de les comprendre pour mieux les maîtriser et les valoriser. Je suis Consultante Expert au sein du pôle Développement Durable d’Orange Consulting.