quelle place vont prendre les technologies « wearables » au sein des entreprises ?

D’après le cabinet IDC, les smartphones, l’affichage tête haute et les trackers d’activité représenteront un marché de 12 milliards de dollars (soit 9,3 milliards d’euros) à l’horizon 2018. Dans cette perspective, les entreprises doivent se préparer à voir leurs employés apporter leurs wearables personnels au bureau. Plutôt que de se montrer hostiles à cette nouvelle tendance inéluctable, certaines entreprises ont déjà adopté les « wearables » et développé des usages métier afin de mieux se préparer à cette révolution. En premier lieu, il convient de se poser deux questions : en quoi consistent les technologies « wearables » et quels avantages peuvent en tirer les entreprises ?

les « wearables », quèsaco ?

Ce sont de petits ordinateurs prenant la forme de bracelets, de lunettes, de montres et même de vêtements, capables de se connecter localement ou à distance à d’autres ordinateurs, via une connexion sans fil. Le plus souvent, le « wearable » est doté de capteurs qui permettent de monitorer l’activité physique ou l’environnement de celui qui le porte. La plupart d’entre eux a besoin d’être couplé à un smartphone pour se connecter à Internet. Mais à l‘avenir (lorsque les problèmes relatifs à la taille des processeurs et des composants, ainsi qu’à la durée de vie des batteries auront été réglés), ces appareils pourront véritablement devenir indépendants, grâce à des processeurs dédiés et à la connectivité mobile.

Aux yeux du grand public, les « wearables » ne sont que des accessoires pour smartphone, à l’instar de la Pebble, ou de simples trackers d’activité comme les produits Fitbit. Malgré tout, de nombreuses entreprises cherchent actuellement des moyens d’exploiter ces technologies, et notamment les Google Glass.

D’après une enquête de l’institut Vanson Bourne, menée auprès de 300 décideurs du secteur informatique au Royaume-Uni, 29 % des entreprises ont déjà déployé des projets recourant aux « wearables ». Le bien-être des employés (16 %), l’accès instantané aux informations clés (15 %) et l’amélioration du service-client (14 %) sont les raisons principales qui justifient la mise en place de ces projets.

Le Dr. Chris Brauer, auteur d’un rapport reconnu sur l’utilisation des technologies « wearables » en entreprise confirme :« Désormais, les organisations et les employés doivent concevoir et mettre en place des stratégies permettant l’introduction des « wearables » sur le lieu de travail ».

monitorer et améliorer l’existant

Pour se faire une idée plus précise de la façon dont cette technologie peut être déployée, s’intéresser aux « wearables » déjà utilisés pour monitorer et améliorer l’activité, peut être intéressant :

la NFL teste actuellement l’implémentation de puces RFID sur les joueurs. Intégrées dans les protections d’épaule, elles permettent de suivre les mouvements des footballeurs et l’évolution des stratégies de jeu. Il s’agit d’un exemple de monitoring de l’activité.

un médecin de l’université de Stanford a utilisé les Google Glass durant une opération. Durant l’intervention, l’appareil superposait des images de la procédure à suivre et du patient, afin de le guider. Dans ce cas précis, les « wearables » permettent de proposer une réalité augmentée.

L’amélioration et le monitoring d’activités par l’intermédiaire des « wearables » est susceptible de s’adapter à des nombreux domaines :

  • assurance

À l’heure actuelle, les « wearables » permettent de surveiller le rythme cardiaque, la température corporelle, ou encore la pression artérielle. Les compagnies d’assurance santé cherchent actuellement des moyens d’offrir des avantages sous forme de primes aux clients prêts à adopter ces technologies pour surveiller leur santé et leur niveau d’activité. De leur côté, de nombreuses grandes entreprises font le lien entre l’usage de trackers d’activité et le coût de l’assurance santé de leurs employés.

Un article publié par Novarica nous apprend que le concepteur de trackers d’activité Everymove, envisage de collaborer avec les compagnies d’assurance santé pour proposer des primes à l’activité, aux employés porteurs de capteurs. Comment ça marche ? Certaines entreprises comme Jiff & Redbric travaillent déjà sur le sujet avec les assureurs santé. Le système est simple : les salariés acceptent tout d’abord de partager leurs données de santé avec leur employeur, qui les utilise ensuite pour encourager à l’adoption d’un mode de vie plus sain et renégocier les primes d’assurance santé de leurs employés.

  • stockage et distribution

Au Royaume-Uni, les employés du distributeur Tesco portent des brassards connectés Motorola, leur permettant de localiser les marchandises dans les immenses entrepôts de stockage. Ces brassards équipés de petits écrans permettent aux employés de monitorer l’état des stocks et de trouver rapidement ce qu’ils cherchent. L’appareil permet également d’allouer des tâches, de prévoir le temps nécessaire à leur réalisation et de suivre les mouvements effectués par les employés dans le bâtiment. Résultat : Tesco a réduit le nombre de personnes employées à temps plein dans cet entrepôt de 18 %. Le gain de productivité est donc bien réel !

L’exemple de Tesco démontre que n’importe quelle entreprise peut mettre au point des applications permettant d’améliorer les processus métier grâce aux wearables. Utiliser les Smartwatch pour rappeler qu’un document urgent doit être approuvé n’est qu’un exemple d’application réussie.

  • Construction

Les wearables peuvent également s’avérer très utiles dans le secteur du bâtiment. Des chercheurs de Georgia Tech conçoivent actuellement des applications de gestion des chantiers de construction destinées aux Google Glass. Ces apps proposent un accès rapide et immédiat aux plans, aux documents de sécurité, ainsi qu’aux notices d’usage des machines et des outils utilisés. L’introduction de cette technologie dans le bâtiment permet aux ouvriers d’avoir accès à des informations essentielles, tout en continuant à exécuter une tâche. Résultat : leur productivité augmente. Les capteurs peuvent également être déployés pour surveiller la fatigue des opérateurs d’équipements lourds et améliorer la sécurité du site.
Bien entendu, ces applications ne sont pas réservées au secteur du bâtiment : les lunettes connectées permettent un accès instantané aux formations et à l’ensemble des supports disponibles, à tout nouvel employé, quel que soit son domaine d’activité.

quelques écueils à éviter

À l’instar des smartphones, l’arrivée des « wearables » dans l’entreprise sera autant un nouveau vecteur d’efficacité, qu’un défi à relever. Instaurer des politiques autour de la sécurité et des usages, parvenir à un consensus sur la protection de la vie privée des employés, et allouer suffisamment de bande passante à ces nouveaux appareils pour qu’ils soient utilisés comme il se doit, sont autant de sujets sur lesquels vont devoir se pencher les DSI. En parallèle, les entreprises vont devoir prendre en compte la masse de données créée par l’utilisation des « wearables » : ces informations seront-elles stockées ? le seront-elles ? De quelle façon seront-elles utilisées et analysées ? Des premières recherches ont révélé que les ordinateurs, les smartphones et les « wearables » utilisés par les employés produisaient 30 Go de données chaque semaine.

Ces nouvelles pratiques soulèvent également la question de la protection des données. Au Royaume-Uni, l’Agence nationale déléguée à l’information a averti les entreprises qu’elles devaient « traiter les informations recueillies par ces appareils conformément à la loi de protection des données ».

En entreprise, le potentiel offert par les « wearables » est immense, mais une question subsiste, comme le souligne Saverio Romeo, analyste en chef chez Beecham Research : « De nombreuses start-ups technologiques proposent des idées novatrices en matière d’usage des wearables. Cependant, elles ne s’attaquent pas à certains problèmes majeurs, comme la sécurité ou la stratégie d’entreprise à adopter ».

Jon

version [EN] : how important are wearables going to be for business ?

 

Jon Evans

Journaliste professionnel dans le domaine de la technologie depuis 1994.