Les MOOCs : une nouvelle opportunité pour les laboratoires pharmaceutiques ?

Peut-être n’êtes-vous pas encore familiers des MOOCs (Massive Open Online Courses), ces nouvelles plateformes d’apprentissage collaboratif qui fleurissent depuis quelques années et adressent des sujets divers et variés ? En effet, en quelques clics, et en y consacrant quelques heures par semaine, il est possible pour tout un chacun de se former, par exemple au droit des contrats, aux statistiques pour l’ingénieur, au web sémantique (sur la plateforme France Université Numérique FUN) ou bien encore au métier de web conseiller ou de de suivre la vie de Louis XIV au Château de Versailles (sur la plateforme Orange Solerni). Tout un programme !

Le succès de ces plateformes réside principalement sur leur accessibilité et leur pédagogie innovante : centrée sur les apprenants, elle leur permet d’apprendre en pratiquant (learning by doing) et en interagissant avec ses pairs, via des forums par exemple ou en évaluant les travaux des autres.

Dans le secteur de la santé, quelques initiatives intéressantes ont déjà vu le jour (cf. le succès du premier MOOC sur la e-santé proposé par Formatic Santé fin 2015), mais à notre avis, l’industrie pharmaceutique pourrait être un acteur central dans la promotion de ces nouveaux dispositifs d’apprentissage auprès de leur écosystème, et ce à plusieurs titres.

Expérimenter de nouveaux modes de fonctionnement internes


Comme déjà abordé dans les articles autour de la transformation digitale de notre confrère Jean-Yves Dugardin, les laboratoires pharmaceutiques sont touchés par de nombreuses transformations de leur marché avec notamment la fin des blockbusters mais aussi la montée des GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) qui s’intéressent de près au secteur de la santé, comme le projet Calico de Google ou encore le partenariat Alcon / Google autour des lentilles connectées.

Ainsi, les laboratoires pharmaceutiques ont besoin de d’inscrire dans une transformation durable de leurs modes de fonctionnement, et le digital est un enjeu clé pour réussir cette transformation.

Les collaborateurs sont en première ligne de cette transformation et il est de la responsabilité des laboratoires de:

  1. les doter d’un socle commun de connaissances sur le digital et ses enjeux,
  2. professionnaliser les filières métiers en faisant évoluer leurs compétences.

Sur ce dernier point, les COOC (ou Corporate Open Online Courses) représentent un moyen efficace de former les collaborateurs tout en les inscrivant déjà dans une démarche digitale et innovante. A titre d’exemple, plusieurs thématiques peuvent être envisagées : l'e-santé, la présentation de nouvelles aires thérapeutiques, la réglementation des données de santé, le data analytics en santé, les nouveaux de modes de R&D mais aussi des méthodologies de gestions de projets ou de co-innovation pour redynamiser la recherche.

Former et aider les professionnels de santé à adresser les patients


A l’heure du digital, les professionnels de santé sont de plus en plus connectés et utilisent Internet comme outil de formation. 85% des médecins généralistes pensent que les échanges et les informations partagées sur les réseaux sociaux sont utiles (Source : Les Echos – Enquête auprès des médecins sur la digitalisation des pratiques médicales – Avril 2015).

C’est pourquoi les MOOCs, qui permettent à la fois de développer les compétences d’un écosystème, d’animer des communautés dans une logique d’apprentissage et de valoriser une marque au travers d’un dispositif permettant de recréer la confiance, représentent une réelle opportunité de mettre à disposition des professionnels de santé du contenu pertinent.

Pour les professionnels de santé, les MOOCs proposés devront plutôt être axés autour de rappels sur une pathologie ou d’innovations dans une aire thérapeutique. On peut aussi envisager des formations autour de nouveaux traitements avec mode d’administration complexe ou de manière plus générale, des échanges sur des problématiques liées au digital dans la santé comme la sécurité des données par exemple.

Plusieurs exemples de MOOCs s’adressent déjà aux professionnels de santé, comme par exemple le MOOC « Vaccinology » mis en œuvre par l’Institut Pasteur, le CNAM et GSK ou celui de l’Université de Genève et de l’UNF3S « Ebola, vaincre ensemble ».

Créer la confiance et identifier des candidats aux études cliniques


Pour les patients, la responsabilité des laboratoires pharmaceutiques est de créer la confiance tout en restant dans les limites imposées par la réglementation. En effet, 85% des français ont confiance dans le médicament mais seulement 61% dans les entreprises du médicament (source : LEEM).

es laboratoires pharmaceutiques pourraient envisager de s’associer à une association de patients pour délivrer un MOOC sur une pathologie ou encore autour de la prévention.

Plusieurs MOOCs santé existent déjà à destination du grand public et permettent de vulgariser la compréhension de certaines pathologies comme le MOOC sur la maladie d’Alzheimer par l’Université Pierre et Marie Curie ou encore de diffuser des principes de prévention utiles comme le MOOC du CNAM intitulé « Défi Santé : Vos aliments ».

Que ce soient pour leurs propres collaborateurs, les professionnels de santé ou bien le grand public, les MOOCs représentent donc une véritable opportunité pour les laboratoires pharmaceutiques de mieux communiquer et valoriser leur marque, tout en restant vigilant sur le contexte réglementaire dans lequel mener ce type d’initiatives.  

 

Pauline Derrien et Thomas Martinelli.

 

Crédit photo : @BillionPhotos.com
 

Pauline Derrien

Consultante dans le secteur de la e-santé depuis 3 ans, j'ai été amenée à travailler dans ce contexte sur des études marketing, du management de projet mais aussi des grands projets stratégiques de transformation, notamment pour de grands laboratoires pharmaceutiques dans un contexte international et complexe.