apprenez à voir à travers les nuages avec les directeurs informatiques européens

 

 

J'ai eu la chance de participer à la conférence annuelle EuroCIO dans la dernière semaine de novembre.

Plus de 120 Directeurs des systèmes d'information et autres cadres expérimentés de l'nformatique se sont réunis pour partager leurs expériences et travailler ensemble sur des situations difficiles auxquelles ils font face dans leurs métiers. Je dois admettre que, de prime abord, certains des sujets discutés m'ont surpris.

Il y a vraiment trois sujets que je garde en mémoire de ces deux journées très denses:
1. Le "Cloud Computing" et la virtualisation des moyens informatiques ne sont pas une passade.
2. La pénurie de talent en informatique est proche
3. La crise financière a des effets positifs

Explorons ces sujets plus en détail...

 

Le "Cloud Computing" et la virtualisation des moyens informatiques ne sont pas une passade.

Ils représentent une tendance durable des sociétés tant grandes que plus petites qui ont commencé à utiliser ou prévoient d'investir dans ces technologies et approches.

La virtualisation et le partage des ressources informatiques se déroule en parallèle sur plusieurs niveaux: Dans les centres de calcul ou salles machines avec des ordinateurs et du stockage partagés; aux niveaux des applications informatiques le "Logiciel Comme un Service" (Software As A Service : SAAS) ou "le paiement à l'usage" (Pay as you go); et également sur le poste de travail/PC pour réduire son Coût Total de Propriété (Total Cost of Ownership : TCO).

Le but n'est pas nouveau :

  • Réduire les dépenses : optimiser l'utilisation de ses investissements informatique par la mutualisation des moyens et les achats "juste à temps" permet d'améliorer la fiabilité et la disponibilité : Moins d'environnements distribués à gérer, des opportunités de redondance des systèmes plus grandes, des outils de reconfiguration dynamique de l'infrastructure informatique
  • Répondre plus rapidement aux besoins nouveaux et changeants de l'entreprise : la capacité à augmenter rapidement les ressources informatiques supportant une application. Particulièrement utile pour répondre à une campagne de marketing qui génèrerait un taux de réponse plus important que prévu, le lancement d'un nouveau produit couronné de succès, des pics de demande...
  • Réduire l'impact sur la planète : "Green IT" ou eco-TIC en Français. Grâce à une meilleure utilisation d'investissements existants et le partage de machines pour servir de multiples applications
  • Déplacer des coûts fixes vers des coûts variables basés sur l'utilisation: de nouveaux modèles apparaissent qui prolongent des modèles SAAS vers "la facturation à l'usage" pour fournir une flexibilité plus grande et plus de dépenses variables de l'informatique
  • Répondre aux soucis de sécurité des entreprises avec des "Virtual Private Clouds" : Il est possible d'avoir votre "nuage" privé de ressources informatiques pour contrôler l'accès à tout ou partie de votre informatique.

Il est intéressant de noter que les tous premiers pas vers la virtualisation, c'est-à-dire la consolidation des serveurs et moyens de stockages, à eux seuls apportent des réductions de dépenses d'investissement très significatives (jusqu'à 50 % selon des benchmarks et c'est la première des technologies stratégiques selon Gartner).

Les nouveaux modèles qui apparaissent, comme le EC² d'Amazon pour le Nuage Informatique Élastique (Elastic Computer Cloud), répondent à ce besoin de servir plus rapidement des demandes fluctuantes du business. Ils posent aussi les bases d'un cercle vertueux dans lequel les équipes de développement commencent à comprendre qu'elles peuvent libérer leur surcapacité et la récupérer très rapidement si nécessaire. Une revue rapide de l'utilisation des systèmes montre souvent qu'une partie significative des actifs est énormément sous-exploitée.


La pénurie de talent en informatique est proche

Je dois admettre que j'ai été un peu perplexe de prime abord en entendant ce message. Il ne correspond pas exactement à ce que je vis dans mon travail quotidien. La pression constante sur les coûts et sur l'acquisition de nouveaux talents dans les pays à faible coût de main d'oeuvre ont retenu la majeure partie de notre attention. Mais, les directeurs des systèmes d'information qui participent à EuroCIO sont très expérimentés et méritent certainement d'être écoutés.

Comme vous pourriez vous y attendre de la part de directeurs des systèmes d'information, non seulement énoncent-ils les problèmes, mais ils sont déjà dans le mode action pour adresser les causes premières de ces questions.

Leur revue des compétences clefs dont ils manquent ou vont prochainement manquer identifie les architectes seniors, les chefs de projet et les stratèges et innovateurs de informatique comme les plus critiques.

Quelles stratégies proposent-ils afin d'améliorer cette situation ?

  • Développer les programmes internes d'éducation pour le personnel informatique dans leurs sociétés. Avec une attention spécifique sur le développement des hauts talents. Et les exposer davantage aux divers métiers de l'informatique et de la société.
  • Amener un plus grand nombre de personnes du business dans l'informatique pour diversifier les ressources et encourager des rotations de job entre IT et métier.
  • Promouvoir une meilleure reconnaissance des certifications telles que PMI, ITIL, CMMI...
    Gérer le cycle de vie complet de développement de carrière des professionnels de l'informatique

Un autre aspect discuté pendant cette conférence annuelle était le besoin de meilleures formations pour les positions sénior de l'informatique et notamment de ses cadres. Ici de nouveau, quelques idées :

  • S'impliquer avec les universités dans l'élaboration de leurs cursus car les formations actuelles sont pauvres coté management. La plupart du cursus se concentrant sur les compétences techniques plutôt que les compétences interpersonnelles et business.
  • Contribuer personnellement, c'est-à-dire enseigner dans des universités et les business schools, rejoindre les conseils d'établissement des écoles pour influencer le contenu des programmes d'études...

De plus, il y a un besoin identifié de mieux nous positionner pour attirer davantages de personnel féminin dans les filières techniques et de manière générale plus de jeunes vers l'informatique. Le dénommé "Natif Numérique" (qui a moins de 25 ans) est né avec un PDA/Téléphone mobile dans une main et une télécommande dans l'autre. De là, son approche envers l'IT qui très diffèrente de celle de ses collègues aînés. Par exemple, il y a un large fossé entre les aspirations envers travail et vie du "Natif Numérique" et celles des directeurs informatiques seniors en place. Ces derniers sont le plus souvent "des Immigrants Numériques" (45 ans et plus) et leur attitude quant à l'équilibre travail/vie privée est souvent que le travail est une priorité absolue.


La Crise financière a des effets positifs

Tout d'abord, elle ouvre et force même un dialogue entre l'informatique et le business sur des sujets difficiles et sensibles:

  • Renégocier les Niveaux de Service vers quelque chose de moins coûteux pour la société tout en répondant aux besoins réellement critiques du business.
  • Encourager le décommissonnement de vieux systèmes et de ceux qui sont "presque inutilisés" par une revue du portefeuille applicatif et sa réduction
  • Établir des critères beaucoup plus sévères pour la sélection et le lancement de nouveaux projets. Des durées de rentabilisation de l'investissement à moins de 12 mois ont été mentionnées par plusieurs participants comme obligatoire pour toute nouvelle initiative informatique dans leurs sociétés.
  • Renforcer les processus internes avec un focus sur performance et qualité de service. Rediriger certaines des ressources rares libérées plus haut en raison des nombreux projets reportés de plusieurs mois ou annulés vers ces améliorations de processus critiques.
  • Considérer d'autres façons de faire les choses de manière plus rentable : favoriser la réutilisation, redéfinir les priorités, questionner le statu quo et les pratiques actuelles, éliminer la paperasserie, simplifier les workflows...
  • Améliorer le management des fournisseurs
  • S'assurer que les migrations techniques embarquent des avantages significatifs coté métier ou revoir leur nécessité

De plus, cette période est une bonne occasion pour des directeurs des systèmes d'information d' "éduquer" leurs supérieurs et pairs business sur les risques de trop couper dans l'informatique alors que l'entreprise en est si dépendante qu'elle peut s'arréter si ces ressources informatiques ne sont pas protégées.

Ils peuvent aussi engager des discussions sur la façon de simplifier le management de l'informatique. Nous avons très souvent un management matriciel multi-dimensionnel multi à travers des Unités D'affaires, des Zones Géographies et les Fonctions des métiers de l'IT. Cette matrice est utile pour avoir la nécessaire proximité entre IT et business mais elle peut être devenue excessivement complexe. Au fil du temps, des couches de management se sont développées qui peuvent et doivent être mises en doute si elles creusent le fossé au lieu de le compler. De surcroît, elles peuvent freiner la standardisation nécessaire de certains services informatiques que l'on peut considérer comme des commodités ou même des utilités (l'infrastructure de base, des PC, le logiciel pré-installé sur le PC ...) et autres.

 

Malheureusement, je ne parviens pas encore à voir au travers des nuages, mais la conférence m'a fourni une plus grande compréhension des enjeux

Ainsi, comme vous pouvez le lire dans cet article, la conférence valait absolument l'investissement en temps et en énergie.

Bien sûr, la partie la plus intéressante et de plus de valeur est le temps de discussion et l'opportunité d'étendre son réseau que de telles occasions permettent entre les personnes partageant des préoccupations similaires et désireux de travailler ensemble pour trouver des solutions. Elle permet de s'ouvrir à de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire et de présenter les choses. Comme Nancy MacKay, une de nos conférencières, a légitimement conclu sa présentation :

"Si vous saviez que vous ne pouvez pas échouer, que feriez-vous ?"

Michel Operto

I've been leading IT projects for more than 20 years at telecom and computer manufacturers: Thomson Sintra, Digital Equipment, NCR, Nortel Networks, Orange Business. My passion is Project Management and leadership and I run a blog on the PM best practices at http://dantotsupm.com/