L'automobile : avenir du transport public ?

Depuis l’avènement de la voiture, et devant l’importance prépondérante qu’elle a prise dans nos sociétés, on l’oppose classiquement au transport public dans des comparaisons parfois simplistes : d’un côté un mode de déplacement égoïste, polluant, encombrant en voirie et garage, contre un autre partagé, écologique et économe de nos ressources. D’où une évolution des politiques publiques favorisant de plus en plus les transports collectifs, associée à une volonté (légitime) de reconquête des espaces de centre-ville.

L’intérêt collectif n’est pas la somme des intérêts particuliers !

Or, il ne faut jamais perdre de vue que, d’un point de vue individuel, le mode de transport idéal est celui qui nous amène directement du départ à destination, dans un temps défini (et de préférence limité), dans un « conteneur » connu et familier, sans avoir à subir les nuisances multisensorielles de compagnons de voyage aléatoires (d’où les « notes » sur les covoitureurs). Le transport collectif, s’il est bien essentiel pour la communauté, n’est pour l’individu qu’un pis-aller, rendu obligatoire pour des raisons essentiellement matérielles (économiques ou temporelles), ou pour certains un « sacrifice » bien compris. De plus, en zones rurales, le choix n’existe en général pas.

Rupture numérique, et révolution des smartphones

Le numérique, et notamment le smartphone, véritable couteau suisse du voyageur, nous apporte un premier niveau de solutions avec toute une palette de nouveaux services. L’imagination humaine est lancée et on n’arrête plus les idées nouvelles : autopartage, covoiturage, vélo ou voitures en libre-service, location de véhicules particuliers (voitures, mais aussi vélo), … Avec un seul motto : offrir des alternatives.

Ce qui me frappe le plus, c’est que toutes ces innovations sont autant concurrentes que complémentaires. C’est bien la multiplicité du choix qui rend chaque solution viable. Plus j’ai de choix pour ne plus avoir un seul mode de transport par défaut, plus je vais pouvoir changer.

Mobility as a Service

Ce qui nous amène au prochain acronyme abscon, MaaS (Mobility as a Service), inspiré des modèles du cloud (SaaS) ou comment la mobilité n’est plus qu’un service que l’on achète au besoin, intégrant toutes les offres imaginables à disposition. J’achète à un opérateur de mobilité un voyage en porte-à-porte, qui ensuite s’effectuera de manière optimisée (selon mes propres critères) via plusieurs étapes multimodales, en m’affranchissant de toute contrainte de possession. Helsinki est précurseur sur ce sujet, mélangeant transport public, vélo partagé, taxi ou voiture en location,  et j’attends avec impatience les résultats de leurs premiers tests.

Et demain ?

Mais le changement ne s’arrêtera pas là, et on peut se demander si ce mouvement lui-même ne pave pas la voie à un tour de roue de paradigme.

En effet, avec l’avènement pas si lointain des véhicules autonomes, on voit bien ce que pourrait être la prochaine révolution : un parc de voitures autonomes de capacité variable, que l’on réserve à la demande (planifiée ou non), que l’on partage ou non, et qui devient le mode de déplacement principal sur nos territoires (à l’exception des capacités de masse type RER ou des trains longue-distance, surtout à grande vitesse). Alors, l’automobile : avenir du transport public ?

Sébastien

 

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Sebastien Capelle

Ingénieur en informatique et spécialiste du monde du transport depuis plus de quinze ans, je contribue au développement de solutions innovantes pour la mobilité intelligente, à la fois dans une dimension services aux voyageurs ou optimisation de l’exploitation.