Google a-t-il poussé le bouchon trop loin avec son observatoire de la grippe ?

cost_control.gifPlus tôt ce mois-ci, la société Internet Google a démontré qu'elle pouvait exploiter sa propre base de données de suivi des recherches pour observer la propagation de la grippe aux États-Unis. En analysant certaines recherches par mots-clés tels que « symptômes grippe » ou « médicaments grippe » effectuées dans des zones géographiques définies, Google est à même de suivre l'incidence et le développement de la grippe dans différentes régions. Bien que la recherche des symptômes grippaux ne signifie pas nécessairement que l'utilisateur soit atteint de la grippe, il existe une corrélation étonnante entre les recherches effectuées et les données réelles concernant la maladie.

 
Google a comparé ses données de recherches sur cinq ans avec les données réelles sur l'incidence de la grippe, recueillies par les CDC (Centers for Disease Control and Prevention, centres de contrôle et de prévention des maladies) aux États-Unis, par le biais d'un réseau de médecins et d'autres professionnels de santé. Les graphiques des recherches se sont avérés quasiment identiques à ces données. L'avantage de l'approche adoptée par Google est qu'elle permet aux autorités de santé de repérer les signes avant-coureurs de l'apparition de la grippe, et d'entreprendre des actions appropriées. Avec la méthode des CDC, la collecte des données est beaucoup plus longue et les résultats peuvent être obtenus trop tardivement.
 

Bien que ce système contribue au suivi de l'incidence normale de la grippe hivernale, son utilité peut être considérée comme douteuse en cas d'épidémies telles que la pandémie de grippe aviaire en Asie. Dans de tels cas, le tapage médiatique entourant l'apparition de l'épidémie conduit probablement tout un chacun à se sentir malade et à faire des recherches sur le Web.

Toutefois, selon l'analyste Ovum, ce type d'exploitation des données soulève certaines questions importantes concernant la confidentialité. La plupart des gens s'accordent sur le fait que la lutte contre les pandémies de grippe est une affaire d'utilité publique, mais la question soulevée par Ovum concerne l'étendue de ce suivi, en particulier dans l'éventualité où les données récoltées pourraient être attribuées à une personne déterminée. L'examen des mots-clés de recherche prouve-t-il réellement qu'un individu est atteint de la grippe ? Pourrait-il se voir interdit de voyage ? Dans une vision plus sinistre, cette même technologie pourrait être employée pour identifier d'autres problèmes de santé publique. La recherche des symptômes du SIDA, par exemple, pourrait-elle alors désigner un porteur possible du virus à travers son empreinte numérique ?

Naturellement, Google est consciente de ces problématiques de confidentialité et déclare : « Google Flu Trends ne pourra jamais être utilisé pour identifier les utilisateurs, car nous nous appuyons sur des données anonymes et groupées portant sur la fréquence hebdomadaire de certaines requêtes. » Toutefois, le vent pourrait facilement tourner en cas de pandémie de grippe, actuellement l'une des plus grandes menaces pour la plupart des pays. En cas de poussée épidémique, les autorités feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour stopper la propagation de la maladie. Cette situation pourrait également impliquer les mots-clés recherchés sur Google, comme c'est le cas dans la lutte contre le terrorisme. Une fois le génie hors de la bouteille, il sera impossible de l'y faire rentrer.

Anthony Plewes

After a Masters in Computer Science, I decided that I preferred writing about IT rather than programming. My 20-year writing career has taken me to Hong Kong and London where I've edited and written for IT, business and electronics publications. In 2002 I co-founded Futurity Media with Stewart Baines where I continue to write about a range of topics such as unified communications, cloud computing and enterprise applications.