La gestion de projet à l'heure de la transformation digitale : les 3 écueils à éviter dans vos projets agiles

J’ai précédemment rédigé un article sur les 5 raisons de passer à la méthode agile. Voyons à présent quelques écueils que tout bon responsable projet peut éviter. Ce dernier ne doit pas se laisser aveugler par la modernité sans réfléchir aux effets secondaires potentiels induits par ces méthodes.

Il y a peine deux jours, je discutais avec un ami directeur de projet dans une grande SSII américaine basée en France, et en prenant de ses nouvelles, je lui demandais s'il appliquait les nouvelles méthodes de gestion de projet dites agiles. « Pas du tout » répondit-il dépité, « nous en sommes encore au bon vieux cycle en V ».

Cela m'a surpris, car même si la méthode agile ne date en effet que du début des années 2000, il n'était pas nécessaire d'attendre si longtemps pour observer les limites des projets informatiques des débuts : amateurisme et approximation, processus laxistes, difficultés de communication entre techniciens et utilisateurs, problématiques de conduite du changement, incompatibilité entre la définition des besoins et le développement… La liste est quasi infinie, sans parler des fameux projets tunnels, qui ont rendu la vie impossible à de nombreux directeurs de projet et de maîtrise d’ouvrage.

Aujourd’hui, les méthodes se sont affinées et normalisées. On parle en effet de méthode agile au singulier, mais les méthodologies sont nombreuses, SCRUM étant la plus connue. Mais il en existe d'autres, comme DSDM (Dynamic systems development method), ASD (Adaptive software development) et Crystal Clear.

L'expérience acquise sur le terrain par les praticiens de la gestion de projet est très importante pour ceux qui envisagent de changer leurs méthodes et interpréter les nouvelles méthodologies, tout en évitant leurs travers.

C’est justement de ces travers que je vais décrire aujourd’hui : il ne faut pas perdre de vue trois écueils qui nécessitent d’être circonscrits.

1. La disponibilité du “project owner

Le responsable projet agile, le « project owner » (qui est à l’initiative du projet et le finance) est toujours en flux tendu et extrêmement sollicité. Son engagement est nettement plus fort que ce que l'on pouvait avoir dans les projets traditionnels, au travers de la relation classique entre MOA et MOE. Les temps de développement sont aussi très raccourcis, ce qui renforce davantage cette notion de flux tendus, avec des “sprints” (période où l’équipe va produire un livrable) de 15 jours, parfois trop courts et pouvant causer un stress très important pour les équipes.

2. Les problèmes relatifs à la constitution de l’équipe projet

Si les approches agiles permettent à tous les acteurs d’être sur le même plateau et au même niveau, il est par contre impossible d'inclure tout le monde dans l'équipe projet. Il existe donc un risque d'oublier certaines personnes en termes de communication. Il faut donc expliquer que cette configuration projet est temporaire et prévoir une rotation pour éviter de laisser de côté des acteurs pourtant essentiels au succès du projet. À l'inverse, si l’on veut inclure trop de monde et trop de compétences diverses, on risque de rencontrer le problème opposé, et d'avoir toutes les compétences dans les “teams”, et dans dans ce cas créer une contrainte de ressources, notamment sur la production. On risque donc de mettre en danger le fonctionnement de l'activité au jour le jour.

 

3 - Les temps de livraison

Un autre écueil est de se focaliser uniquement sur des temps de livraison trop courts, ce qui peut se réaliser au détriment des investissements à long terme, plus classiques dans la production. Il faut donc être capable de gérer le court terme et le moyen terme de façon harmonieuse, afin d’éviter de sacrifier les investissements de fond.

La gestion de projet agile est à mon avis largement incontournable, ce qui ne garantit pas que tous les écueils d’une mauvaise gouvernance puissent être évités. Les méthodologies de projets agiles sont précieuses en ces temps de transformation digitale, où la logique d’essais-erreurs devient la norme. Mais comme tous les outils, elles nécessitent d’être utilisées avec discernement.

Yann

 

Yann Gourvennec

Je suis spécialiste en systèmes d'information, marketing de la highTech et Web marketing. Je suis auteur et contributeur de nombreux ouvrages et Directeur Général de Visionary Marketing. A ce titre,  je contribue régulièrement sur ce blog pour le compte d'Orange Business sur les sujets du cloud computing et du stockage dans le cloud.