Cloud computing et Big Data : 700% de croissance dans les 7 ans à venir !

Je ne suis pas un fanatique des mots à la mode, mais il faut bien avouer qu'il se passe quelque chose de significatif du côté du « big data ». Quelques années dans l'informatique m'ont permis de relativiser les choses, car j'en ai vu passer des modes : de l'informatique temps-réel des années 80, puis des autres folies du Sales Force Automation (SFA, 92) puis du CRM (97), du Groupware (94), du Knowledge management (98-99),  de l'Euro (99-2001), de l'an 2000 etc. nous en avons vu de toutes les couleurs. Des fois, comme dans le cas du SFA et du CRM, cela donne une nouvelle discipline qui révolutionne le marketing, d'autres fois, comme avec l'an 2000, c'est un pétard mouillé (qui a quand-même généré de jolies missions de conseil et d'informatique), mais il est une chose qui est sûre, c'est que l'informatique - et les informaticiens - marchent à cette adrénaline-là, que cela est le moteur de cette économie numérique habituée aux soubresauts de la mode et des valses technologiques.

big data : novlangue de l'informatique

Le « big data », c’est en quelque sorte la novlangue de l’informatique, mais en fait il se cache, derrière ce terme barbare, une véritable révolution qui va bien au-delà de l’émerveillement de surface vis-à-vis des montants de données échangés en ligne et via les systèmes d’information : il s’agit d’enjeux véritables dans le domaine de la revente de l’information, mais aussi et avant tout de l’exploitation des données à des fins marketing (dans le respect de la législation et des droits des utilisateurs s’entend). Une récente conférence organisée par Information Builders à Paris est venue nous le rappeler, et le Cloud computing n’est pas étranger à cette révolution, car c’est l’infrastructure sous-jacente qui permet cette nouvelle révolution marketing.

Si on se penche sur le passé, en fait, (je ne les ai volontairement pas citées dans mon introduction ci-dessus) telles que le « data mining » ou les « executive information systems » de l’informatique décisionnelle, toutes deux issues du début des années 90. Qu’est-il arrivé alors ? Des géants du décisionnel, comme Business Objects (plus-tard rachetés par SAP) sont nés, mais la véritable révolution du « data mining » à grand renfort d’informatique « massivement parrallèle » n’a pas eu lieu. Le concept était séduisant, mais sans doute un peu trop neuf dans un environnement où les hommes métiers considéraient l’informatique temps réel comme un luxe qui ne les concernait pas vraiment.

Certes, il y a les pionniers : je me souviens de mes jours de stage chez Flunch (filiale du groupe Auchan) qui était capable de mettre en œuvre de l’informatique prédictive, basée sur les statistiques (un mélange de données de vente historiques et de calculs en fonction des jours de la semaine, des vacances etc.) qui donnait des résultats surprenants. Certes il y a avait une marge d’erreur, parfois spectaculaire (je me souviens avoir été coincé un après-midi entier à faire des glaces pour un car d’Italiens un jour où nous n’aurions pas dû en vendre … ; les impondérables servent à renforcer les prévisions), mais la plupart du temps, les quantités annoncées étaient très proches de la vérité. Révolutionnaire !

volume, rapidité et valeur : 3 mots clés de la nouvelle donne informatique

Mais depuis lors, l’informatique dite décisionnelle a bien évolué. Et notamment, les anciens de l’informatique connaissent bien certainement Information Builders, cette entreprise pionnière de l’informatique décisionnelle (38 ans d’existence, classée leader de son domaine par Gartner, voir ci-contre en cliquant), et de ce qui se nommait EIS (Executive Information Systems) et a évolué vers le BI (Business Intelligence). J’avais un peu perdu de vue l’entreprise depuis lors, mais à la faveur d’une conférence intitulée “autonomie d’une nouvelle prise de décision” qui s’est tenue le 27 mars 2013 sur les nouvelles tendances de l’informatique et leurs conséquences sur les entreprises en termes de décision, j’ai retrouvé la trace de l’entreprise. Voilà un saut dans le temps qui m’a rappelé quelques souvenirs. La table ronde accueillait également des intervenants d’EMC et de la société Inbox, agence spécialiste du Marketing client. On y a parlé beaucoup Big Data, Cloud Computing et décisionnel

Les candidats au Big Data
Car tous ces éléments sont intimement liés. Ce qui a changé depuis l’outil de prévision de ventes de Flunch c’est non seulement la masse de données échangées, mais surtout la rapidité avec laquelle les décisions doivent être prises, et aussi la valeur marketing de ces données. Pour cela, il faut de la puissance informatique, et le Cloud, qui apporte à la fois cette puissance et la souplesse d’une infrastructure à la demande.

Ce que je n'aime pas dans le terme “big data”, c'est qu'il tendrait à faire passer la quantité (big) pour de la qualité, et surtout de la “donnée” pour de “l’information”, ce qu’elle n’est pas bien-sûr. Revenons sur les fondamentaux… Mais tous les marketeurs savent que cela n'est pas le cas, la question est ailleurs. La problématique du décisionnel a beaucoup changé depuis les années 1990. A l'époque, les données étaient rares, mais elles étaient propres (dans les 2 sens du terme). La préoccupation des patrons du Marketing était alors de bien utiliser ces données internes, et rares, mais déjà difficiles à analyser. L’emphase était alors sur la l’analyse pure et, surtout, la présentation formelle des données propres à la prise de décision, en temps réel dans les réunions de comités de direction. Ce champ a été occupé, au fil des années, par des acteurs comme Business Objects (plus tard racheté par SAP) et Information Builders, mais le décisionnel s’est semble-t-il déplacé sévèrement et a succombé à la mode des médias sociaux. Certes, mais le Big Data ne se limite pas à ça comme le montre ce visuel issu de l’étude IDC /EMC (voir image ci-dessus).

700% de croissance dans les 7 ans à venir, pour les applications sur le Cloud

Le Big data et le cloud ne vont pas l’un sans l’autre” a rappelé Sébastien Schreiber de Brainsonic, animateur de la conférence Information Builders à Paris. Dans l’enquête digital universe, IDC insiste que seules 1% des données sont analysées pour prendre des décisions” a ajouté M. Verger d’EMC. Il a décrit ensuite 2 tendances majeures du cloud et du big data, et une initiative originale lancée par EMC pour s’attaquer à ce marché :

  1. Autant, autant le Big data est en prise sur les métiers, autant le cloud est sa contrepartie naturelle informatique. Il en résulte que celui-ci nécessite de nouveaux moyens de stockage (notamment des équipements de « scale-out » qui permettent de tirer la capacité vers le haut dynamiquement) ;
  2. Selon M. Verger, il est également questions dans ce contexte de bases de données massivement parallèles qui permettent d’assurer un engagement de bout en bout qui se rapproche de ce qui se passe dans le calcul scientifique ;
  3. Enfin, l’initiative “Pivotal” annoncée le 13 mars par EMC. Le gisement de croissance vient des applications qui vont utiliser ces données du big data, dont la croissance est de 70% par an selon IDC. Quant aux nouvelles applications qui ont été conçues pour tourner sur le Cloud et traiter des données structurées et non structurées, la croissance pour les 7 ans à venir est de 700%, soit 10 fois plus. C’est pour cela qu’EMC a créé l’initiative Pivotal, qui reste une société indépendante du groupe, dotée par lui de tout l’outillage nécessaire, et en prime 400m$ de financement. Les objectifs de Pivotal pour 2013 sont de 300m$ de CA et 1M$ en 2017 (elle sera ensuite mise sur le marché dès qu’elle aura atteint cet objectif selon le représentant d’EMC).

Les objectifs de Pivotal (source : EMC)
Cette réflexion trouve même écho au plus haut de l'État américain avec la liaison entre big data, open data et cloud computing, où il apparaît de plus en plus clairement que ces éléments sont liés. Le sentiment très net que nous sommes arrivés à un point de bascule (« tipping point ») est partagé par tous, témoin cet article récent paru dans la revue Forbes.

Car il n'y a pas que les domaines commerciaux et marketing à être frappés de cette nouvelle baguette magique : les nouveaux domaines liés à l'open data, outre le domaine commercial, sont non seulement celui des organismes gouvernementaux, mais aussi, ne les oublions pas, les domaines scientifiques, qui sont en première ligne. Témoin ce jolie prix emporté par l'Observatoire de Paris et relaté par le JDNet le 8 avril 2013. Si le point de bascule vient donc d'être franchi, préparez-vous à une nouvelle révolution marketing par l'informatique.

Yann Gourvennec

Je suis spécialiste en systèmes d'information, marketing de la highTech et Web marketing. Je suis auteur et contributeur de nombreux ouvrages et Directeur Général de Visionary Marketing. A ce titre,  je contribue régulièrement sur ce blog pour le compte d'Orange Business sur les sujets du cloud computing et du stockage dans le cloud.