CIO contre Mr No ou le triomphe de Sisyphe

« Quel est de votre point de vue le défi le plus important auquel les DSI traditionnelles doivent répondre ? »

Cette question malicieusement glissée au cœur de notre entretien par un CIO à la tête d’une DSI importante traduit bien l’état d’esprit de cette profession confrontée à des enjeux majeurs au sein des grands groupes.

se transformer pour survivre

Dit autrement, comment démontrer la valeur de la DSI pour le business de l’entreprise, avec ici un sentiment d’urgence beaucoup plus prégnant dans le contexte actuel, que lorsque ce thème est rentré à l’agenda des meetings de gouvernance au sein des entreprises au début des années 2000.

A l’époque, certains diagnostiquaient qu’il s’agissait de mieux communiquer au sein de l’entreprise à travers des indicateurs tangibles traduisant la performance de la DSI : pas vraiment une remise en cause de la façon de conduire ces activités, mais plutôt de les reporter, avec l’apparition de dashboards, riches en KPI et faisant apparaitre progressivement des processus plus orientés clients.

Puis face aux contraintes naissantes (moyens, ressources), on a assisté alors à la mise en place d’instances de priorisation des projets, en particulier sur la base des ROI comparés des projets entre eux : cette démarche très influencée par une vision très économique n’a pas été forcément le meilleur plaidoyer pour démontrer aux métiers la valeur de la DSI.

D’autres initiatives dans cette période ont suivi une autre voie en adoptant une démarche d’analyse financière destinée à valoriser le capital immatériel que représente incontestablement le Système d’Information de l’entreprise.

Quelque soit l’intérêt de ces initiatives, la reconnaissance de la valeur de la DSI par les métiers reste modeste, car la réalité est tenace.

c’est la valeur perçue qui compte pour les métiers

Suivant les études, les résultats traduisent la même situation : la marge de progression est forte de l’alignement de la DSI sur ces priorités et de facto sur la perception de sa valeur.

Cet alignement business beaucoup plus fort était l’objet d’un débat lors du dernier Cercle Premier consacré aux moyens pour la DSI de mieux répondre aux besoins des métiers.

Résumé des témoignages clients venus partager leurs expériences avec leurs pairs:

Face aux objectifs a priori antagonistes de la DSI au service des métiers - faire mieux, plus vite et moins cher-, le DSI ne peut s’appuyer sur les mêmes approches que par le passé où l’une de ces variables pâtissait de l’optimisation des 2 autres. Dans cette impasse le DSI, devenu Mr No, était condamné à voir sa fonction dépréciée.

Le DSI de nouvelle génération s’écarte progressivement des orientations passées pour revendiquer une approche véritablement business :

  • mieux connaître ses clients internes,
  • développer et promouvoir des offres de services différenciées selon leurs besoins,
  • les facturer selon l’usage de ces services,
  • se centrer sur ses activités clés en s’appuyant sur ses ressources clés,
  • confier les autres taches à des partenaires stratégiques, avec une structure de coûts alignés sur ses offres.

Avec cette feuille de route, le DSI prend la tête d’un véritable business model et sort progressivement du dilemme « existentiel » de son positionnement passé, où écartelé entre priorité au maintien en condition opérationnelle et difficulté d’adaptation à la vitesse du business, sa mission relevait souvent de la quadrature du cercle.

Corollaire de cette transformation dans les témoignages clients, la question « make vs buy » n’est plus taboue et ces nouveaux arbitrages contribuent au succès de cette transformation en adressant notamment les difficultés, devenues insolubles dans le contexte de crise économique, d’obsolescence technologique ou de contraintes de masse critique.

le triomphe de Sisyphe

Illustration : avec la montée en maturité des modèles d’Infrastructure as a Service par (IaaS privé, virtuellement privé, hybride) favorisant cette logique de l’ « offre et la demande » informatique, on peut légitimement se demander si dans moins de 5 ans (3 ans ?) le fait de gérer ses propres infrastructures IT ne sera pas aussi incongru pour un client qu'il y a 20 ans dans le fait de les fabriquer lui-même. (cas véridique rencontré dans les années 90 où la DSI en question avait poussé la logique du « make » au degré ultime en construisant elle-même ses infrastructures matérielles et logicielles – véritable exploit technologique, mais à 180° des enjeux et du métier de son entreprise !)

Ainsi donc après plusieurs décennies de la logique du « Make » sans cesse renouvelée, à l’instar du tourment de Sisyphe,- condamné à pousser sans fin son rocher en haut de la colline avant de se libérer de ses peines - le CIO parviendra t’il à démontrer tout le sens de son action pour son entreprise à travers cette transformation en se concentrant sur les priorités des métiers ?

De plus en plus de clients, on l’a compris, ont déjà arbitré cette question, pour devenir au côté des directions métiers, des acteurs reconnus de la chaîne de valeur de leurs entreprises et cela à travers la mise en œuvre d’un véritable business model de services informatiques.

Évolution qui donne tout son sens à l’énoncé en 3 mots caractérisant le DSI du futur lors des derniers Entretiens Informatiques : IS is business !

Bernard Blimont

crédit photo : © Tran-Photography Fotolia.com

Bernard Blimont

Au sein des grands groupes, le Système d’Information est devenu central dans leur chaine de création de valeur.
La multiplication des enjeux pesant sur le SI amène ses dirigeants à engager de profondes transformations pour s’adapter toujours plus vite aux décisions stratégiques d’entreprise.

A ce titre, ma mission chez Orange Business est d’identifier pour nos clients les propositions de valeur IT & Cloud Computing pour concilier performance économique, alignement business et réduction des risques et contribuer ainsi à la réussite de leur transformation.