Entreprise 2.0 et Cerveau, quels parallèles ? 1/2


Nous poursuivons notre série d'articles rédigés par nos partenaires du Label Orange b2b. Aujourd'hui nous accueillons dans nos colonnes Madame Cécile Demailly.

Cécile Demailly est chercheuse et consultante en conduite du changement. Elle travaille plus particulièrement sur les évolutions dites 'de rupture', comme l'Entreprise 2.0, les nouvelles technologies, la responsabilité sociétale.
Avant de fonder sa structure de conseil, elle a occupé diverses responsabilités chez IBM, AT&T et General Electric. Fellow de l'Institut Boostzone (voir son parcours)

Cet article qui sera en deux parties a été publié à l'origine en anglais sur le blog de l'Institut Boostzone, puis en français sur le blog de Cécile Demailly.

Les métaphores enrichissent la compréhension et font naître des idées qui ne sont pas seulement abstraites ou théoriques, mais peuvent aussi être incroyablement pratiques.
Dans son livre « Images of Organization »1, Gareth Morgan propose celle du cerveau, parmi beaucoup d'autres.

De mon point de vue  l'analogie entreprise-cerveau n'était pas frappante, jusqu'à récemment, lorsque l'un de mes formateurs en neuropsychologie s'est mise à dessiner des neurones interconnectés au tableau. Selon l'aire cérébrale à laquelle on se réfère, on trouve soit des 'autoroutes'  de neurones, c.à.d. des connexions structurées et persistantes, soit un réseau totalement maillé où les connexions peuvent être établies à la demande, dans une infinité d'arrangements.


Le schéma du cortex préfrontal est frappant : une similitude saute aux yeux, celle du diagramme que l'on pourrait faire d'une forme plus avancée d'organisation, qu'on l'appelle Entreprise 2.0 ou organisation en réseau. 


Nos entreprises sont-elles aussi évoluées que nos cerveaux ?

D'après la théorie du cerveau triunique revisitée2 , le tout premier 'étage' à se développer a été :

  • le cerveau reptilien : dédié à la survie, c'est lui qui gère l'action primaire dans le calme, et la fuite, le combat ou l'inhibition en cas de danger de mort.
  • Le deuxième étage fut le cerveau paléo-limbique, lorsque les mammifères se sont réunis en troupeau : il gère les relations dans le groupe. 
  • Le troisième fut le néo-limbique, siège de notre caractère et de notre tempérament, ou se forment nos valeurs pour faire plus tard référence - ce territoire est présent chez un nombre limité de mammifères. 
  • Vient enfin le préfrontal, dernier stade de l'évolution qui n'existe que chez les humains et les grands singes : il nous aide à faire face aux situations nouvelles et/ou complexes.
    Il gère aussi la créativité pure, lorsque nous devons penser différemment, en dehors des sentiers battus - on pense à l'apprentissage en double boucle de Chris Argyris. C'est pour cela qu'il connecte les neurones à la demande et de manière différente en fonction de chaque situation ; c'est aussi pour cela qu'il garde 'actives' ou potentielles beaucoup plus de connections que les autres territoires.

Il y a une demi blague qui circule parmi ceux qui pratiquent la neuropsychologie : la politique serait au stade paléo-limbique, l'éducation au stade néo-limbique, et l'entreprise serait en phase d'apprentissage préfrontale. Une vision d'espoir pour cette dernière.

Tirons-nous le meilleur de notre cerveau ?

Oublions la légende qui dit que nous n'en utilisons que 10% - elle date du temps ou on ne savait pas à quoi servait les 90 autres pourcent : on a trouvé depuis, les 100% sont utiles. Ceci dit, tous les territoires ne sont pas aux commandes.

Là où le néo-limbique gouverne les automatismes et s'appuie sur une banque de situations de référence (qu'il suppose connaître ou reconnaître) auxquelles sont associées des comportements prédéterminés, le préfrontal bénéficie d'une mémoire plus 'totale' et parcellaire qu'il utilise comme une base de recherche, d'évaluation et de comparaison pour déterminer le comportement ad hoc.
Malgré tout, la plupart du temps c'est le néo-limbique qui est au front tandis que le préfrontal reste en arrière, parfois même lorsqu'il devrait prendre l'initiative. Comme si ce dernier n'avait pas complètement fini son développement ni trouvé sa place.

Quel parallèle avec l'entreprise moderne ?

Le néo-limbique ressemble à la culture d'entreprise et à ses processus, qu'ils soient implicites ou explicites. Le préfrontal ressemble au potentiel collaboratif et collectif - une mine de talents et de connaissances à exploiter et à maximiser par les possibilités des connections entre personnes.
Le premier système pilote nos organisations, le second peut nous mettre sur la piste de l'innovation et de la résolution de problèmes persistants - mais nous ne sommes pas encore certains de la façon de l'utiliser, ni d'où cela va nous conduire.

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1 : Voir http://www.uk.sagepub.com/booksProdDesc.nav?contribId=515429&prodId=Book229704
2 : Voir les travaux et publications de Jacques Fradin et l'Institut de Neurocognitivisme, par exemple.
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