un nuage d'images médicales en construction

Que faire de toutes nos images médicales ? C’était la question posée dans mon précédent article. Numérisées, elles disparaissent de nos armoires mais doivent être quand même être stockées et archivées. Faisons un petit tour des solutions disponibles et des mouvements régionaux en cours.

cloud et ILM : les réponses actuelles du marché


Pour répondre à l’accroissement des volumes d’images et des coûts de stockage associés, les industriels proposent actuellement 2 grandes familles de services aux établissements de santé ou aux cabinets de radiologie :

  • archiver, de manière sécurisée, les images « dans le nuage » (cloud)

Cette famille de solutions permet aux professionnels de santé de transférer la problématique de la masse et de la durée d’archivage vers un tiers (qui est agréé pour ce type de service).
Elle permet souvent aussi aux professionnels de santé de négocier un coût forfaitaire pour cet archivage (voire un coût à l’usage) et donc de mieux maîtriser ce poste budgétaire.
Elle ne répond cependant qu’à une partie de la problématique, car elle ne permet pas de maîtriser la croissance exponentielle des images à stocker.

  • mieux contrôler la quantité et le volume des images, grâce à un mécanisme appelé ILM (Information Lifecycle Management)

Le cycle de vie d’une image est généralement du type :

La démarche d’ILM consiste à optimiser le volume et le coût de stockage en adaptant à la fois :

  1. le support de stockage
    Par exemple, une image qui vient d’être produite sera stockée sur un disque à accès rapide, alors qu’une image à archiver sera stockée sur un disque à accès lent voire sur une bande magnétique
  2. le format de l’image
    Une image à traiter ne sera pas compressée, une image à partager pourra être compressée mais sans perte d’information, alors qu’une image archivée pourra être compressée plus fortement (avec perte d’informations). De même, la profondeur de l’image pourra évoluer au cours du temps (transformer par exemple une image d’une profondeur 16 bits en 8 bits, ce qui diminue son volume)
  3. le nombre d’images dans une série
    Un scanner ou un IRM est généralement composé de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d’images. Il apparaît possible de ne conserver au bout d’un certain temps que les images les plus significatives (images marquées comme « Key Objects »).

Cette famille de solutions permet ainsi aux établissements de santé de mieux contrôler le volume d’images à archiver et d’optimiser globalement le coût de cet archivage.

Mais elle nécessite un fort engagement des établissements de santé, car seuls les établissements peuvent définir les règles de transformation et de conservation des images. Par ailleurs, la transformation des images engage la responsabilité des établissements, ce qui freine fortement la mise en œuvre des algorithmes d’ILM.

avancer d’un pas


Face à ces problématiques de conservation, les instances nationales et régionales tentent de s’organiser.

Les projets lancés sont lancés notamment par les ARS (Autorités Régionales de Santé) et se traduisent souvent par des solutions d’archivage en mode Cloud. Mais la politique de vieillissement des images, et donc de leur transformation, reste en général du ressort de chaque établissement ou cabinet de radiologie. Autant dire que les mises en œuvre de véritables politiques d’ILM restent rares et impactent peu le volume d’images global à archiver.

Je m’interroge d’ailleurs : en l’absence d’une législation française précise sur le sujet, pourquoi ne pas envisager que chaque ARS définisse pour sa région les règles de vieillissement des images archivées ? L’ARS délesterait ainsi les établissements de cette (lourde) responsabilité, et pourrait optimiser de manière significative le volume régional des images médicales.

Une politique régionale de vieillissement des images, définie par chaque ARS, permettrait ainsi de limiter l’accroissement des coûts de stockage des images médicales. Qu’en pensez-vous ?

Michel.

 

crédit photo : © Aleksandr-Bedrin - Fotolia.com
 

Michel Burr

Au sein d’Orange Labs, j’ai eu l’opportunité de contribuer à plusieurs projets sur le domaine de la télémédecine et suis actuellement en charge de projets sur le domaine de l’imagerie médicale.