l’industrie pharmaceutique face à la transformation digitale

Nous avons abordé dans mon précédent post l’évolution en cours au sein des laboratoires pharmaceutiques vers les stratégies digitales d’offres de services à valeur ajoutée et les intérêts escomptés en termes de relais de croissance .

Comment engager cette révolution le plus efficacement possible ? Comment se transformer en interne pour être capable de délivrer ces services et répondre aux nouvelles attentes suscitées ?  Ces questions représentent un défi de taille pour les acteurs de l’industrie pharmaceutique.

On peut identifier 3 points clés auxquels ils doivent absolument s’attaquer.

se doter des bons outils pour gérer la donnée médicale : le socle technique nécessaire


Il n’y a pas de services de connectivité sans donnée médicale – digitale de surcroit !

Dès lors, les labos doivent être capables de se doter d’un socle technique et de plates-formes permettant de :

  • capter la donnée médicale à la source auprès des clients, patients et médecins (via des équipements connectés, des technologies sans fil, des accès internet ou capteurs au domicile…) en mode ATAWAD (Any Time, AnyWhere, Any Device)
  • stocker cette donnée avec le bon niveau de conformité, de sécurité et de capacité, en fonction du contexte, du pays et de la spécificité de la pathologie ou du domaine de services concerné
  • restituer et mettre la donnée, traitée ou non, à disposition des acteurs de l’écosystème (SI médicaux tiers, applications médicales spécialisées, SI des autorités publiques de Santé ou de financeurs…)

Des considérations qu’ils devaient déjà avoir en tête dans le cadre de leurs activités historiques (essais cliniques…) mais qui vont d’un coup changer d’échelle avec la démocratisation des services d'e-santé et la puissance des technologies de connectivité actuelles qui accompagnent leurs volonté de transformation digitale.

constituer des partenariats stratégiques pertinents


Les laboratoires pharmaceutiques, de par leur cœur de métier historique, ne peuvent se lancer seuls dans les projets de développement de services impliquant de la connectivité médicale.

En fonction des éléments de la chaîne de valeur que les labos maîtrisent déjà ou au contraire de celles qu’ils veulent adresser, ils doivent faire appel à différents types de partenaires qui pourront leur apporter les briques qu’ils ne maîtrisent pas ou peu :

  • des équipementiers médicaux fournissant les équipements et capteurs
  • des industriels apportant les réseaux de connectivité
  • des fournisseurs d’hébergement sécurisé santé
  • des intégrateurs pour assurer le bon niveau d’interopérabilité entre tous ces composants mis bout à bout
  • sans oublier les financeurs du système tels que les mutuelles et assurances santé afin d’assurer des débouchés d’usage au travers de programmes de prévention et d’accompagnement

refondre l’organisation et les processus pour les rendre transverses


C’est peut-être là le plus grand défi des laboratoires : comme bien souvent, se lancer dans une stratégie de services entraîne des bouleversements en terme d’organisation et de culture d’entreprise.

En la matière, les labos ont beaucoup à faire pour passer d’un fonctionnement historiquement cloisonné (la recherche / le médical / le business), à un fonctionnement transversal sans lequel aucune stratégie de services ne peut tenir : les divisions du Médical, de l’IT, du Marketing, du Business Development ou encore des Affaires Réglementaires doivent toutes être associées à la conception mais aussi et surtout à vie du service dans sa phase industrielle, car leur activité sera directement impactée par l’exploitation des services à tous les niveaux de l’organisation.

 

Ces transformations doivent également s’accompagner d’efforts de sensibilisation, de formation et d’évolution des compétences en interne afin d’adapter les collaborateurs à cette nouvelle façon d’attaquer le marché.
Un sacré défi, non ?

Jean-Yves.
 

 

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Jean-Yves Dugardin

Manager au sein du secteur santé chez Orange Consulting, je me passionne pour la révolution de l' e-santé et des nouveaux usages permis par l’innovation technologique et digitale, que je côtoie au gré de nos missions de conseil pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème Santé.