La dualité du numérique, entre son empreinte carbone et son rôle pour la transition écologique

L’une des missions prioritaires des équipes de Veille Stratégique d’Orange Business est d’étudier de près l’impact du numérique sur l’environnement. En Décembre dernier, à l’occasion du Digiworld Summit l’Idate a dévoilé son livre blanc « Numérique et transition écologique ».

Parmi toutes les études récemment réalisées sur le sujet, ce livre blanc est l’un des seuls à aborder la problématique dans sa globalité. C’est-à-dire à mesurer à la fois l’empreinte carbone du numérique et son rôle pour la transition écologique.

Cette étude a été réalisée par une commission composée d’experts d’entreprises telles que BNP Paribas, Econom, Engie, ou Orange représenté par Matthieu Belloir, Directeur RSE du Groupe. Voici donc une synthèse de cette étude que nous vous invitons à télécharger sur le site de l’Idate.

Le rôle du numérique dans les émissions de gaz à effets de serre

Avant toutes choses, il est important de souligner que le numérique représente entre 2% et 4,2% des émissions de CO2 de la planète (source : GreenIT), soit 7 fois moins que le transport et 12 fois moins que l’industrie.

Cependant, le développement des usages, des réseaux et de la couverture devraient logiquement conduire à une augmentation de la consommation, ce qui ne doit pas signifier pour autant une augmentation des émissions. Même modeste cette empreinte du numérique sur l’environnement doit donc être maitrisée.

Et c’est la conception des smartphones, des tablettes, des ordinateurs, des écrans ou des objets connectés qui est, de loin, la principale source de l’impact environnemental du numérique.

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Les solutions pour limiter l’impact du numérique sur l’environnement

L’ensemble des solutions passe avant tout par une prise de conscience de tous, il est donc nécessaire de mobiliser tous les acteurs concernés :

  • Les utilisateurs : puisque la phase de conception des terminaux a une empreinte plus grande que son usage, les consommateurs doivent être sensibilisés et investis pour allonger la durée de vie de leurs équipements numériques.
  • Les entreprises : 85% des français sont convaincus que les entreprises ont un rôle clé pour une société plus durable et plus écologique, il est donc impératif qu’elles aient recours aux énergies renouvelables et à l’économie circulaire. Les entreprises du numérique doivent, quant à elles, aller encore plus loin pour soutenir la durée de vie des équipements qu’elles commercialisent : travailler sur leur réparabilité, leur remplacement et la conception écologiquement vertueuse de ces équipements.
  • Les pouvoirs publics : des politiques fiscales incitatives devraient être proposées pour recourir aux équipements de seconde main ou accéder à des solutions de réparation à des conditions économiquement avantageuses.

Le rôle du numérique pour la transition écologique

Le numérique a une dimension dual car il représente une petite partie du problème mais constitue une grande partie de la solution.

Quelques exemples concrets (non-exhaustifs) :

  • Scalabilité : sans le numérique impossible de passer à l’échelle et de démultiplier l’impact d’un projet GreenTech (Phenix, Too Good To Go, Time for the planet)
  • Maintenance à distance/prédictive : actionner à distance ou prévoir la maintenance pour optimisation des déplacements des techniciens
  • Villes et maisons intelligentes : systèmes de chauffage et d’éclairage intelligents
  • Optimisation énergétique : les capteurs IoT (Internet des objets) associés à l’IA (Intelligence Artificielle) peuvent adapter la consommation d’énergie
  • Usages des durables des terres cultivables : agriculture et nutrition de précision
  • Reforestation : identifier et comptabiliser grâce à l’IA les arbres sur une zone donnée pour mesurer précisément la déforestation ou la reforestation

Par ailleurs, les apports du numérique au niveau économique et social sont à prendre en compte dans cette équation. Ce secteur emploie de nombreuses personnes et constitue un relai de croissance primordial pour notre économie. De plus, le digital facilite l’accès à l’information, il permet de conserver un lien social même en période de confinement et constitue un vecteur d’accessibilité (télémédecine, télétravail, démarche administratives dématérialisées).

Les propositions du rapport

1. Intégrer la responsabilité sociale d’entreprise au cœur même de la stratégie d’entreprise

  • Inscrire notamment l’impact environnemental du numérique dans les bilans RSE
  • Mettre en place une Gouvernance du Green pour faciliter les processus de décision

2. Mesurer l’empreinte du numérique pour évaluer la marche de progrès

  • Mettre en avant la méthodologie internationale qui fait référence pour le secteur du numérique
  • Se doter de moyens et de grilles d’évaluation des projets pour mesurer les impacts écologiques

3. Maitriser l’impact environnemental du numérique en phase de fabrication et d’utilisation

  • Intégrer les principes d’écoconception : utilité (limitation des usages au nécessaire), durabilité (développement de l’économie circulaire) et sobriété (bon dimensionnement, mutualisation des équipements)
  • Maitriser et réduire les consommations électriques en ayant notamment recours aux énergies renouvelables

4. Maitriser l’impact environnemental du numérique en fin de vie

  • Allonger la durée de vie des équipements numériques, même au-delà des amortissements comptables, et favoriser le réemploi, les équipements réparables et évolutifs
  • Favoriser réemploi et réparation par la mise en place d’incitation financière, sanctionner l’obsolescence programmée et allonger la durée de garantie

5. Favoriser l’Innovation Green par une approche holistique

  • Favoriser l’Innovation pour définir et inventer de nouveaux services numériques responsables et arbitrer les projets selon une approche holistique
  • Promouvoir l’Innovation Green, par le biais de l’investissement dans des start-up Green by IT qui nourrira en même temps l’attractivité de la France et de l’Europe sur le numérique responsable

6. Sensibiliser et former les utilisateurs aux enjeux globaux du numérique

  • Sensibiliser les citoyennes et citoyens au numérique responsable et former les jeunes générations aux enjeux globaux du numérique pour développer des filières d’excellence
  • Mieux former et sensibiliser les décideurs, investisseurs et fournisseurs aux impacts écologiques du numérique
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Guillaume Baley

Consultant Principal chez Orange Consulting, je suis en charge de l'offre d'écoute web et de veille stratégique. Ma mission principale est d’accompagner les entreprises à faire de l’information un levier stratégique. Mes missions et ma veille quotidienne m'ont permis d'élargir mes compétences dans des domaines tels que la Gouvernance de la donnée, l’Intelligence Artificielle et l’Innovation via les start-up.